Ahmed Zaidi lors de la discussion au nom du Groupe socialiste, du bilan d'étape du gouvernement Abbas El Fassi : “Nous appelons le secteur privé marocain à se hisser au niveau de l'accompagnement public dont il a bénéficié”


TRADUIT PAR LA REDACTION
Mardi 25 Mai 2010

Ahmed Zaidi lors de la discussion au nom du Groupe socialiste, du bilan d'étape du gouvernement Abbas El Fassi : “Nous appelons le secteur privé marocain à se hisser au niveau de l'accompagnement public dont il a bénéficié”
La majorité a agi avec sagesse et rationalité face à la crise
économique mondiale, a affirmé jeudi
le président du Groupe socialiste à la Chambre des
représentants,
Ahmed Zaidi.
Intervenant lors de la séance des débats sur la déclaration
gouvernementale
présentée lundi par
le Premier ministre,  Abbas El Fassi, devant la Chambre des représentants, M. Zaidi a rappelé que le monde a connu une conjoncture
économique similaire aux grandes crises mondiales du
siècle dernier, «une conjoncture qui a dévasté plusieurs
économies à travers
le monde», ajoutant que toute analyse qui se veut objective doit prendre en compte cette donne.
Il a salué, à cet égard, les décisions prises par le gouvernement pour faire face aux impacts de la crise, citant notamment les mesures préventives
et le soutien apporté
à plusieurs secteurs affectés.
Voici par ailleurs
le texte intégral
de l'intervention d'Ahmed Zaidi.

Monsieur le président,
Monsieur le Premier ministre
Mesdames et messieurs les ministres
Mesdames et messieurs les députés
J'interviens au nom du Groupe socialiste non sous l'angle de la coutume, ni sous celui de la réaction et moins encore sous celui de la polémique autour du contenu de la déclaration de Monsieur le Premier ministre devant notre Institution, sachant bien que notre Groupe est un prolongement de l'Union socialiste des forces populaires, l'une des composantes de la majorité gouvernementale.
Cette appartenance ne nous empêche toutefois pas, comme elle ne nous a pas empêchés par un passé récent, d'évaluer l'action gouvernementale, non pour identifier les points faibles dans la performance du gouvernement ou le critiquer rien que pour le critiquer, mais pour contribuer principalement à l'amélioration de sa prestation en faisant des propositions susceptibles de favoriser le développement du pays, la réforme de ses institutions et la préservation de ses acquis et ce, dans une perspective d’avenir.
J'aimerais au départ insister sur l'importance du moment de la présentation de la déclaration gouvernementale par le Premier ministre devant les deux Chambres du Parlement, consolidant par-là l'exercice démocratique et la voie du dialogue, conformément à une pratique initiée par notre camarade Me Abderrahmane Youssoufi lors de 6ème législature 1997- 2002, suivi de Monsieur Driss Jettou.
 Par ailleurs, j'aimerais affirmer en toute responsabilité que, depuis le 31 octobre 2007 marquant l'adoption du programme gouvernemental jusqu'à aujourd'hui, le monde a traversé une conjoncture économique similaire aux grandes crises internationales survenues dans le siècle dernier, conjoncture qui a provoqué l'effondrement de plusieurs économies à travers le monde. Il en ressort que toute analyse qui ne prend pas en compte cette donne risquerait de passer à côté de l'objectivité.
Partant, nous nous empressons sans aucune hésitation de dire que cette majorité s'est comportée avec sagesse et rationalité avec cette conjoncture et j'ai salué en temps opportun le fait que cette majorité ait veillé à garder intacts les produits de base et les carburants, soulignant également le fait que les grands chantiers lancés au temps du gouvernement d'alternance et ceux ouverts par SM le Roi Mohammed VI creusaient leur sillon malgré les difficultés conjoncturelles.
