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Juppé qui a reflété, lors de cette rencontre, l’image d’un communicateur haut de gamme, a entamé sa communication par une analyse des relations franco-marocaines, sur le plan diplomatique, s’exprimant, dans la foulée, sur la place importante du Maroc dans la politique étrangère française.
Le reste de la rencontre s’est décliné sous forme d’un échange question-réponse, axé sur la gouvernance mondiale, le Printemps arabe, la politique étrangère de la France, la crise financière européenne (la Grèce).
Et c’est une étudiante qui provoque le thème majeur. La question porte sur la gouvernance mondiale. Il existe un leadership de l’économie mondiale, et parallèlement avec la crise mondiale actuelle, il y a une très forte mobilisation des organisations internationales comme le FMI et plus récemment le G20 dont la caractéristique principale est l’hétérogénéité. La question donc est de savoir dans quelle mesure cela peut-il constituer une menace pour les grandes puissances mondiales. Pour Juppé, “nous sommes, en effet, dans un monde nouveau, je ne sais pas si nos concitoyens, je parle en tout cas pour la France, ont toujours bien conscience de la nouveauté de ce monde, en l’espace d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et tous les événements qui se sont produits depuis », dit-il. Et d'ajouter: “Le monde a radicalement changé. D’abord du fait de l’émergence de nouvelles puissances ou de la réémergence de nouvelles puissances. Je dis souvent que pour nous Européens, c’est une sorte de défi parce que nous ne sommes plus le centre du monde, nous avons cru pendant deux ou trois siècles, que nous étions le centre du monde, quand je dis nous, c’est un peu l’Occident, les pays européens mais aussi les Etats-Unis d’Amérique ou le Japon. Aujourd’hui, la deuxième puissance vraisemblablement dans quelque temps la première puissance économique du monde, c’est la Chine. D’autres pays émergents comme l’Inde, le Brésil peuvent devenir des puissances. Ce qu’il faut bien constater, c’est un monde multipolaire, nous sommes dans un monde qui est devenu multipolaire et en même temps global; je disais réémergence plutôt qu’émergence parce que la Chine était déjà, on l’a un peu oublié, qu’aux XVème et XVIème siècles elle était la première puissance mondiale, elle a ensuite connu un long déclin, et elle reprend aujourd’hui sa place. Donc ce monde est multipolaire et global...”
Il faut aller vers
un monde multilatéral
« C’est Paul Valéry qui a dit, je crois il ya quelque décennies, que le temps du monde fini commençait, nous sommes dans un monde fini. Il n’y a plus rien à découvrir pratiquement sur la surface de la planète et c’est radicalement différent par rapport à ce qui a été vécu auparavant et le temps est aussi aboli», explique le ministre français des AE. « J’ai pas mon i-phone en ce moment, mais enfin bon on est tous en permanence sur le net, nous vivons dans un monde de l’instantanéité. Alors ce monde nouveau, profondément nouveau, global et multipolaire, peut devenir un monde conflictuel », dit-il. Et de renchérir : « Nous avons connu au XIXème siècle ce qu’on appelait un peu le jeu des puissances, l’équilibre des puissances, le concert des puissances qui a abouti à la catastrophe du XXème siècle. Il est absolument fondamental pour aller vite et pour être bref, il faut faire en sorte que ce monde multipolaire soit aussi un monde multilatéral dans lequel le multilatéralisme, c’est-à-dire la gouvernance mondiale se développe si on veut éviter les conflits et c’est une des orientations majeures de la diplomatie française, c’est-à-dire comment favoriser ce multilatéralisme. Je pense que émergence de cette gouvernance mondiale n’est pas une menace; c’est au contraire une promesse de stabilité et de paix parce que si nous n’avons pas ces éléments de gouvernance, nous risquons d’aller au conflit, dans ce cas, ce sera très compliqué».
Il est temps de réformer
le CS et les autres institutions internationales
«Il y a au sommet de l’édifice, rappelle-t-il, les Nations unies dont on dit beaucoup de mal mais qu’il faudrait d’urgence réinventer si elles n’existaient pas parce qu’elles ont été un élément de stabilité et de lutte contre les conflits. J’ai évoqué la Syrie, mais il y a moins globalement de conflits entre les nations qu’il y en avait quelques décennies et ceci grâce au rôle du Conseil de sécurité, ce qui ne veut pas dire que l’ONU soit parfaite, et qu’il ne faut pas la réformer. L’un des enjeux de la gouvernance mondiale, c’est précisément la réforme du Conseil de sécurité. Ce Conseil de sécurité comprend aujourd’hui cinq membres permanents, qui sont les vainqueurs de la dernière Guerre mondiale…». «Comment des pays comme le Japon, l’Allemagne, le Brésil, le Mexique, un grand pays d’Afrique, un grand pays arabe ne peuvent-ils pas entrer au Conseil de sécurité?», s’est-il interrogé. «Cette réforme est à l’ordre du jour depuis plus de dix ans, fait-il noter, ajoutant qu’on n’arrive pas aujourd’hui à la débloquer parce que la réforme ne peut se faire qu’avec l’aval des cinq membres permanents actuels qui ont tous un droit de veto, mais il ne faut pas abandonner, la France fait des propositions dans ce sens, je n’ai pas le temps d’entrer dans le détail. Donc d’abord la réforme du Conseil de sécurité, ensuite il y a d’autres instances qui sont apparues et dont le rôle, c’est vrai, méritera d’être précisé. Vous avez parlé du FMI et du G20, ils n’ont pas le même rôle, le FMI est issu, vous le savez, des institutions financières dites de Bretton-Woods qui ont été créées au lendemain de la deuxième Guerre mondiale avec la Banque mondiale et au moment où a été créée l’organisation des Nations unies, son rôle est de contribuer à la stabilité du système monétaire international qui n’existe pas, qui n’existe plus et d’aider les pays en difficulté comme il l’a fait par le passé avec l’Argentine, Mexique, certains pays d’Asie. D’ailleurs le G20 est là, parce que le G7, devenu le G8, ne suffisait plus».