«Moulay Ahmed Ben Smail, écrit El Maleh, se situe à l’écart de ces magouilles pseudo artistiques, à l’écart aussi de ces prétentions intellectualistes qui, en peinture, en photographie, comme en tout autre domaine d’activité artistique, agitent des concepts, masquant ainsi une impuissance effective à créer quoi que ce soit Spontanéité, simplicité».
Se refusant aux apparences en vogue actuellement, Ben Smaîl s’empêche de suivre le mouvement auquel tiennent mordicus les arrivistes de tous bords, les faux intellectuels, avocats plaidant pour les idées toutes faites, adorateurs de la banalité, faisant fi du sort des cultures.
Tenant à transmettre les belles valeurs émergeant de la tradition, Ben Samîl use de son art pour chercher à partager ce qu’il y a de beau et de bon dans la culture marocaine. Celle-ci mérite d’accéder au rang de l’universalité étant à même d’enseigner l’une d’elle, en l’occurrence, l’humilité.
En effet, l’art de Ben Smaîl n’aspire pas à être moderne sans prendre en considération la tradition, ses photos font voir la médina, par le biais du prisme artistique spécifique dont il a la maîtrise, afin de nous rappeler qui nous sommes vraiment, quelle est notre histoire. Ce rappel ambitionne l’éveil de conscience dans la mesure où c’est un appel à la connaissance de soi. Le célèbre adage « connais-toi toi-même » serait non avenu sans la connaissance de l’histoire et de la tradition du pays auquel on appartient.
A contempler l’art de Ben Smaîl, nous ne pouvons assurément pas échapper à la mémoire, ni non plus au passé, notre propre passé.
Raison pour laquelle, le photographe n’entend pas la modernité dépourvue de tradition. La modernité est dans la tradition, l’art émane de nous, car émanant de ce que d’autres avant nous avaient réalisé. L’art de la halqa passe d’une génération à l’autre, c’est un héritage que nous ont légué nos maîtres, il ne faut pas le perdre, sinon, nous perdons ce qui nous construit et ce que nous construisons au fil des jours et des années.
Ben Smaîl ne se laisse donc pas charmer par les magouilles artistiques, il ne se limite pas aux apparences, sachant pertinemment que le devoir d’un artiste est de fouiller honnêtement sa culture de façon à en faire surgir ce qui la définit vraiment et ce qui établit ses fondements. Il propose par son art une esthétique de l’humble ancrée dans la mémoire. Bref, Ben Smaîl a l’oeil en éveil, et c’est le moins que l’on puisse dire !
Par Najib Allioui
Professeur agrégé de français
aux classes préparatoires de BTS Casablanca