Avec le même esprit, nous avons soutenu les grandes planifications en matière d'équipements principaux et les stratégies de lutte contre les déficits dans les domaines de la Santé, l'Enseignement, l'Habitat, le secteur social, la lutte contre le chômage, la pauvreté et la précarité. C'est avec ce même esprit que nous saluons aujourd'hui ce qui a été réalisé, appuyons ce qui est en cours de réalisation et mettons en garde contre les dysfonctionnements.
Permettez-nous, Monsieur le Premier ministre, Messieurs les ministres et Messieurs les députés, de nous interroger nous-mêmes sur cette étape. Quelles conclusions voudrions-nous tirer de ce débat, si besoin en est ? Le gouvernement a agi sur différents fronts, ouvert de grands chantiers et en a suivi l'accomplissement d'autres dans le domaine de l'économie, les équipements principaux dans l'Enseignement, la Santé, l'Habitat, les domaines d'investissement, la Justice, l'Agriculture, l'Industrie, l'Emploi, les domaines sociaux, la réforme du champ religieux, la culture, et d'autres.
Par ce rappel, loin de nous l'idée de faire étalage de chiffres. Nous en avons déjà fait écho lors de la discussion de la loi de Finances. Loin de nous l'idée de faire le bilan des divers secteurs, c'est prématuré de le faire, il n'est pas possible d'en dresser un bilan alors qu'on est à mi-parcours du mandat de l'actuel Exécutif. Nous voudrions ici répercuter les retombées de tout cet effort, d'une part sur l'image interne du pays et sur la vie des citoyens. Et d'autre part, sur l'image du pays à  travers le monde dans lequel nous vivons.   
Image du pays de l'intérieur :
Personne ne peut dire que rien n'a changé, à moins d'être ingrat. Nous vivons dans un pays qui a ouvert partout des chantiers prometteurs. Il s'agit de chantiers structurants et il faut du temps pour pouvoir en juger. Cela dit, il faut un suivi minutieux de ces chantiers pour en garantir l'efficacité. L'image du pays change de l'intérieur de manière positive, et nous avons le devoir d'agir en sorte de les hisser au rang des aspirations communes.
Image du pays au regard de la vie quotidienne des citoyens :
Il serait exagéré de prétendre détenir la vérité. Le problème est qu'il y a un déficit en termes d'études sociologiques, un manque de communication de la part de l'administration qui fait que les jugements de valeurs, d'un point de vue théorique, ne soient jamais objectifs. Mais nous ne devons pas vous cacher en tant que députés que nous ne percevons pas de résultats de ces efforts sur la vie quotidienne de la classe moyenne en tant que moteur de développement et de la dynamique économique, sociale et politique, à plus forte raison sur la vie des couches pauvres, notamment en milieu rural et à la périphérie des villes.   
Il y a une faille quelque part qu'il faudrait combler, car le discours par exemple sur la corruption, l'abaissement notable des prestations de services sociaux et l'impunité, le discours sur ces fléaux, dont les dysfonctionnements de l'opération électorale, n'aurait aucun sens s'il n'était pas accompagné d'actes dissuasifs audacieux.  Deuxièmement, le traitement des dysfonctionnements sectoriels. Lorsqu'on discute d'un dérèglement dans un secteur quelconque, surtout quand il touche au quotidien du citoyen, il ne suffit pas d'en parler. Il faut un suivi précis des projets, le respect des critères de qualité et de transparence dans l'exécution. Le manque de communication avec le citoyen vient en rajouter à l'incompréhension. J'aimerais ouvrir ici une parenthèse, au sujet des médias publics. Ces derniers sont appelés à se développer non seulement pour faire de la propagande pour les uns ou les autres, mais pour remplir leur devoir de service public et présenter le Maroc tel qu'il se présente, avec ses enjeux, ses préoccupations, ses énergies, ses hommes et femmes, ses jeunes … Ses échecs, ses lacunes, ses maux chroniques et urgents, le rêve de ses générations, ses perspectives et les aspirations de ses enfants d'aujourd'hui.
