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"Il y a une accélération nette de la production à partir de 2000, avec au moins autant de films produits que dans les années 70", période considérée jusqu'ici comme la plus faste d'un cinéma né dans les maquis de la guerre de décolonisation, constate Michel Serceau, membre d'Aflam, association pour la diffusion par l'image de la culture des pays de langue arabe.
A l'époque, la toute jeune nation socialiste investit beaucoup d'argent dans le cinéma mais dicte aussi ses règles. "J'ai eu plein de films censurés", raconte le réalisateur Farouk Beloufa, invité d'Aflam qui a présenté du 1er au 6 décembre une quarantaine de films algériens.
Le pays, qui compte alors plus de 400 salles de cinéma (contre une dizaine aujourd'hui), une cinémathèque réputée et une production de qualité à côté des figures imposées à ses salariés par le pouvoir, obtient la consécration en 1975, avec la Palme d'Or attribuée à Cannes à Mohamed Lakhdar-Hamina pour sa "Chronique des années de braises".
Mais la montée du terrorisme met à bas ce système bien rodé: les tournages deviennent quasi-impossibles, le réseau de distribution s'effondre, la production est privatisée sans transition, tandis que beaucoup de réalisateurs sont contraints à l'exil.
Aujourd'hui, une nouvelle génération de cinéastes a repris le flambeau, relève Solange Poulet, programmatrice d'Aflam, qui remarque aussi que les anciens rentrent tourner en Algérie, à l'instar d'un Merzak Allouache qui dit “avoir une espèce de préoccupation de ce qui se passe là-bas”.
"On voit également beaucoup de réalisateurs qui ont grandi en France aller filmer dans leur pays d'origine", explique Mme Poulet, citant notamment Rabah Ameur Zaïmeche, auteur d'un "Bled Number One" (2006) tourné dans la région d'origine de ses parents.
Les genres explorés se sont largement diversifiés. "On est passé d'un cinéma souvent historique et militant à des films qui se préoccupent davantage de la vie quotidienne des Algériens, de l'individu", explique M. Serceau.
L'ancien professeur de cinéma note aussi le développement des comédies, dont le récent "Mascarades" de Lyes Salem qui tourne en dérision les moeurs algériennes, et du documentaire, avec entre autres l'ambitieux "La Chine est encore loin" de Malek Bensmaïl, indice, selon lui, de la "maturité" de cette filmographie.
"On voit des films de recherche, plus artistiques, ce qui est un signe de liberté", poursuit-il, tandis que M. Beloufa salue "la créativité" de ses jeunes confrères.
Trois événements sont venus doper cette production ces dernières années: l'année de l'Algérie en France en 2003, Alger capitale arabe de la culture en 2007 et le Festival panafricain en 2009.
"Mais ce sont des décisions politiques ponctuelles pour réhabiliter l'image de l'Algérie", regrette Mounes Khammar, réalisateur et producteur, qui attend de l'Etat algérien une vraie politique en faveur du cinéma, et notamment de la formation dans un pays où il n'y a pas d'école de cinéma.
Faute d'un système d'avances sur recettes comme en France ou chez le voisin marocain, les réalisateurs sont souvent contraints de se tourner vers la France, l'Italie ou l'Union européenne pour boucler leurs budgets.
Le jeune homme se dit toutefois optimiste. "Tourner en Algérie est difficile mais faisable", affirme-t-il, soulignant que la vidéo l'a rendu à la portée de presque tous.