Le pacha de la ville de Tafraout est-il inamovible ? C'est la question qui préoccupe désormais tous les Tafraoutis et fait l'objet de palabres dans les estaminets et gargotes de la cité. Après avoir exercé quatre ans durant dans la même unité territoriale, ce responsable devrait, en fait, être muté dans le cadre du mouvement national qui vient tout récemment d'opérer un nouveau redéploiement des responsables locaux des administrations territoriales, en vertu du principe de mobilité décrété par le ministère du tutelle. Cela vise à barrer le chemin aux «accointances» entre ces agents et des milieux relevant de leur district, tout en insufflant un vent de renouveau dans l'administration par le changement des responsables et la nomination d'autres par le mérite. Mais, au grand étonnement de tous, il n'en est rien de cela. Pourquoi Tafraout n'est-elle pas concernée par cette «valse»? A défaut d'une réponse officielle, les conjectures vont crescendo dans une spirale de supputations pour tenter d'apporter une explication plausible. Si d'aucuns imputent cette «dérogation» à la «règle», à la coïncidence de l'opération nationale de mutation dans le corps des agents d'autorité avec les préparatifs d'une visite éventuelle du Souverain à Tafraout, d'autres font allusion à l’intercession d’un gros bonnet au bras long, originaire de la région, pour le maintien de cet agent à son poste à Tafraout ! Ceci, alors que de sources plus proches du ministère de l'Intérieur, on parle tout simplement de l'échelonnement, selon un timing de l'opération dont la seconde phase aura lieu au moment opportun. Néanmoins, quoi qu'il en soit, les Tafraoutis qui ne cachent plus leur inquiétude (pour ne pas dire leur ras-le-bol) quant au statu quo dans lequel vit leur cité, aspirent à un changement. Et cela ne peut s'opérer qu'à travers la nomination d'un nouvel agent d'autorité ayant un sens aigu de la responsabilité et à même de donner à l'action de cette dernière une meilleure interprétation qui se traduit par l'écoute des doléances des citoyens et le souci du développement local. « La ville a besoin d'un responsable de l'autorité locale qui puisse définir ses attributions, redynamiser l'action de l'instance élue et anticiper les problèmes des habitants. Au lieu de se complaire dans le fauteuil douillet de son bureau», s'exclame Lahcen D, président d'une association de développement local. Même son de cloche du côté des opérateurs touristiques qui, par ailleurs, fustigent la mauvaise gestion au niveau de leur secteur. Alors que celui-ci constitue un chantier économique vital pour 90% des habitants.
Le secteur a besoin d'une action visant à le booster et le promouvoir. Son importance pour le développement de la cité constitue un levier prometteur pour relever ce défi. «Mais, au lieu de bénéficier d'une attention particulière de la part de l'autorité locale, celle-ci a plutôt brillé par son inaction révoltante ». En effet, depuis la nomination du pacha, les réclamations des opérateurs du secteur ne trouvent pas d’écho. Les nombreuses dénonciations de cette situation, via la presse, ont réussi à irriter le premier responsable du pachalik. Celui-ci «n'a pas hésité, depuis, à couper tous les ponts avec ces opérateurs qu'il a blasés à la longue par sa passivité active», tonne un membre de l'Association des bazaristes. Une attitude qui n'a pas tardé à aggraver les difficultés et à freiner la promotion de l'activité touristique. Pour preuve, le harcèlement des touristes qui a réussi à gangrener le secteur. Ce fléau décourage les touristes et les pousse vers des destinations plus accueillantes sans évoquer les effets dissuasifs quant à la dynamique de l'investissement dans les projets touristiques, «Vivement le changement!», nous lance non sans ironie, le même interlocuteur.