Image de notre pays à l'étranger :
En saluant tous les efforts visant à améliorer l'image de notre pays à l'étranger, et les efforts de nos potentialités oeuvrant en silence dont une poignée d'ambassadeurs de SM le Roi Mohammed VI à l'étranger, de penseurs, d'économistes, de femmes et d'hommes de culture, d'organisations politiques, d'acteurs de la société civile, et des Marocains du monde, nous devons dire au gouvernement que les dysfonctionnements internes et institutionnels, quand ils s'éloignent du cadre de l'Etat de droit, l'Etat des institutions, l'Etat démocratique comme il est universellement connu et reconnu, quand ces dysfonctionnements dévient de leur trajectoire, ils mettent à mal l'image du pays à l'étranger.  
Monsieur le président,
Monsieur le Premier ministre
Mesdames et Messieurs les ministres
Mesdames et messieurs les députés
L'intervention du Premier ministre devant le Parlement devrait susciter un débat public de manière à constituer un outil de propulsion de la dynamique politique, économique et sociale dans le pays, ce qui veut dire que le gouvernement ne devrait pas s'attarder sur les réalisations de son mi-mandat, et laisser à l'opposition et à la presse le soin d'évoquer ce qui n'a pas été réalisé. La reconnaissance des difficultés subjectives et objectives, ainsi que des dysfonctionnements institutionnels, est de nature à permettre au pays de réaliser son progrès, sur la base d'une vision permettant de diagnostiquer la réalité de manière objective et d'agir en conséquence en prenant les mesures nécessaires. Et sur cette base, conformément à notre engagement avec la majorité d'une part et avec les citoyens d'autre part, et en application de la mission du groupe parlementaire pour émettre des opinions sur les questions qui figurent aujourd'hui en tête des préoccupations des citoyens marocains et des défis et enjeux posés au Maroc actuel sur le plan stratégique, politique, économique et social, c'est sur cette base que le Groupe socialiste a axé son intervention.
Monsieur le président,
Monsieur le Premier ministre
Mesdames et messieurs les ministres
Mesdames et messieurs les députés
Il serait évident que la question de notre intégrité territoriale continue à se situer en tête de notre intérêt, à la lumière des prémices  de nouveaux développements en rapport avec le conflit artificiel autour de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc. A cette occasion, j'aimerais insister sur quatre questions principales que nous estimons au sein du Groupe socialiste nécessaires à rappeler : Un, ce conflit a duré plus qu'il n'en faut puisqu'il entame sa quatrième décennie, et il nous incombe de cohabiter avec, ce qui nous impose en tant qu'Etat, forces politiques, institutions, société civile, et toutes les composantes de la Nation, de préserver une mobilisation à toute épreuve, du consensus et de l'unité de la position, d'enraciner chez les jeunes générations et celles à venir le fait que ce conflit nous ait été imposé et que le sacrifice pour la patrie implique un déni de soi. Dans cet esprit, il incombe de poursuivre nos efforts pour un développement exceptionnel de nos provinces du Sud et pour l'ouverture des projets stratégiques structurants pour que nos provinces sahariennes deviennent des portes du Maroc sur l'Afrique, l'Atlantique, pour affirmer la marocanité de ces provinces. La sacralité de cette question nous impose de mettre de côté nos divergences politiques, et de toute vulnérabilité aux difficultés de gestion quelle que soit leur ampleur. Deuxièmement, il faut réunir toutes les conditions adéquates pour accueillir les vagues de ralliés à la mère patrie en provenance de Tindouf, lesquelles se sont intensifiées ces derniers mois, avec ce que cela implique en termes d'intégration et de dialogue, d'autant plus que les ralliés ont vécu plusieurs années sous le joug d'un régime totalitaire avec ce que cela veut dire en termes d'embrigadement idéologique, d'enracinement d'illusions et de mensonges. C'est avec la même foi patriotique que nous partageons avec nos frères dans le Sud que nous joignons notre voix à la leur pour dire : la patrie est au-dessus de tout et la foi dans la patrie est plus grande que n'importe quel défi. Troisièmement, et en rapport avec ce que l'on a dit, il nous incombe de faire de nos provinces du Sud, à la lumière de la proposition d'autonomie, et dans le cadre de la régionalisation annoncée, un modèle de bonne gouvernance, de transparence, en associant les citoyens à la gestion de la chose publique et à la lutte anti-corruption. Cela est de nature à consolider la marocanité de nos proches dans les provinces du Sud et de préserver les acquis que cumule le Maroc sur le plan international sur ce dossier.  