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«Le porte-parole des sans voix», «la mère Theresa marocaine», «la dame au grand cœur», des appellations certes plus honorifiques les unes que les autres mais qui demeurent en deçà de ce qu’est le personnage. Il s’agit, en l’occurrence, de Aïcha Ech Chenna qu’on ne présente plus. Aujourd’hui, 19 novembre, l’Association «Solidarité féminine» qui milite pour l’insertion sociale des femmes célibataires et dont elle est la présidente fondatrice fête ses 29 ans d’existence. L’occasion de revenir sur un parcours hors du commun.
Cette dame de cœur est née en 1941 à Casablanca, mais elle a grandi à Marrakech, la ville du soleil couchant. En 1953, elle décide de retourner à sa ville natale dans le but d’intégrer l’école française de Foch, puis le fameux Lycée Joffre. Après l’obtention de son diplôme d’Etat d’infirmier, Aïcha Ech Chenna choisit de travailler en tant qu’animatrice au niveau de l’éducation sanitaire, et ce à la préfecture médicale de Casablanca. Très jeune déjà elle avait la fibre associative bien développée. Sa première immersion dans l’océan du bénévolat fut traduite par son engagement en 1959 dans la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance et de la lutte contre la tuberculose. Son contact quotidien avec les enfants, notamment ceux qui ont été abandonnés a jeté les jalons d’un engagement qui dure jusqu’à présent, en faveur des mères célibataires. C’est ainsi d’ailleurs qu’elle fonde en 1985 l’Association Solidarité féminine. Depuis, épauler des jeunes femmes et jeunes filles délaissées par les leurs est devenu son combat. Qu’elles soient enceintes ou qu’elles aient mis au monde leurs nouveau-nés, l’association les aide à acquérir un nouveau métier, à suivre la formation de leur choix, à apprendre des langues étrangères ou à suivre des cours d’alphabétisation. «Nous essayons de la sorte de garantir un bon avenir pour ces mères», indique à ce propos Mme Ech Chenna. Un engagement qui n’était pas pour plaire à tout le monde. Elle s’est vite attiré les foudres des islamistes et autres conservateurs qui l’ont accusée d’encourager la prostitution et donc la conception d’enfants illégitimes. Pourtant, toutes les fatwas et les menaces de mort de ces illuminés n’ont pas eu raison de son abnégation. Elle a continué son bonhomme de chemin qui l’a menée vers la consécration. De nombreux prix lui ont été décernés à titre personnel et au nom de l’association. On peut citer, à titre d’exemple, les prix des droits de l’Homme de la République française en 1995, le prix Grand Atlas en 1998, et puis en 2005, le prestigieux prix d’Elisabeth Norgall de l’International Women’s Club of Frankfurt. Quatre ans plus tard, c’est au tour des Etats-Unis de lui offrir son célèbre Opus Prize. En 2013, elle a reçu la Légion d’honneur de la République française.
Par ailleurs, Aïcha Ech Chenna s’est essayée à l’écriture . Elle a publié un livre en français intitulé “Miseria”. Un témoignage poignant où elle décrit à travers une vingtaine d’histoires le calvaire de petites bonnes violées et par la suite proscrites de par leur statut de mères célibataires.
Alors Aicha Ech Chenna est une féministe ? Elle s’en défend: «Je ne suis absolument pas une féministe. Je défends plutôt le droit à la vie, le droit à la dignité des mères, mais aussi celui, pour un enfant, d’avoir un nom, une mère intègre, un foyer et une bonne éducation. Bref, une vie digne, normale et équilibrée». Des valeurs prônées par tout défenseur des droits de l’Homme.