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- Les interactions sociales sont perturbées en quantité et en qualité. Il existe un retrait social (retrait autistique) caractéristique du syndrome d’indifférence au monde.
- La communication verbale et non verbale est perturbée en quantité et en qualité.
- Les comportements sont restreints, répétitifs, ritualisés, stéréotypés.
De plus, les autistes présentent souvent des peurs, des troubles du sommeil ou de l’alimentation, des crises de colère et des comportements agressifs.
r Troubles du contact
et de la relation sociale
L’enfant autiste établit rarement le contact avec autrui. Son regard est vide ou transparent.
Lorsqu’il est sollicité, il ne semble pas voir les personnes qui l’entourent, les objets et se comporte comme si autrui n’existait pas. Il ne sait pas utiliser son regard pour attirer l’attention des autres. Il peut être agacé, irrité.
Les gestes lorsqu’ils existent, sont rarement utilisés dans un but social, de partage d’intérêt ou de demande d’aide. L’enfant pointe en direction de quelque chose qu’il désire mais ne cherche pas le regard de l’adulte pour faire participer celui-ci à la situation.
Il ne cherche pas le contact corporel mais il peut utiliser l’adulte comme objet pour parvenir à ses fins. Lui prendre la main pour saisir un objet par exemple. Les stimulations physiques, telles que le faire tourner, le faire sauter sur ses genoux peuvent permettre parfois d’obtenir un contact visuel ou des mimiques de plaisir mais qui sont le résultat des stimulations qu’un véritable contact avec l’adulte.
r Trouble
de la communication
Il touche le langage non verbal et la communication. Le langage expressif peut être absent.
Lorsqu’il existe, il apparaît tardivement et comporte des anomalies (écholalies, emploi du ‘’tu’’ pour le ‘’je’’).
La fonction symbolique du langage est affectée (ne comprend pas des mots abstraits).
La communication non verbale est également non affectée, l’enfant ne désigne pas du doigt, pas de mouvement de joie, il ne fait pas semblant.
r Stéréotypies
Il s’agit de gestes que l’enfant exécute de façon rythmique et répétée durant la journée. Cela semble lui procurer une intense satisfaction.
Il peut s’agir de balancement du tronc, de tapotage, de grattage, de mouvements de mains à type battement d’aile.
Chez l’enfant ayant acquis le langage, il peut s’agir de stéréotypies verbales.
r Besoin d’immuabilité
L’enfant a un besoin impérieux de se maintenir stable et inchangé de son environnement.
Des changements peuvent être la source de manifestations d’angoisse ou de rage.
r Aperçu historique
Au début du XIXème siècle, toute la pathologie mentale de l’enfant était considérée comme le résultat d’une déficience du développement de l’intelligence. En 1888, le psychiatre français Moreau de Tours écrit dans son ouvrage « La folie chez l’enfant » qu’il n’existait pas de psychose (folie) chez le petit enfant. Le retard mental seul avait le droit de citer dans les analyses de spécialistes.
Pourtant, des troubles comme la mélancolie, la démence, le délire étaient connus depuis l’antiquité. L’observation historique de Victor l’enfant sauvage de L’Aveyron retrouvé dans la forêt en 1800, recueilli par le docteur Jean-Marc Itard (1774-1838) de l’institution des sourds et muets de Paris avait attiré l’attention.
En 1911, le terme d’autisme est employé pour la première fois par le psychiatre suisse Eugène Bleuler (1857-1939) pour décrire chez les patients adultes atteints de schizophrénie l’évasion hors de la réalité et le retrait sur le monde intérieur.
La notion de schizophrénie infantile va être développée par les psychiatres Potter en 1933, Lutz en 1937 et Despert en 1938.
C’est en 1943, que le psychiatre américain Léo Kanner (1894-1981) emploie le terme d’autisme infantile et publie un article. Dans cet article, il décrit 11 cas d’enfants de 2 ans et demi à 8 ans qu’il a observés. Il cite cinq grands signes cliniques qui, selon lui, permettraient de reconnaître la psychose autistique.
- Début précoce des troubles (les deux premières années de vie) ;
- Isolement extrême ;
- Besoin d’immuabilité ;
- Stéréotypies gestuelles ;
- Troubles du langage ;
En 1944, le psychiatre autrichien Hans Asperger publie un article où il décrit quatre enfants dont il s’est occupé.
De nombreuses similitudes sont présentes avec les travaux de Kanner. Pourtant, les deux hommes ne se sont jamais rencontrés et leurs travaux n’ont pas été comparés à cette époque.
Cependant, Asperger note que ses patients présentaient un meilleur niveau intellectuel avec un autisme moins sévère.
Son écrit passera presque inaperçu et ne sera publié dans un livre qu’en 1989.
Dans un livre, publié en 1967 « La forteresse vide », Bruno Bettelheim écrit que la source de l’autisme est à la recherche de la relation mère-enfant.
Selon lui, le trouble autistique serait dû à l’hostilité de la mère et serait provoqué chez l’enfant par des craintes ou des carences maternelles.
Dans les années 90, on admet que le syndrome d’Asperger constitue une variante de l’autisme, des autistes de haut niveau intellectuel.
En génétique, les données épidémiologiques sont concordantes pour souligner l’importance de facteurs génétiques dans l’étiologie de l’autisme.
L’autisme est la maladie psychiatrique pour laquelle le déterminisme génétique est le plus élevé. Cependant, les résultats obtenus à ce jour montrent que la génétique de l’autisme est très complexe, qu’il s’agit vraisemblablement d’une maladie polygénique d’hérédité complexe.
r Aspect épidémiologique
En incluant l’ensemble des formes cliniques de l’autisme, la plupart des études épidémiologiques s’accordent sur un taux de prévalence compris entre 4 et 5,6 pour 10.000 s’agissant des sujets âgés de 0 à 19 ans.
Ce taux peut être transposé à la population adulte, en considérant que l’espérance de vie d’un sujet autiste n’est pas différente de celle de la population générale.
On peut ainsi considérer que 6.200 à 8.000 enfants et adolescents et 17.400 à 23.700 adultes présentent un syndrome d’autisme en France, soit en moyenne environ 7.000 enfants et 20.000 adultes.
Les troubles sont plus lourds chez les filles avec un autisme souvent invasif associé souvent à des troubles neurologiques et à des retards mentaux graves.
Cependant, ce chiffre peut varier en fonction des critères de diagnostic utilisés en fonction de la conception restreinte ou élargie de cette affection.
Au Maroc, on ne dispose pas encore de statistiques officielles sur la maladie, mais quelques estimations font état de près de 26.000 enfants autistes. Casablanca en concentre environ 4.000. L’absence de structures spécifiques pour le diagnostic, la prise en charge, l’éducation ou encore l’intégration des personnes autistes ne fait qu’aggraver la situation. L’autisme demeure encore mal connu par une grande frange de la population marocaine.
* CAP en psychiatrie -Enseignant
à l’ISFI Béni Mellal