Quatrièmement, autant nous mesurons l'importance des acquis que notre pays remporte sur le plan international, notamment en ce qui concerne les positions des pays influents, et la traduction de ces positions dans la résolution 1920 du Conseil de sécurité à fin avril 2010, autant nous appelons à redoubler notre mobilisation diplomatique (gouvernement, parlement, partis, acteurs de la société civile), pour réaliser de nouveaux acquis, rappeler à nos partenaires influents nos intérêts communs, à chaque fois que la question de notre intégrité territoriale est soulevée, forts de nos réformes institutionnelles et structurelles sur le plan intérieur, et de l'image favorable dont jouit notre pays à l'échelle internationale. En même temps, nous réitérons notre appel pour la levée du siège imposé à nos compatriotes séquestrés à Tindouf et pour un recensement objectif de leur nombre par le Haut commissariat aux réfugiés. C'est un acte qui est susceptible de dévoiler plusieurs aspects de ce conflit créé de toutes pièces. Et autant nous saluons la politique de notre pays dans la gestion de ce dossier, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, autant nous nous félicitons des dispositions prises sur le terrain. Sur ce point précis, nous exprimons notre haute considération aux éléments des Forces Armées Royales se tenant prêts, soldats, sous-officiers et officiers, sur les premières lignes de défense ou dans les bases arrières de soutien.

A ces forces et au Chef d'Etat-Major SM le Roi Mohammed VI, nous exprimons notre haute considération, et aux éléments de la Sûreté nationale,  la Gendarmerie Royale, les Forces auxiliaires et la Protection civile, nous exprimons notre estime pour tous leurs efforts pour la préservation de la sécurité intérieure.
En rapport avec notre intégrité territoriale, nous réitérons notre appel au voisin espagnol pour qu'il s'en remette à la logique de l'histoire et de la raison et répondre favorablement à la demande du Maroc en vue de mettre fin à l'occupation des présides marocains de Sebta et Mellilia dans le cadre de négociations sur la base des intérêts communs, étant donné que le dialogue reste le moyen privilégié pour la récupération des villes marocaines occupées et des autres îles occupées par l'Espagne. Il va sans dire que la fuite en avant de l'Espagne sur cette question ne sert en aucune manière l'avenir des relations entre les deux pays. Monsieur le Président
Monsieur le Premier ministre
Messieurs les ministres
Chers collègues
La déclaration du Premier ministre, faut-il le rappeler, intervient dans un contexte international marqué par la crise financière et économique dont les effets collatéraux continuent de déteindre sur les économies nationales, même si la tendance est aujourd'hui à la sortie de crise. En saluant les mesures prises par le gouvernement pour affronter cette crise, notamment en ce qui concerne les mesures préventives et celles visant à soutenir nombre de secteurs touchés, nous appelons le secteur privé marocain à se hisser au niveau de l'accompagnement public dont il a bénéficié, et ce en préservant les postes d'emploi et en contribuant à la stabilité sociale dans un esprit patriotique. Si le tissu économique national a réussi à amortir relativement le choc de la crise mondiale, grâce à la diversité de son offre et aux réformes structurelles initiées par le Maroc depuis dix ans, cela ne devrait pas empêcher de continuer à être vigilant quant aux effets que pourraient avoir sur notre économie les crises touchant des pays de la zone européenne, notre partenaire principal, lequel a pris des décisions douloureuses pour faire face à la crise. En contrepartie, il faut se garder de continuer à appuyer certains secteurs sous prétexte de la crainte de la crise et de sa menace. Le gouvernement est appelé à encourager la transparence au sein des entreprises, interdire le monopole, exhorter la concurrence loyale, faire preuve de fermeté dans l'acquisition des impôts, conformément au principe de l'équité devant les impôts et aux normes de la qualité et la mise à disposition des infrastructures pour l'attraction des investissements et l'affrontement de la bureaucratie administrative qui constituent autant d'entraves à l'investissement et partant à l'emploi et à la croissance.
