La violence vient ternir l'image du gouvernement birman
Devant une foule de 5.000 personnes, Najib Razak a également dénoncé la passivité de la communauté internationale face aux drames des Rohingyas, après que des membres de cette minorité réfugiés au Bangladesh eurent fait état de viols en réunion, de tortures, de meurtres et de massacres.
"A quoi sert son prix Nobel à Aung San Suu Kyi?, s’est interrogé le chef du gouvernement malaisien.
"Nous disons à Aung San Suu Kyi que c'en est assez. Nous défendrons les musulmans et l'islam", a-t-il dit à ses partisans scandant "Allah Akbar".
"L'Organisation de la coopération islamique doit agir", a-t-il encore demandé.
"Faites quelque chose! Que l'ONU fasse quelque chose. La communauté internationale ne peut pas assister passivement à un génocide", a-t-il lancé.
Quelque 30.000 personnes ont été déplacées par les violences qui ont fait des dizaines de morts depuis octobre dans l'Etat de Rakhine où se concentrent les Rohingyas, selon l'ONU.
Cette minorité musulmane est perçue comme étrangère en Birmanie, bien que certains de ses membres y vivent depuis des générations. Leur citoyenneté n'est pas reconnue. Ils vivent marginalisés de la société, dans des conditions misérables. Une montée de nationalisme bouddhiste en Birmanie ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre.
Les récits d'agressions sexuelles sont légion parmi les femmes rohingyas qui ont réussi à franchir la frontière du Bangladesh pour échapper aux militaires birmans.
La Tatmadaw (nom de l'armée en birman) dément ces accusations mais empêche dans le même temps journalistes étrangers et humanitaires d'accéder aux zones concernées.
John McKissick, directeur du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dans la ville bangladaise frontalière de Cox's Bazar (sud), a estimé sur la BBC que les violences subies par les Rohingyas s'apparentaient à un "nettoyage ethnique", sur la base de témoignages de réfugiés.
Au moins une dizaine de milliers de musulmans rohingyas sont entrés au Bangladesh en un mois, a indiqué une responsable de l'ONU au sujet des membres de cette minorité fuyant une armée birmane accusée de massacres et de viols.
Des Rohingyas déferlent en flux continu sur la frontière du Bangladesh, où les patrouilles ont été renforcées pour essayer d'empêcher le passage de ces populations apportant des récits de meurtres, de viols en réunion et de tortures commis par les soldats birmans.
"D'après les remontées de différentes agences humanitaires, nous estimons le nombre d'arrivées (de Rohingyas au Bangladesh) à 10.000 ces dernières semaines", a déclaré Vivian Tan, porte-parole régionale du Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) dans un email à l'AFP.
Mais, a-t-elle prévenu, "la situation évolue rapidement et le nombre réel pourrait être bien plus élevé".
Le Bangladesh a déjà sur son sol près de 230.000 réfugiés rohingyas, legs de vagues de violences successives au cours des dernières décennies.
Cette vague de violences vient ternir l'image du gouvernement birman, dirigé de facto par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.