Berlin menace de passer par un vote de l'UE à la majorité pour la répartition des migrants

La Hongrie se clôture hermétiquement et la Pologne renforce le front du refus


Samedi 19 Septembre 2015

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a agité la menace d'un "vote à la majorité" pour imposer aux pays de l'UE récalcitrants une répartition des réfugiés, dans une interview publiée vendredi.
"Il n'est pas possible que l'Allemagne, l'Autriche, la Suède et l'Italie portent seuls la charge" d'accueillir l'afflux de migrants qui arrivent en Europe, a estimé Steinmeier dans un entretien au journal allemand Passauer Neue Presse.
Plusieurs pays de l'UE, comme la Hongrie, la Pologne, la République tchèque ou la Slovaquie, rejettent catégoriquement l'hypothèse d'une répartition contraignante des migrants par quotas.
"Et si ce n'est pas possible autrement, alors nous devrons envisager la possibilité de recourir à un vote à la majorité qualifiée" des pays de l'UE, a ajouté le chef de la diplomatie allemande, qui devait se rendre vendredi en Turquie pour évoquer la crise migratoire.
Prévu dans ce domaine par les traités européens, le vote à la majorité qualifiée exige que 55% des Etats de l'UE représentant au moins 65% de sa population votent cette mesure, qui s'imposerait alors à l'ensemble des 28 pays de l'UE.
Une réunion des ministres européens de l'Intérieur des 28 pays de l'UE est prévue le 22 septembre à Bruxelles, avant un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE le lendemain pour tenter de sortir de l'impasse sur le sujet.
"L'Allemagne aide - mais qui aide l'Allemagne?", s'est interrogé de son côté le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel dans le quotidien populaire Bild, alors que le pays s'attend à accueillir de 800.000 à 1 million de migrants et réfugiés en 2015, contre environ 200.000 l'an dernier.
A l’opposé, avec son discours dur contre l'accueil de migrants, le leader conservateur d'opposition polonais, Jaroslaw Kaczynski, a donné un nouvel élan au "front du refus" est-européen, rejoignant le Premier ministre hongrois, Victor Orban, et ses homologues slovaque et tchèque.
Ce front devrait se renforcer si le parti populiste Droit et Justice (PIS) de M. Kaczynski remporte les législatives du 25 octobre et arrive au pouvoir, comme le prédisent les sondages. "Surtout s'il arrive à gouverner seul", estime Stanislaw Mocek, politologue à l'Académie polonaise des sciences.
La Pologne, un pays de 38 millions d'habitants - soit bien plus que les trois autres pays réunis -, a jusqu'à présent donné son accord pour accueillir 2.000 réfugiés et selon la demande du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, devrait en accueillir 9.287 de plus. Le gouvernement centriste continue à négocier ce chiffre et pose des conditions pour donner son accord qui risque de le desservir sur le plan électoral.
L'UE se déchire sur la proposition de relocaliser 120.000 réfugiés, assortie par la Commission de quotas contraignants de répartition.
La Hongrie, pourtant présentée comme bénéficiaire de ce plan, refuse d'y participer, de même que la Slovaquie et la République tchèque. Varsovie a exprimé des réticences, tout en proclamant son engagement à faire preuve de solidarité européenne.
     La Hongrie a commencé à poser une clôture de barbelés à sa frontière avec la Croatie pour se protéger des migrants voulant rejoindre l'Europe de l'Ouest, a annoncé vendredi le Premier ministre hongrois, Viktor Orban.
"Les travaux ont commencé pour construire la fermeture matérielle de la frontière. Il semble que nous ne puissions nous reposer sur personne”, a-t-il déclaré dans un entretien à la radio publique après l'afflux de milliers de migrants en Croatie voisine depuis jeudi.
"La route des Balkans de l'ouest existe toujours. Le fait que la frontière serbo-hongroise soit désormais close n'a pas stoppé les nouvelles arrivées", a indiqué le chef de gouvernement conservateur.


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