Benoît Hamon, champion des socialistes français à la présidentielle

Le candidat du PS exprime sa volonté de "rassembler la gauche et les écologistes"


Mardi 31 Janvier 2017

Défenseur d'une "gauche totale", Benoît Hamon est devenu dimanche le champion socialiste pour la présidentielle en France en battant sans appel l'ex-Premier ministre Manuel Valls, dans une campagne pleine de rebondissements qui a vu cette semaine le candidat de la droite, François Fillon, s'engluer dans un scandale.
"Ce soir, la gauche relève la tête, elle se tourne vers le futur et elle veut gagner", a lancé Benoît Hamon, 49 ans, à l'annonce de sa victoire. Jusque là considéré comme un poids plume de la politique française, il l'a emporté avec 58,87 % des voix contre 41,13% à Manuel Valls, selon des résultats quasi-définitifs.
Son premier geste a été de tendre la main aux Verts et à l'extrême gauche pour "construire une majorité cohérente et durable" face à ses adversaires déclarés, "l'extrême droite destructrice" menée par Marine Le Pen et la "droite conservatrice" incarnée par François Fillon.
"Nous refusons que, sur fond de montée des populismes, (...) le visage de Marine Le Pen soit celui de la France", a martelé son rival à la primaire Manuel Valls, qui a déjà jugé "possible" la victoire en France d'une extrême droite galvanisée par l'accession de Donald Trump à la Maison Blanche.
Longtemps donnée au coude à coude avec le conservateur François Fillon, Marine Le Pen semble creuser l'avantage, selon un sondage publié dimanche. François Fillon, lui, est désormais talonné par l'étoile montante de la campagne, l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Fragilisé par des soupçons d'emplois fictifs visant son épouse, l'ex-premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012) a contre-attaqué dimanche en réunissant des milliers de partisans à Paris.
"Je n'ai peur de rien, j'ai le cuir solide" et "on ne m'intimidera pas", a lancé François Fillon sous les ovations. Il a plusieurs fois dénoncé les "intimidations", mais sans fournir d'explication concrète sur les 500.000 euros touchés par son épouse, qui s'était toujours présentée comme une femme au foyer, en tant qu'"assistante parlementaire" puis salariée d'une revue littéraire appartenant à un de ses amis.
A moins de trois mois de l'élection présidentielle, l'affaire a entamé l'image d'un candidat qui a fait campagne sur sa probité, malgré ses démentis vigoureux et ses promesses de fournir tous les justificatifs à la justice, qui a ouvert une enquête.
Une pétition lancée sur Internet, "Mme Fillon rendez-nous ces 500.000 euros" a récolté plus de 190.000 signatures en quatre jours.
L'inquiétude de son camp est d'autant plus forte que cette campagne a déjà été marquée par plusieurs rebondissements, révélateurs de l'envie de changement des Français.
Avant l'éviction de Manuel Valls, c'est l'ex-président Nicolas Sarkozy qui s'était vu sèchement éliminé à la primaire de la droite. Le renoncement inattendu du très impopulaire président socialiste François Hollande a aussi changé la donne.
A gauche, les promesses de justice sociale et de "futur désirable" de Benoît Hamon ont davantage séduit que l'expérience du pouvoir et l'autorité de Manuel Valls, malgré un contexte international difficile et la menace jihadiste en France.
"On a toujours besoin de rêves et d'un projet qui tienne la route", a estimé Annick Descamps, une architecte parisienne de 60 ans, qui a voté Hamon.
La vision innovante de ce dernier sur la transition écologique, la révolution numérique et sa proposition phare d'un revenu universel de 750 euros à terme ont convaincu son camp.
Mais Benoît Hamon n'est pas au bout de ses peines. Pour se hisser au second tour, la gauche - écartelée entre plusieurs candidats aux antipodes - va devoir se rassembler.
A peine élu, le nouveau champion socialiste a souligné sa volonté de "rassembler la gauche et les écologistes" en s'adressant notamment au candidat vert Yannick Jadot ainsi qu'au tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon.
Ce dernier n'a pas fermé la porte en se disant dimanche satisfait des "paroles si proches des nôtres" du candidat socialiste.
Le dialogue s'annonce plus délicat avec Emmanuel Macron, ex-ministre de gauche repositionné au centre, qui a fait salle comble ces dernières semaines et engrange les ralliements.
Signe de l'inquiétude qu'il suscite, celui qui se présente comme un candidat "hors système" a été particulièrement ciblé lors du grand meeting de la droite organisé dimanche.


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