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Placée sous le thème "L’Art et le patrimoine", cette exposition-conférence a permis à l’audience, composée de personnalités du monde de la culture, de chercheurs et d’étudiants de comprendre les origines et l’évolution de l’art européen, au début du XIXème siècle et bien avant, l’impact de la photographie sur la peinture et le rôle de l’art plastique dans la sauvegarde et la préservation du patrimoine marocain.
Dans son intervention, M. Bennani a expliqué que le début du XIXème siècle a été marqué par l’émergence de deux écoles de peinture, à savoir l'école romantique et l'école classique, soulignant que les artistes peintres de toutes les écoles, de la Renaissance à l’école classique, devaient obéir à des règles strictes, présenter leurs œuvres à un jury officiel pour en discuter la signification historique, le choix des couleurs, la construction mathématique et l’aspect technique (la règle du clair obscur, la règle du nombre d’or, etc) pour pouvoir être présentées ensuite au Salon officiel.
Par ailleurs, l’artiste peintre a souligné que le jury officiel constituait un réel "frein" pour l’émancipation des artistes, étant donné qu’ils ne pouvaient s’exprimer qu’autour de certains thèmes précis, faisant de leurs œuvres "d’éternelles répétitions du passé".
L’émergence de la photographie en 1825 a été un véritable "coup d’éclat" dans le monde de l’esthétique, a fait savoir M. Bennani, arguant qu’elle a été accueillie très froidement par les écrivains ainsi que par les artistes peintres classiques, la voyant comme "une forme d'hérésie et de profanation de l’art".
En outre, cette dernière a eu de lourdes conséquences pour les artistes peintres, étant donné qu’elle a entraîné l'amenuisement de leurs revenus, a noyé le marché par des posters bon marché et a entraîné une augmentation des commandes de batailles militaires en faveur des photographes.
Dans ce contexte, des artistes peintres à l’instar d’Auguste Renoir, Paul Cézanne et Claude Monet, pour ne citer qu’eux, ont pris l’initiative de devenir des créateurs, abandonnant précision et minutie en faveur des couleurs.
Menant "la plus grande révolution" qu’a connue le monde de la peinture de la Renaissance italienne du XVème siècle à nos jours, ces artistes peintres impressionnistes ont continué de croire en leurs idées, malgré les commentaires négatifs des journalistes et des critiques d’art qui voyaient en eux "des fous et des anarchistes".
Au Maroc, l’art a été très présent au fil de l’Histoire grâce, par exemple, à la calligraphie et à la sculpture sur bois et sur plâtre, mais l’art plastique n’a commencé qu’en 1960, a expliqué M. Bennani, saluant le "génie créatif" des artistes peintres marocains, qui leur a permis de s’imposer tant au niveau national qu’international.
Dans son intervention, l’artiste peintre a noté que les précurseurs marocains ont été influencés par les mouvements artistiques occidentaux tels que le cubisme et le réalisme, mais non assimilé par le public marocain.
Dans le but de se faire comprendre par l’audience locale, les artistes peintres qui ont suivi ont alors décidé d’utiliser de la figuration, représentant des éléments du patrimoine marocain, des scènes quotidiennes, des chameaux, des coutumes et des traditions, pour faire de la peinture une vraie "documentation visuelle", a fait savoir celui qui s'est toujours intéressé aux Kasbahs marocaines, qu'il considère comme un véritable patrimoine en proie à l'érosion et au changement climatique.
Economiste de formation, Afif Bennani est le chef de fil du "silencisme", un nouveau mouvement artistique qui commence peu à peu à prendre de l’ampleur au Maroc. Il entame sa carrière en tant qu’artiste peintre en 1992, à travers diverses expositions (Maroc, Etats-Unis, France, Suisse, Allemagne, Emirats arabes unis, Irak, Mauritanie).
En 1991, et sur ordre de Feu SM Hassan II, il organise une expo de l’artisanat marocain au sein du département américain des affaires étrangères à Washington et est décoré en 1998 du Wissam alaouite du mérite national.
En 2000, la Fédération nationale de la culture française lui décerne le diplôme par lequel elle reconnaît sa contribution au patrimoine artistique de son époque et l’admet, deux ans après, membre à vie, tandis que l’Association des artistes de la communauté européenne l’admet en tant que membre.
Ses œuvres, d’un style figuratif qui représente les paysages et les scènes humaines du Maroc, sans oublier les natures mortes, sont dans différentes collections et organismes privés et publics marocains et dans divers pays : Etats-Unis, Suisse, France, Allemagne, Espagne, Italie, Liban, Ukraine, Corée du Sud, Mauritanie, Irak, Grèce.