Affaire des sept détenus : Le Médiateur exige l’ouverture d’une enquête sur de présumées tortures


M’Hamed Hamrouch
Lundi 19 Juillet 2010

«Il n’est pas question de tolérer un retour à la torture dans le Maroc d’aujourd’hui ». C’est ce qu’a affirmé à « Libé » une source de l’association « Le Médiateur pour la démocratie et les droits de l’Homme », en réaction à des allégations selon lesquelles sept membres de l’ONG islamiste d’Al Adl Wal Ihssane auraient subi des actes de torture, un mois après l’éclatement de violents incidents ayant opposé, à Fès, des activistes de l’ONG islamiste interdite avec les forces de l’ordre. En précisant être opposée à la méthode d’Al Adl Wal Ihssane, prônant la confrontation avec l’Etat, ainsi qu’avec son idéologie intégriste, « le Médiateur » affirme rejeter toute forme de torture sous le nouveau règne, faisant valoir les grandes avancées enregistrées par le Royaume sur le registre des libertés et des droits de l’Homme. Se basant sur des témoignages, recueillis auprès des familles des sept détenus, « Le Médiateur » appelle le ministère de l’Intérieur à ouvrir, immédiatement, une enquête pour élucider les circonstances dans lesquelles auront été arrêtés les sept « adlistes » et déterminer les responsables de présumés actes de torture sur ces derniers. Selon un récent communiqué, dont « Libé » a reçu copie, « le Médiateur » affirme avoir recueilli des aveux selon lesquels les domiciles des familles des détenus auraient été perquisitionnés le 28 juin 2010 par des personnes qui auraient refusé de décliner leur identité mais qui seraient des membres de la Sûreté nationale, ayant pénétré par effraction dans leurs domiciles et saisi des biens personnels dont des ordinateurs, des CD Rom, ainsi que des téléphones portables, après avoir procédé à l’arrestation des sept « adlistes ». Il s’agit d’Abdellah Bella, Hicham Houari, Hicham Sabah, Azeddine Slimani, Abou Ali Lamnaouar et Tarek Mohla, révèle « le Médiateur ».
S’agissant de la perquisition de leurs domiciles, les familles affirment avoir été violentées après avoir demandé aux « assaillants » de décliner leur identité et de montrer s’ils avaient reçu l’ordre de la part du parquet de procéder à l’arrestation de leurs enfants. Sur ce point, les familles font état de « menaces », d’« intimidations » et de « violences » à l’encontre de leurs membres.
En ce qui concerne les tortures présumées sur leurs enfants détenus, les mêmes familles déplorent des « traitements inhumains » et « dignes d’une époque que l’on croyait révolue », en l’occurrence celle des années de plomb. Suite à leur visite à leurs enfants, à la prison d’Aïn Qadouss, à Fès, les familles se seraient arrêtées elles-mêmes sur des séquelles de torture. Les détenus auraient affirmé avoir subi différentes formes de sévices physiques et psychiques. Sur le plan physique, on évoque des « tortures par suffocation », des « sévices sexuels », l’« électrocution », et ainsi de suite.
Les sévices psychiques ne seraient pas en reste. D’après les témoignages des familles des détenus, ces derniers auraient été menacés de « viols sur leurs femmes ».
D’où la nécessité, voire l’exigence, insiste « le Médiateur », d’une enquête pour confirmer ou infirmer les faits reprochés.
Evoquant l’état de santé des détenus, « le Médiateur » relève des cas critiques. Parmi ces derniers, figurent celui d’Abdellah Slimani qui se serait opéré quatre fois du cœur et celui d’Abdellah Bella qui souffrirait de la maladie du diabète. « Le Médiateur », se basant toujours sur les témoignages des familles, déplore le refus des autorités de mettre à la disposition des détenus les médicaments nécessaires et les interpelle à permettre leur hospitalisation vu l’aggravation de leur état de santé.
Au-delà des détenus, « le Médiateur » exige la vérité sur des allégations selon lesquelles les familles des détenus auraient été victimes de violences lors de la perquisition de leurs domiciles.
Pour rappel, l’affaire des sept détenus d’Al Adl Wal Ihssane a été portée devant le Parlement au milieu de la semaine écoulée. Une enquête a été demandée par l’USFP pour faire la lumière sur cette affaire.


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