Bruxelles inquiète des tendances antipluralistes de la Hongrie d'Orban


Jeudi 13 Avril 2017

Bruxelles inquiète des tendances antipluralistes de la Hongrie d'Orban
La Commission européenne  devait se pencher hier  sur les "tendances très inquiétantes" à l'œuvre selon elle en Hongrie, de la détention systématique de migrants à la loi sur les universités, mais sa marge d'action est limitée.
Au cours de leur réunion hebdomadaire, les 28 commissaires de l'exécutif européen devaient discuter d'une récente série de réformes ayant jeté un nouveau froid entre Bruxelles et le Premier ministre souverainiste hongrois Victor Orban.
Au menu de cette "discussion" sur des "tendances très inquiétantes" constatées dans le pays, selon la commissaire européenne à la Justice Vera Jourova, la récente loi autorisant la détention systématique des migrants, mais aussi la loi controversée considérée comme dirigée contre l'Université d'Europe centrale (CEU), adoptée lundi soir.
Et les griefs de Bruxelles ne s'arrêtent pas là. Le collège des commissaires européens devait examiner aussi un projet obligeant les ONG à déclarer tout financement "de l'étranger" de plus de 23.000 euros annuel, faute de quoi elles pourront être interdites, et le questionnaire intitulé "Stop Bruxelles" envoyé début avril à chaque foyer hongrois.
Cette "consultation" visant à sonder les Hongrois sur la manière de s'opposer aux institutions européennes, notamment en matière de politiques migratoires, a été vertement critiquée par Jean-Claude Juncker.
"Cette façon de dire du mal de Bruxelles (...) dit plus sur l'auteur du questionnaire que sur l'état de l'Union européenne", a estimé le président de la Commission.
Ce n'est pas la première prise de bec avec Viktor Orban, que M. Juncker, connu pour son franc-parler, avait accueilli à un sommet européen d'un "Salut, dictateur" en 2015.
L'attitude de Budapest, qui a érigé une barrière à sa frontière avec la Serbie en pleine crise migratoire et refuse catégoriquement de participer aux mesures de solidarité européennes en matière de répartition des demandeurs d'asile, a déjà fait grincer des dents l'UE.
Mardi, l'Allemagne a fait savoir qu'elle ne renverrait plus de demandeurs d'asile vers la Hongrie tant qu'ils seront regroupés dans des camps fermés à la frontière serbe comme le prévoit une loi adoptée fin mars par Budapest.
En 2014, un projet de taxe sur les téléchargements internet, jugé liberticide, lui aussi critiqué par la Commission européenne, avait finalement été abandonné par M. Orban.
Ce projet avait provoqué des manifestations sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 2010.
Comme dimanche, lorsque 60.000 à 80.000 personnes sont descendues dans les rues de Budapest pour protester contre la réforme de l'université qui semble taillée sur mesure pour la CEU financée par le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros, devenu la bête noire du Premier ministre hongrois. Les opposants devaient manifester à nouveau ce mercredi.
"Ma crainte c'est qu'il y ait en Hongrie des efforts pour influencer et diminuer le pouvoir de la société civile, et donc du pluralisme politique", a souligné Mme Jourova lundi devant la presse.
"C'est bien que les gens soient visibles et se fassent entendre à propos de ce qui se passe", a-t-elle ajouté, saluant les "courageux" manifestants.
Même les alliés politiques de M. Orban au sein du Parti populaire européen (PPE, droite, majoritaire au Parlement européen), se sont crispés.
"Il est essentiel que la liberté et l'autonomie académiques soient respectées en Hongrie pour garantir l'ouverture et la pluralité des points de vue dans nos sociétés", a commenté sur Twitter le président du PPE, Joseph Daul.
Mais les marges de manoeuvre pour amener le dirigeant hongrois à infléchir sa politique sont étroites, comme le montre l'impasse dans laquelle se trouve la procédure engagée par Bruxelles contre la Pologne après sa réforme du Tribunal constitutionnel, jugée contraire à la nécessaire séparation des pouvoirs.
Cette procédure peut aboutir à une sanction inédite, à savoir la suspension du droit de vote de la Pologne dans les réunions des 28 Etats membres de l'UE.
Lassée du dialogue de sourds avec Varsovie, la Commission en appelle désormais aux autres capitales européennes pour qu'elles prennent position dans ce bras de fer.


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