Alexandre Benalla, un garçon posé qui devient parfois “Rambo”

Un élu socialiste de l'Eure qui l'a connu à l'époque évoque "un jeune homme gentil, serviable, pondéré et calme. Quelqu'un qui voulait s'en sortir."


Jeudi 26 Juillet 2018

Alexandre Benalla, 26 ans, inculpé dimanche pour des violences contre un manifestant, a connu à l'ombre des politiques une ascension rapide, mais émaillée d'incidents.
Membre des jeunes socialistes issu d'un quartier populaire d'Evreux (nord-ouest), Alexandre Benalla intègre en 2010 le service d'ordre du Parti socialiste après avoir été portier de bar. "Gentil", "sérieux" : les témoignages recueillis sur lui dans sa Normandie natale sont positifs.
A son lycée, qu'il a quitté en 2009, on se souvient d'un "gamin gentil, poli et reconnaissant", rugbyman "attachant" et "pas bien costaud".
Un élu socialiste de l'Eure qui l'a connu à l'époque évoque "un jeune homme gentil, serviable, pondéré et calme. Quelqu'un qui voulait s'en sortir."
"C'était quelqu'un de calme et posé", se souvient aussi Eric Plumer, chef du service d'ordre du PS en 2010 et son premier employeur en politique, qui dit avoir "formé" M. Benalla et n'avoir "rien à lui reprocher".
Alexandre Benalla est affecté à la sécurité de l'ancienne numéro un du Parti socialiste, Martine Aubry. "Il était très sérieux dans les missions que je lui demandais", se souvient M. Plumer.
L'entourage de Mme Aubry évoque un homme "plutôt discret". Alexandre Benalla fait aussi partie du service d'ordre de François Hollande durant la campagne présidentielle en 2012.
M. Benalla travaille ensuite pour Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif: "Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle d'une première gravité: il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite", a-t-il raconté.
Titulaire d'un master de droit, selon la presse locale, M. Benalla effectuera un passage à Casablanca dans une société de sécurité. Il intègre ensuite l'équipe de sécurité d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
Il devient "l'épaule" du candidat, son plus proche garde du corps. Plusieurs journalistes se sont plaints de son comportement "musclé" et au siège de campagne du parti présidentiel En Marche!, on le surnomme "Rambo".
Des associations locales des Jeunes Communistes ont affirmé dans un communiqué qu'un de leurs camarades "a été frappé après avoir été traîné à l'écart" par M. Benalla en marge d'un rassemblement à Bobigny, en région parisienne, en 2016.
Le niveau de ses dépenses pousse Cédric O, alors trésorier et devenu conseiller d'Emmanuel Macron, à le rappeler à l'ordre sur "ce qui peut faire l'objet d'une note de frais ou pas" dans un courriel interne publié dans les Macron Leaks.
Dans d'autres mails issus des Macron Leaks, Alexandre Benalla a aussi été rappelé à l'ordre en mars 2017 par Cédric O alors qu'il souhaitait passer "commande d'armes pour le mouvement" (pistolets "gomme cogne" à munitions en caoutchouc, flash-ball, boucliers anti-émeute, etc).
M. Benalla s'était vu refuser une autorisation de port d'arme pendant la campagne par le cabinet du ministère de l'Intérieur. Il l'a obtenue ensuite via la préfecture de police de Paris.
Celui dont le mariage devait être célébré le week-end dernier est lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle de la gendarmerie nationale, un grade élevé qui n'est presque jamais atteint avant 40 ans, mais "conféré au titre de son niveau d'expertise", a justifié la gendarmerie.
"Il n'a pas été employé depuis 2015", a-t-elle précisé. Et "en 2017, il a été radié à sa demande de la réserve opérationnelle, et a été intégré comme spécialiste expert pour apporter un éclairage sur la fonction protection".
Après la victoire d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla est "chargé de mission" en matière de sécurité, en tant qu'adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch. Il est perçu comme un des très proches garants de la sécurité du président, qu'il accompagne souvent lors de divers déplacements, officiels ou privés.

 


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