Parmi les manifestations de la précarité dans notre tissu économique, la poursuite du creusement du déséquilibre dans notre balance commerciale, ce qui reflète la modestie de notre capacité exportatrice et notre compétitivité. Il paraît clair que le bilan des premières années écoulées depuis la signature de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis et l'accord d'Agadir de libre-échange avec la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie n'inspirent pas la satisfaction. Les exportations des Etats-Unis vers le Maroc ont plus que triplé et nos exportations vers ce pays n'ont augmenté qu de 22 pour cent. Il en va de même de nos échanges avec les pays signataires de l'accord d'Agadir puisque l'un de ces pays domine 60 pour cent du marché commun alors que la part du Maroc ne dépasse pas 10 pour cent, un taux qui est appelé à s'élever en perspective de l'exportation des voitures à partir du Maroc vers la Tunisie et l'Egypte.   
Le déséquilibre dans notre balance commerciale invite à reconsidérer notre approche des exportations de manière à encourager les secteurs à forte valeur ajoutée qui pourraient permettre au Maroc de conquérir les marchés traditionnels et la recherche de nouveaux marchés prometteurs, notamment dans le sud est d'Asie. Cela nécessiterait l'encouragement de la logique de la productivité et de l'industrialisation, au lieu de l'orientation commerciale.  
Parallèlement à cela, il conviendrait d'encourager la consommation interne des produits marocains.
Monsieur le président
Monsieur le Premier ministre
Mesdames et messieurs les ministres
Mesdames et messieurs les députés
Parmi les principaux objectifs de tout gouvernement ayant une assise sociale, surtout quand ce gouvernement est politique et constitué de partis, l'amélioration des conditions de vie des citoyens, l'augmentation de leurs revenus compte tenu de l'importance de cela pour la stabilité sociale, la hausse de consommation et l'élargissement du tissu économique. Le gouvernement actuel est constitué principalement de formations politiques ayant conduit le militantisme social sur de longues décennies. Il est inacceptable pour ce gouvernement d'emprunter une autre voie que celle-ci. Dans ce sens, nous considérons que les efforts fournis pour renforcer le pouvoir d'achat et l'augmentation de salaires ne sont pas homogènes avec la flambée préoccupante des prix des marchandises et des services, ce qui empêche la classe moyenne notamment, elle qui joue un rôle central dans les sociétés modernes, surtout en termes de consommation, de remplir cette tâche. Nous estimons au sein du Groupe socialiste qu'il faudrait prendre des mesures courageuses pour impulser le pouvoir d'achat. Un, la baisse de l'impôt sur la valeur ajoutée compte tenu des effets de cette mesure sur les prix et c'est ce que le gouvernement avait promis. Et eu égard à la transversalité de cette mesure parallèlement à la poursuite de l'abaissement annuel graduel de l'impôt général sur le revenu conformément à l'engagement du gouvernement qui s'en est bel et bien acquitté. Deux,  faire en sorte que la nouvelle grille des salaires sorte le plus tôt possible et que le fossé entre les salaires minimums et les hauts salaires se réduise. Trois, la généralisation des services présentés aux fonctionnaires et aux employés. Quatre, l'accélération de la réforme de la Caisse de compensation dans la mesure où l'aide publique va à ce qui de droit.
