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Pourquoi « Rouge + Bleu : Mauve »? Naima Zitane, la réalisatrice de cette pièce singulière, a voulu à travers ce beau moment de création, lancer un tocsin d'alarme contre la violence, la violence exercée contre les femmes et plus précisément contre le corps en général. Un corps persécuté par l'esprit du masochiste, martyrisé par la mentalité sadique. La violence est ici exprimée par la couleur mauve, en tant que couleur fondamentale, même pour ces plaies, pour occulter la vision et pour la souffrance, tel le célèbre film « La couleur pourpre » de Steven Spielberg qui traite également de la violence contre les femmes et où la couleur pourpre se transforme en couleur mauve foncé. Un passage aussi de l'amour, la pudeur à la monotonie, la violence et la persécution.
Il s'agit également d'un parti pris en faveur de l'amour, cet amour habitant le cœur de cette femme dans son sens générique. Ici, Dalia, l'héroïne, rôle campé excellemment par la comédienne Jalila Atlamssi, n'est qu'un prototype de toute cette douceur, cette splendeur, cette magnificence féminine qui continuent d'illuminer l'entourage. Il s'agit de cet amour pour le père, le frère, l'amant, l'amante, le mari… C'est aussi un véritable appel à continuer à aimer, nonobstant la dureté du bien-aimé, comme cela fut conté par Dalia à Salwa qui partageait avec la elle la première, rôle interprété par la jeune comédienne Nouria Benbrahim.
Cet amour interpelle à plusieurs titres, la majorité des femmes musulmanes: accepteraient-elles cette situation de soumission à la violence injustifiée de la part de tout un environnement sinon par amour ? Les séquences débouchent sur une scène au hammam où naît une affinité entre Dalia et son corps violenté, choqué et secoué. Une symbiose avec des couleurs rouge, pourpre et bleue…Une situation paradoxale qui fait état à la fois d'un amour à son corps et d'une envie de le torturer, de le faire souffrir, et de le tourmenter…C'est une tradition, une fatalité humaine qui n'a fait que prévaloir la lâcheté, l’abandon des batailles pour des causes justes, la soumission aux diktats et la dislocation de l'identité individuelle au détriment d’une identité collective…
Le paradoxe et cet état de double face se sont manifestés dans les couleurs utilisées, mais aussi dans l'écriture du texte théâtral, dans toutes les autres composantes de la scénographie, œuvre de Badria Hassani ainsi que la lumière lucidement en faveur du sens grâce à Youssef Arqoubi. Bref, l'espace théâtral a été réparti en trois arènes : les deux premières en faveur de la narrativité et une troisième pour régler des comptes avec M. Parroua. Cet espace a été également, pour les besoins de la fluidité de la narrativité, minutieusement décoré permettant les délires et l'intimité jusqu'à l'extrême, d'où les manifestations des crimes: amour, sexe, violence, aveux, etc. Une pièce artistiquement réussie, mais aussi un message en faveur de tout être violenté.