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Lorsque des amateurs marocains ont signalé à la maison de vente que ces œuvres étaient douteuses, le représentant de celle-ci a répondu que sa maison était protégée par des certificats d’authenticité délivrés par un expert marocain et apposés au dos de chaque tableau. Malgré les réserves émises, les tableaux n’ont pas été retirés de la vente, mais, heureusement ils ont été ravalés faute d’enchères. Le bouche-à-oreille France-Maroc avait bien fonctionné. Mais la peinture marocaine n’en est pas sortie indemne, et la confiance dans les œuvres d’origine marocaine a été un tant soit peu écornée. Les copies, certes de qualité, sont en circulation comme on le voit et traversent les mers.
D’autant plus tranquillement dans le Nord du Maroc qu’il n’y a pas d’expert avec mandats et officine. Certes, deux galéristes professionnels pourraient, compte tenu de leur expérience et de leur culture, remplir ces services aux amateurs mais ils ont un autre métier, en dehors de Tanger et de fait ne sont pas facilement accessibles. Alors la vie est belle pour la contrefaçon. Et le risque d’acquérir dans une vente aux enchères une copie est très élevé. Certains attirés par le gain facile s’improvisent dans la vente publique, avec beaucoup d’aisance, la règlementation n’étant pas plus stricte que cela, par rapport à d’autres pays. Par exemple, sur les assurances, le gardiennage des oeuvres déposées, la garantie d’adjudication lors des enchères. Il ne suffit pas de s’attacher les services d’un commissaire priseur français qui vient faire ses adjudications contre un pourcentage et des frais de déplacement. Aucune expertise garantie.
Pour plusieurs spécialistes, peintres et galéristes, un marché parallèle estimé à plus de 200 millions de dirhams est bien prospère et a de beaux jours devant lui. Les professionnels de l’art au Maroc parlent volontiers d’une «persistance du règne de l’informel et du flou, qu’il s’agisse de l’origine des œuvres mises sur le marché, de leur qualification en termes technique, historique ou esthétique». On évoque aussi avec insistance «la multiplication des faux en tous genres, encouragée par les cotes sans précédent atteintes par les peintres aussi bien orientalistes que marocains», comme l’explique Saïd Housbane, qui incarne une nouvelle génération de plasticiens au Maroc. En matière d’expertise d’art au Maroc, autant dire qu’on est vraiment loin de ce qui se passe dans des pays comme l’Espagne ou la France. «Face à l’impossibilité objective de recourir à un système d’expertise suffisamment fiable pour rassurer une clientèle de plus en plus échaudée par les mésaventures des uns et des autres» souvent, ce sont des peintres qui remplissent le rôle d’experts. Les collectionneurs sont rares et se tournent de plus en plus vers l’art contemporain après avoir été longtemps sous influence orientaliste. Mais pour que le marché marocain de l’art puisse se développer, il est vital qu’il s’ouvre sur le plan réglementaire, législatif et douanier pour qu’il y ait des échanges avec le monde extérieur de manière légale et organisée. Alors chacun jugera de l’opportunité d’acheter dans une salle de ventes sans aucune sécurité ou d’aller dans les ateliers d’artistes vivants et pleins de promesses pour y acquérir de l’art contemporain l’esprit tranquille.