Moralisation de la vie publique et revalorisation de la politique :
Monsieur le président
Monsieur le Premier ministre
Mesdames et messieurs les ministres
Chers collègues
Le Maroc a réalisé des acquis importants en matière de préservation des droits individuels et collectifs, de la liberté d'expression, d'opinion et de presse, avec ce que cela implique en termes de démocratie, et ce grâce aux grandes réformes institutionnelles et politiques initiées par le pays durant les quinze dernières années. Ces réformes se sont renforcées pendant les dernières années au niveau de la législation et de la mise à disposition des mécanismes juridiques, en vue de leur mise en œuvre. Dans ce sens, notre Groupe ne peut que saluer la création de l'Instance nationale de prévention contre la corruption, l'accélération de l'amélioration du fonctionnement des institutions de contrôle de la gestion de l'argent public, la mise en œuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation, notamment en ce qui concerne la réparation et l'activation des lois sur la déclaration de patrimoine, entre autres dispositions. Cela étant, cette dynamique réformatrice bute contre nombre de pratiques négatives qui nuit au pays et met à mal son parcours démocratique. Ces pratiques sont devenues de réelles problématiques exigeant de nous du courage en vue de les affronter. Première problématique: la poursuite de pratiques préjudiciables à la vie politique, notamment lors des élections. Les élections de 2007 et celles de 2009 avec ses 9 étapes, ont été l'occasion pendant laquelle l'opinion publique a pu mesurer le degré de débâcle atteint par la pratique politique en raison de l'usage de l'argent dans les élections et le recours à des moyens illégaux pour drainer des électeurs, petits et grands. Il était donc naturel que notre pays continue à enregistrer une faible participation à ces échéances, quoique le taux de participation ait augmenté en 2009 comparativement à celui de 2007.
Monsieur le Premier ministre, alors que vous présidez un parti national partageant avec l'USFP une longue histoire de militantisme national, démocratique, et l'honneur de s'être associé au processus de la transition démocratique sous la conduite du défunt Roi Hassan II, et celui de persévérer dans la même voie avec sagesse et courage avec son successeur SM le Roi Mohammed VI, Monsieur le Premier ministre, vous réalisez l'ampleur des dégâts causés par les corrompus pour le pays et pour son processus de développement et de démocratisation. A mi-parcours de son mandat, ce gouvernement est appelé à prendre les mesures nécessaires et s'armer de législations pour assainir la vie politique pour que les institutions élues ne soient pas des otages des lobbies corrompus, et ce dans un sens réformateur de toutes les institutions et de la vie politique et de ses mécanismes. Ce qui est demandé est la réforme des lois électorales, de la loi sur les partis, en vue d'empêcher les corrompus de faire incursion dans les institutions. Plus clairement, il faut en finir avec l'impunité avec ce que cela devrait comporter de messages au commun des corrompus qui diffusent la culture de la corruption d'une part, et d'autre part pour le commun des citoyens qui vont apprécier l'application de la loi. Nous avons saisi les signaux de votre discours et nous estimons nécessaire de joindre les paroles à des actes concrets. A l'approche des échéances de 2012, le gouvernement est appelé à ouvrir ce chantier législatif pour que nous ne travaillions pas et légiférions sous pression, et ce dans le sens de la criminalisation de la corruption électorale en tenant à l'esprit les lacunes enregistrées lors de 2007 et 2009, tout en reconsidérant ce que l'on appelle les grands électeurs et le découpage électoral. Deuxième problématique : la poursuite des dysfonctionnements dans la gestion des institutions publiques, certaines administrations et nombre de collectivités locales et la continuation du détournement des deniers publics. Dans ce sens, nous saluons les rapports de la Cour des comptes, l'Inspection générale des Finances et l'Inspection générale de l'administration territoriale. Par la même occasion, nous lançons un appel pour l'accélération de l'engagement de la procédure judiciaire et la réhabilitation des dénonciateurs de la corruption. Le