Benkirane supervise les prochaines élections mais dénonce le ministère de l’Intérieur


Narjis Rerhaye
Lundi 8 Septembre 2014

Benkirane supervise les prochaines élections mais dénonce le ministère de l’Intérieur
Les partis de la majorité sont déjà en désordre de bataille… électorale. Les échéances communales et régionales de 2015 s’invitent désormais à toutes les réunions des formations composant la coalition gouvernementale. Les lois électorales ainsi qu’une nouvelle Charte communale sont en préparation et ont fait l’objet d’un premier échange entre le ministère de l’Intérieur et les politiques. Un avant-projet de loi leur a été remis et il est au cœur de la rentrée politique.
« Une rentrée politique qui se fait sous le signe de la schizophrénie de la majorité ! En matière de débat électoral,  le PJD, le parti majoritaire qui conduit  la coalition au pouvoir, se comporte comme s’il était encore à l’opposition », s’exclame ce député de l’Union socialiste des forces populaires. 
Un communiqué du secrétariat général du parti de la Lampe donne en effet toute la mesure de l’ambiguité des islamistes au pouvoir. C’est au terme d’une réunion de l’instance exécutive tenue  le jeudi 4 septembre que le PJD a rendu public un communiqué pour dénoncer des agents d’autorité faisant preuve de «domination» et de «corruption» et agissant contre la formation politique présidée par le chef du gouvernement. Pour le bureau politique islamiste, il n’y a pas de doute,  ces «parties» agissent bien entendu dans la perspective du prochain rendez-vous électoral. «Le PJD dénonce ce genre de comportement malsain qui porte gravement préjudice au rayonnement du modèle du Maroc" en matière de stabilité et de progrès économique», indique le communiqué en question.
«On croit rêver. Le PJD dénonce des pratiques dont se seraient rendus coupables des agents d’autorité. Ces derniers sont placés sous la tutelle du ministre de l’Intérieur. M. Benkirane, le leader des islamistes, est le chef du gouvernement. Il est aussi le patron du ministre de l’Intérieur. Il aurait pu le saisir directement, lui demander officiellement des explications sur ces comportements que sa famille politico-religieuse dénonce et faire l’économie d’un communiqué  aussi démagogique que populiste. La démarche du communiqué indigné est d’autant plus pernicieuse que le PJD se félicite dans le même temps que ces élections, qui constituent une priorité pour le PJD, se déroulent sous la supervision de la présidence du gouvernement. Quel message les islamistes aux commandes du pouvoir veulent-ils transmettre? Et pour quelle raison adoptent-ils encore une fois la posture du martyr?», s’interroge ce ténor du Parti authenticité et modernité. 
 
Les faucons du PJD 
montent au filet
Le parti d’Abdelilah Benkirane a fait du scrutin communal sa priorité pour 2015. Les ouailles du chef du gouvernement le répètent à l’envi et sur tous les tons. Y compris celui menaçant. Des faucons du PJD, en mission commandée, montent au filet pour dire haut et fort leur crainte d’une "manipulation du processus électoral à travers le trio PAM, notables et agents d’autorité”. La menace d’un retrait du gouvernement en cas de non crédibilité de l’organisation du prochain rendez-vous électoral est agitée en chiffon rouge. Certains sont allés jusqu’à réclamer la présence d’observateurs internationaux pour des élections supervisées par leur propre leader ! Indignation tactique? Stratégie d’un parti qui a goûté aux dorures du pouvoir mais qui entend caresser dans le sens du poil l’opinion publique électorale?  En fait, le PJD veut des textes électoraux sur mesure lui  assurant une victoire confortable. Et pour cela, ses faucons sont prêts à tout y compris à crier au loup, à tenir un double langage et à se comporter comme un parti de l’opposition, histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier gouvernemental et électoral”, ajoute notre interlocuteur.
 
Les divergences électorales 
de la majorité
Les partis de la majorité présenteront-ils une version commune des textes régissant les élections communales de 2015 ? Parleront-ils le même langage pour aller à la victoire ? Seront-ils dans le même ordre de bataille ? Pas sûr. Pour l’heure, chacun des quatre partis formant la majorité fait cavalier seul. Devant la jeunesse de son parti réunie en université d’été, le leader du PPS et ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville a sonné le tocsin de la mobilisation.  Nabil Benabdallah a livré la position de ce parti de gauche ayant fait alliance avec les islamistes. Les anciens communistes sont en effet en faveur du mode de scrutin de liste véritable.  Le PPS en appelle même à un mode de scrutin de  liste proportionnelle,   alternée entre femmes et hommes et intégrant les jeunes pour favoriser le renouvellement de l’élite et lutter contre la corruption électorale. Un nouveau découpage électoral avec un nombre suffisamment important de circonscriptions pour permettre une bataille électorale fait partie des doléances de la formation politique aux destinées de laquelle préside Benabdallah.
Quant au Rassemblement national des indépendants, il réunit son bureau politique mercredi 10 septembre. Un seul point à l’ordre du jour, l’avant-projet de loi électorale. « Il y a des dilemmes entre attributions des élus et autorité de l’Etat. Au RNI, nous sommes en faveur du respect du citoyen. Pas question de laisser les communes paralysées pour des raisons politiciennes. Un président de commune qui perd sa majorité doit être renouvelé. Quant à l’omnipotence de l’Intérieur, c’est un faux débat. Il faut bien une autorité au nom de la bonne gouvernance des collectivités locales », explique ce membre influent du parti de la  colombe. Ce n’est pas exactement ce que pensent les islamistes du gouvernement. Dans les rangs de la majorité, les prochains débats s’annoncent houleux. La coalition gouvernementale résistera-t-elle à l’épreuve de la préparation et de l’organisation du scrutin communal? Les plus fidèles défenseurs de cet étrange alliage réunissant islamistes, anciens communistes, Harakis et défenseurs du capital se croisent les doigts mais n’en pensent pas moins.
 


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