Après la tragédie de Lampedusa, les défenseurs des migrants et réfugiés espèrent une nouvelle approche dans la législation et les mentalités dans une Italie qui peine à accepter la présence durable de 8% d’immigrés. Sous le coup de l’émotion après le naufrage qui a fait plus de 300 morts, le chef du gouvernement Enrico Letta a annoncé une modification imminente du droit d’asile pour l’aligner sur le reste de l’Europe et appelé à dépénaliser le délit d’immigration clandestine. «C’est le moment ou jamais pour que les choses changent, pour réviser des lois instaurées dans un climat de peur par des gouvernements de droite ces 20 dernières années», a souligné à l’AFP Khalid Chaouki, député d’origine marocaine du Parti démocrate, première force de gauche. La loi sur l’immigration clandestine (loi Bossi-Fini) est particulièrement critiquée car elle considère comme «suspect« tout migrant et sanctionne les personnes lui venant en aide, y compris les pêcheurs dont les bateaux peuvent être saisis. Mais chez les défenseurs des droits des migrants, l’humeur est plus morose. «Le gouvernement paraît très bloqué. Il a été constitué avec des responsables de droite qui ont signé des accords pour renvoyer les réfugiés en Egypte, Tunisie ou Libye», s’inquiète Igiaba Scego, écrivaine italo-somalienne de l’Association «Incontri di civilta». Pour le député Chaouki, ce sera chose faite «d’ici la fin de l’année» en première lecture. Une bonne nouvelle pour les 500.000 enfants d’étrangers qui doivent actuellement attendre leurs 18 ans pour devenir Italiens.
Mais l’Italie a aussi des progrès à faire dans l’image qu’elle a des 5 millions d’étrangers vivant sur son sol, qui représentent 7,5 à 8% de la population et produisent 12% du PIB (rapport Caritas/Migrantes 2012), même dans une économie en proie à la crise.
«La présence étrangère n’est pas racontée dans la culture pop, dans les shows de variétés. Dans les films, la femme noire est prostituée ou aide à domicile, l’homme un toxico, un camorriste ou un migrant repêché en mer», souligne l’écrivaine Scego, également chercheuse spécialisée dans les stéréotypes.
Or l’immigration compte beaucoup d’histoires à succès, comme ces milliers de PME créées par des étrangers ou le conte de fées vécu par Rachid, Marocain de 26 ans, qui vit en vendant mouchoirs et briquets, et a décroché un doctorat en ingénierie, relaté par Repubblica.