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Nous sommes dans un avenir lointain, aux environs de 2154, la terre est déjà vidée de sa substance et les terriens transposent leur rapport marchand vers d’autres planètes. Une voix-off nous apprend que nous allons assister à une expérience inédite à partir du point de vue de Jacques Sully. C’est un homme qui se déplace sur un fauteuil roulant ; on apprend qu’il s’agit d’un ancien Marines, blessé de guerre. Il a un CV guerrier éloquent, c’est pour cela qu’il a été choisi à bord de cette navette pour piloter un « avatar », incarner un corps sans âme ni conscience mais configuré à l’image des Na-Vi, la population de la planète Pandora, cible de cette expédition. Le schéma narratif va épouser les grandes articulations d’un récit linéaire ; la dramaturgie adoptée par James Cameron va se révéler très classique. Une séquence d’exposition qui met en place les éléments du drame ; la découverte du conflit ; la rencontre avec le mentor ; le parcours initiatique du héros ; les rebondissements dramatiques ; l’assaut ultime ; le duel final et le message moral du récit…le tout construit autour d’une figure centrale, le héros sauveteur…
Jacques va en effet être au début instrumentalisé comme un gadget scientifique (un avatar) pour pénétrer derrière les lignes ennemies pour l’amener à évacuer une zone qui contient une matière première stratégique. Il va prendre leur forme, parler leur langue et rendre ses rapports à l’état-major…Cela aurait donné lieu à une nouvelle version hi-tech d’un Rambo planétaire. James Cameron ne suit pas cette voie que Hollywood a déjà saturée ; Avatar, le film, est en fait un hymne à l’altérité : Jacques le guerrier, va changer au contact de l’autre. C’est un peu une variante du film de Kevin Costner Danse avec les loups où le héros va changer au contact des Indiens ; c’est un western dans la mégasphère. Un western avec des bons et des méchants mais avec une nouvelle distribution des rôles qui dépasse le manichéisme d’une idéologie réactionnaire qui a longtemps nourri les productions de l’imaginaire américain. Le méchant cette fois est un blanc et les bons ce sont des écologistes – le mot est prononcé dans le film- de l’espace. Jacques va non seulement changer au contact des Na-Vi – le sens étymologique du mot altérité : alterritas en latin veut dire changement ; mais il va adhérer à leur philosophie spirituelle qui se base sur une communication entre les éléments de la nature et se battre à leur tête pour repousser « ceux qui viennent du ciel ». En suivant ces épisodes, on a l’impression de suivre un retour sur images de la guerre d’Irak en 2003 : les débats entre les colombes et les faucons rappellent une triste époque de la diplomatie américaine et le film de James Cameron offre une nouvelle occasion d’épingler les néo-conservateurs et leur théorie de l’axe du mal !
Le film est ainsi un peu dans l’air des temps venant renforcer l’époque d’Obama. Mais le film n’est pas un manifeste politique, il est plutôt un manifeste technologique. On l’a vu, sa construction dramatique n’est pas son point fort ; celle-ci est même quelque part naïve et primitive…Non, le film est avant tout un prodige technique. L’auteur s’est concentré plus de dix ans pour réussir à mobilier les dernières possibilités qu’offrent les images de synthèse, la mise en scène informatique…En ce sens le succès est total.
Dans le rapport au cinéma, il y a des films qu’il faut culturellement avoir vu : Le voleur de bicyclette, Citizen Kane, A bout de souffle, Fenêtre sur court, Wechma, Le Moineau…et il y a des films qu’il faut socialement, par mondanité, avoir vu. Avatar en est le parfait exemple, un passionnant sujet pour épater votre voisine de salon…