"Je ne fais pas de démagogie anti-fonctionnaire", a affirmé le maire de Bordeaux sur BFM TV RMC à deux jours du deuxième tour de la primaire de droite et du centre prévu dimanche. "On a besoin d'une fonction publique de qualité en France, c'est le service public".
"Ce fonctionnaire bashing-là n'est pas du tout quelque chose d'acceptable", a-t-il ajouté.
S'il remporte l'élection présidentielle de 2017, François Fillon s'engage à faire passer à 39 heures le temps de travail hebdomadaire dans les trois fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière), afin de réduire de 500.000 le nombre de fonctionnaires.
"Ça voudrait dire par exemple qu'on ne recrute pendant cinq ans aucun nouveau policier, aucune nouvelle infirmière, aucun nouvel enseignant : aucune organisation ne peut fonctionner comme cela", a estimé Alain Juppé.
"Je pense aux étudiants qui sont en train de préparer des concours pour rentrer dans la fonction publique à qui on doit dire 'vous n'aurez pas de postes avant cinq ans', ça ne tient pas la route", a-t-il ajouté.
Le maire de Bordeaux propose pour sa part de réduire le nombre de fonctionnaires de 250.000, un effort "déjà considérable", et de rétablir de deux jours de carence dans la fonction publique.
Cette réduction ne se fera "pas de façon brutale", a-t-il dit mais "au terme d'une transformation de la gestion de la fonction publique", via notamment la lutte contre l'absentéisme.
Quelque 5,6 millions de personnes travaillaient pour la fonction publique en France en 2014, selon les dernières données disponibles de l'Insee.
Par ailleurs, François Fillon, favori pour décrocher dimanche l'investiture présidentielle de la droite, a déploré vendredi sur RTL un "déchaînement ridicule" de la part d'un "petit microcosme" dont il serait la cible.
Longtemps relégué au second plan durant la campagne, l'ex-Premier ministre concentre les critiques depuis sa victoire surprise au premier tour de la primaire (44,1%), dimanche dernier, loin devant Alain Juppé.
"On a assisté à un déchaînement ridicule d'un petit microcosme qui prétend tout savoir qui voudrait imposer sa vision", a-t-il dit, avant de s'en prendre à l'homme d'affaires Pierre Bergé qui a présenté sur Twitter François Fillon comme le candidat d'une "France réac" et évoqué "la France pétainiste".
"J'ai quand même été traité de Tariq Ramadan de sacristie et quasiment de maréchal Pétain par Pierre Bergé", a-t-il réagi.
"Ce sont les meilleurs agents électoraux des extrémismes et de Mme Le Pen (présidente du Front national-NDLR)", a encore dit l'ancien chef du gouvernement, pour qui ce genre de commentaires dénote une "arrogance" et un aveuglement.
Il a par ailleurs jugé "contre-productif pour lui-même" et "pour la droite et le centre" les flèches lancées en début de semaine par Alain Juppé, qui a dépeint son concurrent en représentant d'une droite "traditionaliste" et mis en évidence ce qu'il a qualifié d'"ambiguïtés" sur l'avortement.
"La primaire de la droite et du centre, dont on avait annoncé qu'il y aurait du sang sur les murs, et qui à l'exception de deux ou trois jours de débordements, a été plutôt une primaire de bonne tenue", a estimé François Fillon.