Monsieur le Chef du gouvernement !
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Critique
Intervenant lors d’une séance consacrée à la discussion du bilan gouvernemental, tenue jeudi dernier, devant la Chambre des conseillers, Aziz Akhannouch s'est interrogé sur la concomitance de la publication de l’avis du CESE avec l'annonce par le gouvernement de ses résultats provisoires, tout en indiquant que ledit conseil «n’a rien apporté de nouveau» et les chiffres annoncés sont dépassés. D’autant que « les solutions proposées par le conseil ont été jugées non concluantes ».
Le chef du gouvernement a déclaré, à ce propos, que ces solutions ne méritent pas la confiance de l’Exécutif et que ce dernier ne prévoit pas de les mettre en œuvre tout en soulignant que le gouvernement n’a pas limité son action au « diagnostic », et qu’il a fixé l'objectif de réduire l’abandon scolaire en renforçant la construction des internats, le transport scolaire, l'alimentation scolaire, entre autres ».
Camouflage
Pour certains experts, les arguments avancés par le chef du gouvernement ne tiennent pas la route et visent à camoufler un bilan gouvernemental mitigé en matière d’inclusion des jeunes sans emploi, hors du système scolaire et sans formation. Selon eux, la situation est préoccupante, critiquant l'inefficacité des réponses institutionnelles aux jeunes NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation), déplorant le manque de coordination et de cohérence, comme l’a relevé le rapport de l'ONDH sur la situation au Maroc.
«Le rapport du CESE met le gouvernement dans une situation délicate puisque l’Exécutif a fixé l'emploi comme un axe central de toutes les politiques économiques actuelles, intégré dans une stratégie nationale de transformation économique. Cette stratégie comprend également le renforcement des secteurs stratégiques, la promotion des produits nationaux sur les marchés nationaux et internationaux, ainsi que leur protection contre une concurrence injuste», nous a expliqué Mohammed Zaoui, chercheur en politiques publiques.
Souffrance
D’après certains chercheurs, le pays continue de pâtir de dysfonctionnements sur le plan de l’emploi et du chômage touchant particulièrement les jeunes. Ainsi le taux de chômage en 2022 a atteint 11,8%, un chiffre qui exclut une partie importante de la population constituée des NEET et estimée à 1,7 million de jeunes de 15 à 24 ans. Ce chiffre atteint même 2,7 millions si on y inclut les personnes âgées de 29 ans, d’après les données officielles, et interpelle quant à l’efficacité des politiques publiques et la place de l’investissement en capital humain en rapport avec les objectifs du millénaire pour le développement qui mettent le facteur humain et son inclusion au cœur des préoccupations.
A rappeler que le dernier rapport de Bank Al-Maghrib concernant l’exercice 2022 présenté à Sa Majesté le Roi, a indiqué que la problématique du chômage des jeunes revêt «une importance particulière au regard du poids des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui représentent 16,3% de la population totale, soit 6 millions de personnes. S’il est prévisible qu’une grande partie de cette tranche d’âge (57,3%) soit encore scolarisée, il n’en demeure pas moins que près de 1,5 million de jeunes ne sont ni à l’école, ni en emploi, ni en formation et constituent ce qui est communément appelé des NEET».
Persistance
Mohammed Zaoui nous explique que le chômage au Maroc dont celui des NEET est un problème structurel qui persiste, malgré les interventions de l'Etat et du secteur privé depuis les années 90. Notre interlocuteur estime que la situation reste alarmante puisque les chiffres du HCP, bien que révélateurs, ne capturent pas, selon lui, pleinement la réalité du phénomène, en négligeant des aspects tels que le chômage déguisé, l'emploi précaire et informel. Selon notre interlocuteur, il s’agit d’un état des lieux des plus inquiétants puisqu’il y a absence d’une politique claire définissant les caractéristiques des emplois, les secteurs prioritaires et les droits et obligations associés. Il souligne également les limites de l'implication du secteur privé dans la création d'emplois, notamment dans un contexte de digitalisation et de crise économique induite par la pandémie de Covid-19.
Une évaluation que partage le dernier rapport de Bank Al-Maghrib qui soutient, de son côté, que la persistance du problème du chômage, notamment celui des jeunes dans notre pays, révèle l’échec de nombreux plans et stratégies dédiés à l’emploi remettant en question leur efficacité et leur rendement ainsi que leur évaluation. Pour les rédacteurs de ce rapport, le chômage des jeunes constitue une forme d’exclusion qui affaiblit la cohésion et la stabilité sociales.
A ce propos, les experts soutiennent que «la priorité serait de se focaliser sur une politique d’éducation permettant d’améliorer la rétention scolaire des jeunes et le rendement externe du système», tout en rappelant que malgré «les efforts consentis, notamment sur le plan budgétaire, l’abandon scolaire persiste à des niveaux élevés avec plus de 300 mille élèves en moyenne qui quittent prématurément l’école chaque année ».
Hassan Bentaleb