Les mandats d'arrêt ont été émis dans le cadre de l'enquête sur le mouvement du prédicateur musulman Fethullah Gülen, lequel vit en exil aux Etats-Unis depuis 1999 et qui est accusé d'avoir organisé le coup d'Etat manqué dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016 en Turquie, annonce l'agence de presse Anatolie.
Kemal Kilicdaroglu, qui dirige le parti laïque CHP (Parti républicain du peuple), a déclaré dimanche soir devant une foule immense à Istanbul que la Turquie vivait sous la dictature. Il a promis de poursuivre son mouvement de protestation commencé il y a plus d'un mois à Ankara.
La police a pour l'heure interpellé 42 personnes des universités de Bogazici et Medeniyet d'Istanbul, précise Anatolie.
Sur les 72 devant au total être arrêtés, 64 sont de Medeniyet et huit de Bogazici dont l'universitaire Koray Caliskan, qui a travaillé autrefois comme conseiller bénévole de Kemal Kilicdaroglu, selon un responsable du CHP.
Selon Anatolie, les 64 de Medeniyet sont tous utilisateurs de ByLock, un système de messagerie codé dont le gouvernement dit qu'il est utilisé par les partisans de Fethullah Gülen.
Dans le cadre de la répression qui a suivi la tentative de putsch de juillet 2016, 50.000 personnes ont été arrêtées et 150.000 professeurs, juges, militaires et autres membres de la fonction publique ont été suspendus de leurs fonctions.
La Turquie commémore cette semaine la tentative de coup d'Etat du 15 juillet dernier visant à renverser le président Recep Tayyip Erdogan, dont la vigoureuse riposte a bouleversé la situation politique, sociale et diplomatique du pays.
Depuis un an, le gouvernement mène une purge d'une ampleur inégalée dans l'histoire moderne du pays, traquant inlassablement les sympathisants présumés du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch manqué, ce que l'intéressé dément depuis les Etats-Unis où il vit en exil.
Loin d'être affaibli, M. Erdogan se dresse plus fort que jamais et ses détracteurs l'accusent de profiter de l'état d'urgence en vigueur depuis le coup de force pour asphyxier toute forme d'opposition.
Le putsch avorté a également eu des retombées importantes sur les relations diplomatiques de la Turquie, pays candidat à l'UE et membre de l'Otan, dont les relations avec l'Occident se sont fortement tendues depuis un an.
"L'impact du putsch manqué a été considérable", remarque Jean Marcou, chercheur associé à l'Institut français d'études anatoliennes, soulignant que le coup de force avait été suivi d'un "véritable reformatage de l'Etat" avec "des purges systématiques et radicales".
Des événements seront organisés à travers le pays dès mardi pour rendre hommage aux quelque 250 "martyrs" du putsch qui font aujourd'hui l'objet d'un véritable culte.