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En effet, pour faire plier Paris sur les nombreux points de désaccords marquant les relations entre les deux pays, la junte algérienne n’a pas hésité à prendre en otage Boualem Sansal depuis novembre dernier et à organiser une parodie de procès contre cet écrivain âgé de 80 ans et qui souffre d’un cancer.
Les autorités algériennes ont poussé le bouchon plus loin quand le parquet du tribunal de Dar El Beida près d'Alger a requis, jeudi 20 mars, dix ans de réclusion à l'encontre de l'écrivain franco-algérien, accusé d’«atteinte à l'intégrité territoriale de l'Algérie, d’outrage à corps constitué, de pratiques de nature à nuire à l'économie nationale et de détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays».
C’est ni plus ni moins « une condamnation à mort», s’exclament plusieurs personnalités politiques françaises.
"Compte tenu de l'âge et de l'état de santé de Boualem Sansal, ce réquisitoire équivaut à une condamnation à mort", a déploré David Lisnard, le maire LR (droite) de Cannes (sud-est).
"La vie d'un homme est en jeu", a déclaré Eric Ciotti, le patron des députés UDR, allié du Rassemblement national (extrême droite).
"Obtenir sa libération est un devoir moral. Il y a urgence", a pour sa part souligné l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, a de son côté dénoncé "un réquisitoire inhumain".
"10 ans de prison contre lui, c'est la peine de mort", a estimé François-Xavier Bellamy, vice-président exécutif des Républicains, tandis que l’écrivain Jean-Christophe Rufin a déclaré : « Si Boualem Sansal, prend dix ans, c’est le condamner à mort», appelant la gauche et les associations des droits humains à défendre son ami, Boualem Sansal qui connaîtra son verdict dans une semaine.
«Ces réquisitions sont celles d’un parquet qui n’est pas indépendant », a par ailleurs dénoncé son avocat français, François Zimeray, sur BFMTV. D’après lui, « les parquets en Algérie ne sont pas indépendants. C’est la voix du gouvernement qui s’exprime à travers les réquisitions. C’est le procureur, en tant que porte-voix du gouvernement algérien, qui a demandé 10 ans de prison contre Boualem Sansal».
Et dans un communiqué reçu par l'AFP, son avocat a également dénoncé "un procès fantôme tenu dans le plus grand secret, sans défense, incompatible avec l'idée même de justice", rappelant avoir saisi "les organes compétents du Haut-Commissariat des droits de l'Homme de l'ONU d'une plainte contre l'Algérie" pour détention arbitraire. Une démarche qu'il avait annoncée à la mi-mars assurant que Boualem Sansal n'avait pas un accès normal à des avocats ni à des soins médicaux.
« L’arrestation et l’emprisonnement, en novembre 2024, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal disaient déjà beaucoup des dérives autoritaires d’un Etat tout sauf démocratique. Le simulacre de tribunal (sans son avocat) et les dix ans de prison requis jeudi (une peine aussi farfelue que le chef d’accusation) contre un intellectuel de 80 ans atteint d’un cancer et dont le seul tort est d’avoir exercé son esprit critique, relèvent de cette même inacceptable brutalité », s’est indigné Olivier Baccuzat, dans un éditorial du quotidien français L’Opinion, dénonçant une justice à la solde de la junte militaire algérienne. «Personne n’est dupe : via sa justice fantoche, Alger fait de la politique, à sa manière, et répond du tac au tac à la riposte «graduée» de Paris », a-t-il martelé.
D’un ton plutôt pondéré, le président français, Emmanuel Macron, a déclaré jeudi soir souhaiter "une issue rapide" pour que l'écrivain franco-algérien puisse "retrouver sa liberté", après l’annonce de ces réquisitions.
"Ce qui s'est passé est très grave", "mais j'ai confiance dans le président (algérien Abdelmadjid) Tebboune et sa clairvoyance pour savoir que tout cela n'est pas sérieux et qu'on a affaire à un grand écrivain, qui plus est malade", a déclaré le chef de l'Etat français devant la presse à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.
Interrogé sur une éventuelle discussion avec son homologue, il a répondu que "plusieurs messages" avaient "été échangés".
"Notre souhait, c'est que Boualem Sansal puisse être soigné, libéré et aller là où il veut aller. Et donc, s'il souhaite quitter l'Algérie, la quitter", a ajouté Emmanuel Macron.
Et de conclure : "Je souhaite qu'on puisse trouver une issue rapide à cette situation, qui est une situation humaine, humanitaire et de dignité. C'est très important aussi pour l'Algérie".
Les relations entre la France et l'Algérie se sont détériorées depuis la reconnaissance, en juillet 2024, par le président français, Emmanuel Macron, de la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud.
Les deux pays sont au bord de la rupture surtout après que les autorités algériennes ont refusé, lundi dernier, de reprendre une soixantaine de leurs ressortissants sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (LR), a promis "une riposte graduée" pour tenter de faire plier les autorités algériennes.
"Il est temps d'agir fermement. La riposte algérienne, elle, n'est pas graduée", a réagi Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR.
"La «riposte graduée» de Bruno Retailleau fait si peur à l'Algérie que celle-ci veut condamner Boualem Sansal à dix ans de cachot... (..) L'honneur de la France est en jeu. Il faut agir!", a ajouté Eric Ciotti.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (MoDem, centre) a, pour sa part, affirmé sur TF1 "poursuivre les efforts" pour obtenir la libération de l'écrivain, se disant également "préoccupé" par sa santé.
Elias Rayane