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Selon des sources proches des négociations, l’annonce d’un Exécutif remanié n’aura pas lieu dans les prochains jours. «Pas avant une semaine et ce dans le meilleur des cas », croit savoir notre interlocuteur.
Le voyage Royal ne serait pas apparemment un deadline pour le chef du gouvernement en quête d’un remaniement sans y laisser trop de plumes. Jeudi 19 septembre, le Souverain doit en effet s’envoler pour le Mali où il doit assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keita.
A l’évidence, il y a blocage. PJD et RNI ne sont pas arrivés à s’entendre. Abdelilah Benkirane est face à un dilemme. Satisfaire les exigences du Rassemblement national des indépendants qui revendique un ministère plein, celui des Finances équivaudrait pour le chef du gouvernement de sacrifier l’un des siens –ici, El Azami Idrissi, le ministre délégué au Budget- et se mettre à dos son parti dont les militants continuent de brandir l’épouvantail des primes de Mezouar. Benkirane pourra-t-il valablement ménager le chou et la chèvre ? Joue-t-il la montre, le temps que les Bleus revoient leurs ambitions à la baisse ? Attend-il un signal ? Impossible de le savoir.Et la petite phrase lancée par Benkirane, jeudi soir à l’occasion de la présentation de la Charte de la réforme de la justice et selon laquelle «c’est le Roi qui nomme les ministres » peut être interprétée comme une manière de se dédouaner. Ce jour-là, le chef de gouvernement a bien confirmé aux journalistes sa rencontre avec le Monarque avec lequel il s’est entretenu sur la formation de la coalition gouvernementale. «La rencontre était aussi informelle qu’officieuse. Elle n’a d’ailleurs pas fait l’objet d’un communiqué du Cabinet Royal. Benkirane l’a, lui, médiatisée. En a-t-il reçu l’aval au préalable? Ou l’a-t-il fait pour se dédouaner dans un désormais classique ce n’est pas moi, c’est lui ? On a l’impression que le chef du gouvernement essaie d’envoyer un message. C’est en tout cas un message codé qui n’a pas fait taire les inquiétudes. Cela fait des mois que le pays est paralysé parce qu’il y a crise politique et gouvernementale », fait remarquer cet observateur de la chose politique.
Vous avez dit message codé ? Au pays de la symbolique, Benkirane continue de nourrir et d’entretenir la culture du signal fort…
De son côté, le président du parti de la Colombe n’échappe pas à la pression de sa famille politique. Pas question pour le RNI de quitter les travées de l’opposition pour jouer les roues de secours. La formation politique fondée par l’ancien Premier ministre Ahmed Osman veut intégrer la majorité gouvernementale avec un mandat clair : sortir le pays du marasme économique et ce à travers la détention par ce parti de portefeuilles à caractère économique.
Aujourd’hui, on en est là. Pas de nouveau gouvernement à l’horizon malgré des négociations marathon. Les alliés de Benkirane font montre d’impatience et surtout d’incompréhension. Le spectre d’une année blanche –la loi de Finances doit être déposée au Parlement au plus tard le 20 octobre- n’en finit pas de planer au-dessus des têtes des partenaires du parti majoritaire. «On ne s’explique pas tout ce retard. On ne comprend pas non plus pour quelles raisons les quatre leaders de la nouvelle majorité ne tiennent pas réunion pour essayer de débloquer la situation », se demande cette figure de la majorité tout en écartant d’un revers de la main l’éventualité d’un gouvernement d’union nationale, «un recul en termes de démocratie ».
Y aura-t-il déblocage? Des solutions sont-elles à l’étude? Une nouvelle architecture gouvernementale est-elle en préparation ? «En tout cas, il faut s’attendre à des surprises », conclut une source autorisée.