"Le traitement barbare infligé à nos frères musulmans ne restera pas impuni", affirme un communiqué de l'organisation djihadiste selon le site SITE spécialisé dans la surveillance des activités en ligne des groupes extrémistes.
"Le gouvernement de la Birmanie va goûter ce qu'il fait goûter à nos frères musulmans", ajoute l'organisation appelant à fournir de l'aide, des armes et un "soutien militaire" aux Rohingyas.
Le gouvernement birman affirme que ses troupes sont engagées dans une campagne contre le "terrorisme" et a mis en garde contre de nouvelles attaques visant des intérêts policiers ou militaires.
La déclaration d'Al Qaïda est de nature à confirmer ces inquiétudes.
"Nous appelons nos frères combattants au Bangladesh, en Inde, au Pakistan et aux Philippines à se rendre en Birmanie pour aider nos frères musulmans et entreprendre les préparatifs nécessaires pour résister à cette oppression", ajoute Al Qaïda.
Par ailleurs, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a annulé un déplacement à l'Assemblée générale des Nations unies alors que l'ONU a récemment affirmé que la minorité rohingya de Birmanie était victime d'un "nettoyage ethnique" et réunit son Conseil de sécurité mercredi sur ce dossier.
L'ex-dissidente et prix Nobel de la paix est sous le feu des critiques de la communauté internationale pour son silence sur le sort de cette minorité musulmane du pays, qui fuit à nouveau en masse la Birmanie.
D'après les derniers chiffres des Nations unies, plus de 370.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh depuis fin août, pour fuir une campagne de répression de l'armée birmane, consécutive à des attaques de rebelles rohingyas.
Et des milliers d'autres seraient toujours sur les routes.
Les réfugiés arrivent au Bangladesh épuisés, démunis, affamés, après des jours de marche sous la pluie. Autorités locales et organisations internationales peinent à prendre en charge cette marée humaine, d'une ampleur sans précédent pour ce conflit.
Le fleuve Naf, qui marque une frontière naturelle entre les deux pays, continue de charrier des cadavres: sept nouveaux corps, dont des enfants, ont été retrouvés échoués sur la rive mercredi par les autorités bangladaises. Certaines dépouilles portaient des traces de balles.
Depuis le début des troubles, près de 100 personnes ont péri noyées en tentant de passer au Bangladesh.
Bien que sous le feu des critiques internationales, Aung San Suu Kyi reste très peu loquace sur la crise et continue d'afficher son soutien à l'armée dans son opération contre les "terroristes".
L'ancienne icône de la démocratie, qui semble s'enfoncer dans son silence, "n'assistera pas à l'Assemblée générale de l'ONU" fin septembre, a annoncé à l'AFP Zaw Htay, son porte-parole.
L'an dernier, à la tribune de cette Assemblée générale, la prix Nobel de la paix, qui dirige de facto le gouvernement birman depuis avril 2016, s'était engagée à soutenir les droits de la minorité musulmane.
Elle avait promis de "s'opposer fermement aux préjugés et à l'intolérance" et de promouvoir les droits de l'Homme, tout en demandant "à la communauté internationale de se montrer compréhensive et constructive" à ce sujet.
Mais cette nouvelle crise est au contraire "un exemple classique de nettoyage ethnique", caractérisé par des "exécutions", des "tirs sur des civils en fuite" et des incendies de villages, d'après le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.