Après des rixes sanglantes, la France appelle les migrants à ne plus venir à Calais

Un degré de violence jamais connu


Samedi 3 Février 2018

Après des rixes sanglantes, la France appelle les migrants à ne plus venir à Calais
Au lendemain des plus violents affrontements entre migrants jamais survenus à Calais, le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb a appelé vendredi les candidats à l'immigration en Grande-Bretagne à renoncer à venir dans cette ville "mirage" du nord de la France.
Quatre jeunes Erythréens étaient toujours entre la vie et la mort en fin de matinée, touchés par balles la veille dans des rixes qui ont fait au total 21 blessés, selon les pompiers.
Ces affrontements, qui ont opposé jeudi Afghans et Erythréens, sont récurrents dans la région de Calais où des centaines de migrants continuent d'affluer en espérant pouvoir traverser clandestinement la Manche, à l'aide de passeurs.
Mais jamais ils n'avaient été aussi sanglants et rappellent la situation ingérable quand des milliers de migrants s'entassaient dans un camp sauvage baptisé "la Jungle", démantelé en 2016. Ces affrontements interviennent alors que le gouvernement d'Emmanuel Macron est en train de préparer un projet de loi sur l'immigration dénoncé comme un durcissement des conditions d'accueil par les défenseurs des migrants.
Les quatre blessés les plus graves, qui seraient âgés de 16 à 18 ans, ont été touchés aux cervicales, au thorax, à l'abdomen (pour le plus gravement atteint) et à la moëlle épinière.
"C'est un degré de violence jamais connu," a souligné Gérard Collomb, qui s'est rendu sur place, en déplorant des événements "exceptionnellement graves".
Après cette flambée de violence, la nuit a été plus paisible, a-t-on indiqué de source policière.
"On a distribué 300 repas dans un calme olympien ce matin" dans un des lieux où se sont produits les affrontements, a affirmé à l'AFP Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants.
Dans la matinée, aucun signe de tension n'était perceptible à cet endroit, où, par un froid glacial et dans le vent, les migrants emmitouflés prenaient leur repas, a constaté l'AFP.
Un ressortissant afghan était recherché vendredi. Agé de 37 ans, il est soupçonné d'être l'auteur de coups de feu sur des Erythréens tout près de l'hôpital de Calais où avait lieu une distribution de repas dans l'après-midi.
Une dizaine de témoins avaient déjà été interrogés vendredi matin, a indiqué le parquet. "Certains nous disent qu'ils étaient plusieurs à tirer. C'est un peu confus".
Les armes de poing, en tout cas, appartiennent plus "aux réseaux de passeurs", relève-t-on de source judiciaire. Des passeurs au moins en partie à l'origine des affrontements de jeudi, selon Gérard Collomb.
"On voit bien aujourd'hui qu'ils sont organisés en bande. Autant il y a pu y avoir par le passé des phénomènes spontanés, autant aujourd'hui on voit aujourd'hui qu'il y a des chefs de bandes qui entraînent autour d'eux. Ces réseaux-là doivent être démantelés", a assuré le ministre.
Depuis le démantèlement de la Jungle, le nombre de migrants a chuté, mais plusieurs centaines - environ 800 migrants selon les associations, entre 550 et 600 selon la préfecture - continuent de camper dans les environs. Dans des installations de fortune et une précarité que dénoncent régulièrement les associations.
De leur côté, les autorités tentent d'empêcher tout nouveau "point de fixation" autour du port d'où partent les ferries pour les côtes anglaises. Au terme des accords du "Touquet", la frontière britannique est fixée sur le territoire français en échange d'une contribution financière de Londres qui vient d'être augmentée à l'occasion d'un sommet franco-britannique.
"Nous ne voulons pas qu'il y ait cet attrait pour Calais, parce que c'est un mirage", a souligné vendredi le ministre français de l'Intérieur.
Calais, "c'est un mur auquel se heurtent ceux qui viennent ici en croyant qu'ils vont passer de l'autre côté alors qu'ils seront ici pendant des mois dans les conditions que l'on connaît aujourd'hui", a averti Gérard Collomb.
"Le message que je veux faire passer, c'est que si on veut aller en Grande-Bretagne, ce n'est pas ici qu'il faut venir", a-t-il martelé.


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