A Bouarfa, non loin des frontières maroco-algériennes, trois diplômés chômeurs ont tenté de s’immoler, en guise de protestation, contre leur situation sociale. Le cas Bouazizi, symbole de la révolution tunisienne, fait toujours école parmi les jeunes de la région. L’un d’eux est dans un état grave et se trouve actuellement à l’hôpital Al Farabi d’Oujda, un deuxième a été gardé à l’hôpital Hassan II de Bouarfa et un troisième a été sauvé in extremis par des manifestants. Le contexte : une grande manifestation sillonnait les ruelles de cette petite ville de l’Oriental, à l’appel des syndicats, associations et partis politiques. Les manifestants se dirigeaient vers le siège de la province pour réclamer la mise en œuvre de promesses non tenues par le gouverneur. En ligne de mire, les secteurs de la santé, l’enseignement et l’emploi. Les deux premiers connaissent de grands dysfonctionnements en l’absence d’effectif, notamment des médecins spécialisés, et des conditions minimales de travail pour les enseignants. Face aux protestataires, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à recourir à la violence, ce qui a provoqué des affrontements dans divers quartiers de la ville (Chmitt, Touba Loued). Les forces de l’ordre ont violé l’enceinte d’établissements scolaires, tel le collègue d’Al Fath. On ne déplore aucune arrestation, mais l’intervention musclée a fait beaucoup de victimes : 40 blessés selon des sources associatives, relayant le bilan du service sanitaire. Des observateurs ont constaté que cette intervention s’est déroulée dans le non-respect des normes élémentaires de la loi en vigueur, notamment la sommation. Selon des témoignages de sources concordantes, les responsables sécuritaires de la ville ont également procédé à l’intimidation et à la menace de citoyens alors qu’ils recevaient des soins à l’intérieur de l’hôpital Hassan II.
Les protestataires témoignent aussi du recours des forces de l’ordre aux insultes. Des éléments du CMI et des forces auxiliaires ont été ramenés de la ville d’Oujda et des villes avoisinantes. «Apparemment, l’on entend ainsi suivre la voie de la violence, au lieu de dialoguer avec les manifestants», fait remarquer un syndicaliste de la région.