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Pour l’auteur de «Je hais l’amour», il s’agit d’une «excursion littéraire» réalisée par les mots dans une parfaite complicité «collégiale». Une œuvre orchestrée par Taha Adnan qui collecta les écrits d’une armada d’écrivains et poètes marocains (résidents ou passagers en Belgique) et qui ont vécu l’expérience d’approcher et de raconter Bruxelles. Ont pris part à cette odyssée romanesque, des créateurs connus tels que Mohammed Berrada, Abdellatif Laâbi, Mohammed Bennis, Fouad Laroui, Abdelkader Benali, Abdellah Taïa, Abdallah Zrika, Mohamed Hmoudane, Yassin Adnan et bien d’autres noms plus au moins éminents.
Plus qu’une anthologie, «Bruxelles, la marocaine» est une reconstruction collective littéraire d’une ville millénaire. Ses sites, monuments et espaces culturels devenus emblématiques au fil du temps et de l’écriture, demeurent une matière première riche en éléments d’inspiration. Ecrire une ville ne relève que très peu de la compétence d’un historien. Seul un poète ou un écrivain, rongé par le «mal» de la ville dans sa connotation de morosité ou de joie, est capable de narrer ces passions invisibles qui criblent les murailles d’un château, embaument le plancher d’un théâtre ou rend luisante la terrasse d’un café. Tels ces conquérants avides de laisser une empreinte et marquer à coup de mots les lieux de passage, les auteurs de «Bruxelles, la marocaine» dressent dans des textes, leurs pierres mégalithiques, qu’ils bâtissent dans différentes formes géométriques, en guise d’originalité. De par leurs écrits, dans «une littérature marocaine transgéographique», ils rendirent un vibrant hommage à une ville européenne, réputée pour être une terre d’amour et de tolérance.
Comme toute écriture, cet ouvrage est né d’un désir, celui de réunir l’expérience de vie commune mais distincte et multiple, marquée par et pour une ville à part. L’idée a fleuri puis mûri dans l’esprit de Taha Adnan qui affirme que son collectif «traduit un fervent désir personnel de réaliser une œuvre collégiale consacrée à Bruxelles»; un rêve qui le «hantait» depuis des années. L’idée d’observer une constellation d’auteurs graviter autour d’un même centre d’intérêt semblait saisissante, d’autant plus que ces auteurs ont écrit leurs réflexions pour imprimer un passage éphémère ou de longue durée, et où chacun raconte, depuis une optique originale, «sa» propre Bruxelles. Cette ville, berceau des arts contemporains, qui couvait depuis des lustres un véritable brassage culturel, linguistique et religieux. Elle est par prédilection la terre d’accueil, pour les artistes et hommes de lettres immigrés, venus des quatre coins du monde, en quête d’une lumière fugace ou ayant inhumé un rêve meurtri dans l’attente de Godot. Taha Adnan, un poète marocain qui, du haut de sa marocanité, ne renonçant guère à sa belgitude, en connaît l’épreuve. Comme s’il avait hérité d’un legs ancestral, transcrit dans un papyrus et ne devant point faillir au devoir de respecter à la lettre un inestimable testament celui de marcher sur les traces des grands. Bruxelles a charmé plus d’un écrivain, séduit plus d’un chanteur troubadour. Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Victor Hugo et autres grands de la plume ont vécu l’expérience d’aimer ou de haïr Bruxelles. Car cette ville ne laisse personne indifférent.