Le Parti démocratique des peuples (HDP) a annoncé que 291 de ses membres avaient été arrêtés. Il a également publié sur les réseaux sociaux des images de ses locaux, saccagés selon lui lors des raids de la matinée.
Le ministre de l'Intérieur a pour sa part annoncé l'arrestation de 235 personnes sans préciser le nombre exact de membres du HDP parmi eux. Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, et une dizaine de députés ont déjà été placés en détention début novembre dans le cadre des purges menées après la tentative de putsch de juillet.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan considère que le HDP est étroitement lié au PKK et qualifie régulièrement ses membres de "terroristes".
Les dernières arrestations surviennent après le double attentat qui a fait 44 morts, dont une majorité de policiers, samedi soir à Istanbul près du stade de l’équipe de football de Besiktas où un match venait d'être disputé. Un ressortissant français figure parmi les blessés, a annoncé lundi le ministère des Affaires étrangères de son pays.
L'attentat, l'un de plus meurtriers de ces dernières années dans la mégalopole turque, a été revendiqué par un groupe radical kurde lié au PKK, Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).
Erdogan s'est rendu lundi sur les lieux de l'attaque, ainsi qu'aux enterrements de certains policiers. En début de soirée, des milliers de supporteurs de Besiktas et des deux autres grands clubs de football stambouliotes, Galatasaray et Fenerbahce, ont défilé dans la ville en solidarité avec les victimes des attentats.
La municipalité de Besiktas a pour sa part décidé que le lieu de l'attentat s'appellerait désormais "la Colline des Martyrs".
Le secrétaire général de l'équipe de football de Besiktas a déclaré pour sa part que les revenus de la vente de billets du prochain match de son équipe mercredi seraient reversés aux familles des victimes.
Outre les arrestations, les représailles de la Turquie ont visé la rébellion kurde dans le nord de l'Irak où l'armée turque a annoncé avoir frappé "des membres d'une organisation terroriste séparatiste". Des éditorialistes ont critiqué, dans le journal Hurriyet, la politique du gouvernement qui semble, selon eux, mue par une volonté de vengeance sans stratégie claire susceptible de mettre fin aux attentats.
Le journal progouvernemental, Daily Sabah, a pour sa part dénoncé ce qu'il perçoit comme un manque d'action des Etats-Unis et de l'Union européenne contre le PKK et ses émanations, jugeant hypocrites leurs condamnations de l'attaque et leurs condoléances présentées au peuple turc. "Inutile de dire que tout le monde en Turquie a apprécié l'ironie de voir des Etats parrains du terrorisme pleurer la mort d'innocents tués par leurs caniches assoiffés de sang", a écrit le journal dans un éditorial au vitriol.
A l'instabilité sécuritaire, s'ajoute l'incertitude économique : le PIB turc a reculé de 1,8% au troisième trimestre, sur un an, une première depuis 2009, selon les chiffres officiels publiés lundi. La livre turque est tombée dans la foulée à 3,53 dollars contre 3,48 précédemment.