problème est beaucoup plus important et dangereux qu'il ne saurait se limiter à un simple acte administratif ou judiciaire, nous sommes face à un cancer répugnant à tout acte thérapeutique en dehors de l'éradication. A cet égard, des mesures répressives pourraient insuffler une dynamique positive à la vie publique et dans l'administration marocaine. Pour ce faire, nous devrions nous armer de courage et agir de manière à appuyer toutes les procédures de contrôle, dont celui du Parlement (examen, questionnement, missions d'enquête). Nous estimons qu'il est inacceptable que des institutions publiques stratégiques fonctionnent à l'abri du contrôle parlementaire, d'autant plus que ces institutions bénéficient d'un investissement plus grand que les deux tiers du montant des investissements publics. Troisième problématique : la poursuite de l'économie de rente et du régime des prérogatives dans le domaine de l'immobilier, les services, et de l'épuisement du foncier public, ce qui dessert l'image du Maroc du troisième millénaire, se met en contradiction avec les efforts de réforme et risque de mettre en brèche les espoirs d'un Maroc équitable.  Sur ce point précis, j'aimerais m'arrêter sur les cessions de terrains fonciers publics tantôt sous prétexte d'encouragement de l'investissement tantôt de la mise à disposition de l'habitat. A cet égard, nous sommes face à une situation d'épuisement du réservoir foncier public que le Maroc a préservé pendant environ cinquante ans, jouant un rôle dans l'adoption d'institutions et d'administrations publiques et dans l'équipement du pays ainsi que dans la mise à disposition d'espaces verts. Le gouvernement est appelé à stopper cette hémorragie se déroulant tantôt sous le vernis juridique et dans la plupart des cas en dehors de la loi. C'est un dépôt historique que le foncier public et nous avons le devoir de le préserver pour les générations à venir. Et en rapport avec cela, nous dénonçons le détournement des terres communautaires au détriment des ayants droit qui n'en bénéficient pas. Notre souhait est que l'ouverture de ce dossier ne soit pas remise à plus tard. Quatrième problématique, elle est en rapport avec ce qui précède et elle se manifeste par l'inégalité des chances entre les citoyens, que ce soit au niveau de l'emploi ou celui des responsabilités. La crise du chômage et l'emploi des diplômés ont été au cœur de la déclaration du gouvernement, mais l'enlisement que connaît ce dossier malgré les efforts déployés devrait être rattrapé, pour la simple raison que cela constitue une violation de l'un des piliers de l'Etat de droit avec ce que cela implique en termes de désespoir, de rancune, suscitant le sentiment de ne pas s'intéresser à la chose publique. L'Etat est appelé à garantir l'égalité des chances entre les citoyens, pour assurer un équilibre entre les droits et les devoirs, et estomper les inégalités sociales qui  découleraient de l'injustice que pourrait ressentir le citoyen devant la pratique de la discrimination et l'absence d'équité. Il est donc nécessaire d'appuyer le dialogue social, prendre en considération les protestations ouvrières et accélérer le processus de mise en place des projets de loi relatifs à la grève, à la couverture médicale, dont la celle des étudiants. L'affrontement de ces aspects négatifs demande une réforme structurelle de l'administration publique, son humanisation, sa réconciliation avec le citoyen, son respect du principe de transparence dans la prise de décision et la rupture avec la tradition des fausses promesses. Il ne fait pas de doute que le progrès technologique nous donne nombre de moyens pour contraindre l'administration à entrer de plain-pied dans cette nouvelle ère. Cinquième problématique : elle est en rapport avec la lutte anti-corruption, le népotisme et le clientélisme, ce qui constitue également une entorse aux principes de l'Etat de droit et de la démocratie. Les efforts que votre discours souligne ne répondent pas aux attentes. Nous avons fait exprès d'insister sur ces manifestations, étant donné que ces dernières sont en contradiction avec le processus de réforme et de l'édification de l'Etat démocratique et moderne, ce qui entrave le progrès et crée des fossés sociaux dangereux, au moment où l'Etat moderne a besoin de cohésion sociale.   
