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parent pauvre des arts au Maroc. Aziz El Hakem ne baisse pas les bras, pour
autant. Il mène un combat dans une société qui ne voit encore dans le corps qu’un ensemble de tabous
à défendre ou à sacraliser.
Il a pris la décision
d’emprunter la voie
de la libération de ce corps du joug d’une vision
obsolète. Le Festival de la danse expressive est une grande preuve de ce combat. Entretien.
Libé : Qu’est-ce qui marque la septième édition ?
Aziz El Hakem : Cette année, nous pouvons être fiers de cette diversité remarquable au niveau de la participation, puisque nous avons des spectacles de France, d’Italie, d’Egypte, de Russie, de Tunisie et même du Pays de Galles ; ce pays que nous connaissons à peine, voilà que nous allons découvrir l’un de ses aspects culturels. Du Maroc, nous avons invité différentes troupes, mais particulièrement une de Laâyoune qui va nous gratifier d’un spectacle de la danse de la Guedra, et vous n’êtes pas sans savoir le rôle du corps dans cette danse et cette culture en général. Il y a ainsi cette tendance à consacrer la différence, mais aussi l’authenticité des différents horizons.
Avez-vous atteint vos objectifs ?
Notre rôle est de contribuer aux côtés de toutes les potentialités culturelles et artistiques de la ville à animer cette belle ville, et à apprendre les Beaux-Arts aux jeunes générations et au grand public. C’est une mission globale, et nous nous spécialisons, pour notre part, dans la diffusion et la promotion de cet art singulier, à savoir la danse expressive et l’art chorégraphique. Nous avons atteint nos objectifs en termes de brassage culturel, dans la mesure où les groupes présents viennent échanger leurs expériences et leurs cultures, ainsi que leurs modes d’expression corporelle.
Comment évaluez-vous les prestations artistiques de cette édition ?
Je pense que ce n’est pas à moi de faire une évaluation, la chose revient au public. Et vous pouvez constater qu’hier comme aujourd’hui, l’appréciation du public est jaugée généralement à l’aune des ovations. Lors de la cérémonie d’ouverture, on a assisté à un spectacle des plus magiques de l’artiste égyptien Abdallah Jasser, qui a gratifié le public d’une magnifique performance. Il y a eu beaucoup de mouvements corporel et chorégraphique. La danse «Tannoura » est inspirée des derviches turcs et de la danse soufie. Il nous a donné une autre image d’un pays où la danse est généralement liée à celle du ventre. Là, c’est un autre style, une autre manière de faire.
Nous avons également assisté à « Seven colors » qui ont présenté un autre style avec la représentation du quotidien dans son sens abstrait et presque absurde. La chorégraphie est cosignée par Camilia El Hakem et Hamid Al Asmar, un duo qui travaille sur un projet mariant expérimentation et retour au patrimoine.
Où en est la chorégraphie au Maroc?
Le langage du corps reste l’un des meilleurs moyens pour exprimer nos sentiments les plus profonds. Reste maintenant à convaincre les responsables. En quelque sorte, il y a un public qui veut être la page. La chorégraphie est un art abstrait, et le corps est plein de mystères et de secrets qu’on ne peut décrypter facilement. A travers les tables rondes et ateliers de formation, on essaie d’initier les générations à cet art sublime et symbolique. Ce sont des questions posées à l’échelle internationale, puisqu’en sortant des salles de spectacles chorégraphiques, les gens se posent pas mal de questions, relatives à la compréhension et l’interprétation des prestations.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Je ne comprends pas franchement l’attitude des sponsors. Je ne sais pas si les gens sont aveugles, Mais avec d’aussi bons spectacles qu’on ne voit que dans des chaînes spécialisées en Europe, on ne peut qu’être gâtés. Jusqu’ici, on est parrainé par la commune urbaine, le ministère de la Culture et la délégation régionale de ce département.
Vous êtes peut-être en avance sur votre époque ?
Peut-être que oui, car on n’est que deux ou trois festivals qui travaillent sur ce genre de thématique. Et on reste au stade des lamentations. Ce n’est sans doute pas bien à souligner, mais c’est malheureusement la réalité. Ce festival éveillera certainement la conscience des sponsors, car il donne une image de cette richesse culturelle dont jouit le pays. Nous avons une banque de données qui inventorie des centaines de danses au Maroc, ce qui n’est pas rien.