Monsieur le président
Parmi les grands chantiers ouverts par le Maroc, celui de la régionalisation. Dans ce sens, nous enregistrons avec intérêt le fait que SM le Roi ait choisi la méthodologie de la concertation dans l'élaboration d'un modèle marocain de régionalisation et chargé une commission consultative d'œuvrer dans ce sens. La mise en œuvre de ce chantier est susceptible d'approfondir la pratique démocratique dans notre pays. Il aurait été judicieux de la part du gouvernement de préparer la voie par la prise d'autres dispositions relevant de ses attributions administratives, notamment en matière de décentralisation et reconsidérer la déconcentration des décisions administratives et la mise à niveau de l'administration en perspective de l'entrée en vigueur de ce projet. La déconcentration et la décentralisation resteront inefficaces si elles n'étaient pas accompagnées d'une réforme du système de la gouvernance financière publique (la déconcentration financière) et en l'absence d'une loi sur les partis et les modes électoraux en vue de faciliter l'émergence d'élites et de potentialités locales capables de gérer les affaires locales et régionales et jouer leur rôle dans la mobilisation et l'intermédiation. Nous nous demandons avec vous, Monsieur le Premier ministre, si nous ne serions pas en train de rater l'occasion de mise à niveau de nos villes, car au moment où des budgets importants sont débloqués et que SM le Roi veille personnellement à donner le coup d'envoi à ces projets, à ce moment nous nous demandons si les élites qui dirigent aujourd'hui nombre de villes, notamment les petites et moyennes, sont capables de relever le défi. La mise en œuvre du projet de régionalisation interviendra dans un contexte national marqué par la réalisation de chantiers stratégiques structurants (autoroutes, ports, aéroports, nouvelles villes, etc), parallèlement à la réalisation d'une croissance continue. Si ces projets sont considérés comme l'une des manifestations de la modernité et du développement, nous nous demandons toutefois si ces projets et les mesures accompagnatrices auront pour objectif d'atténuer l'impact des disparités territoriales entre les régions et la distribution des fruits de la croissance entre l'ensemble des régions et secteurs du Maroc, évitant ainsi l'approfondissement des inégalités territoriales et régionales. Le redressement des dysfonctionnements territoriaux et ceux sectoriels constituent autant de facteurs vitaux pour la région. La question aujourd'hui est de mesurer le degré d'égalité entre les régions pour l'implantation des projets.
Monsieur le Premier ministre
Mesdames et messieurs les ministres
Mesdames et messieurs les députés
Parmi les choix principaux du Maroc, outre la lutte contre l'analphabétisme omise par la déclaration, l'adoption de politiques et de stratégies sectorielles. Et si nous saluons cette politique visant la mise à niveau sectorielle, la modernisation et l'émergence de pôles et de secteurs pionniers, la modestie des résultats de certains d'entre eux exige du gouvernement une révision de sa planification sur la base d'une vision globale, la définition de calendriers précis et une coordination entre les différents secteurs en vue de clarifier la vision économique du gouvernement. D'autre part, et afin d'insuffler un esprit politique à ces plans et à leur mise en œuvre, il serait efficace d'associer le Parlement pour l'enrichissement des stratégies.  
En conclusion, Monsieur le Premier ministre, avec les mêmes convictions qui encadrent notre orientation au sein de l'USFP en tant que composante de la majorité, nous avons présenté notre point de vue partant d'un côté de notre participation à l'édification de notre pays et à son développement. D'un autre côté, nos constats sont cohérents avec nos convictions et nos engagements vis-à-vis de notre électorat. Et ces constats sont émis également sur la base de notre adhésion à la majorité gouvernementale dans le cadre d'un contrat politique, économique, social et culturel et que cette majorité défend aujourd'hui avec courage non seulement du point de vue d'une majorité consentante mais d’une majorité qui débat, propose, demande des comptes, rectifie, avertit, enrichit les projets, les suit, salue les succès parce que ce sont des succès avant et après tout du Maroc entier.  Nous sommes donc appelés à prendre suffisamment de mesures pour revaloriser l'action politique et enraciner à nouveau les valeurs de confiance, de participation et de solidarité, et d'un autre côté nous sommes appelés à adopter des politiques susceptibles de garantir les valeurs d'équité, de justice, de qualité, de compétence dans la production et les responsabilités. Ce sont là les atouts d'un Etat moderne, démocratique, fidèle à son histoire. 


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