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Adieu jogo bonito, place à la raça pour les BrésiliensMardi 8 Juillet 2014
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Place à la "raça" l'engagement, le coeur, l'amour du maillot, le sacrifice, le don de soi... Pour aller en finale sans Neymar, le Brésil doit avant tout lutter, transpirer, se battre plutôt que de se lancer dans un jeu ambitieux de "jogo bonito". "Raça, garra et larmes": le programme est lancé et l'auteur de ce tweet après la victoire en 8e contre le Chili n'est autre que la présidente brésilienne Dilma Rousseff. La +raça+ et la +garra+ sont des termes typiquement brésiliens qui n'ont d'équivalents qu'en espagnol avec la Grinta ou la garra... La seleçao ne fait plus du jogo bonito une priorité depuis bien longtemps déjà et celle de Luiz Felipe Scolari repose aujourd'hui plus sur l'envie des joueurs et leur adhésion au projet qu'à un football chatoyant. Contre la Colombie, ce sont les Cafeteros qui représentaient, le "football-art" inventé par les Brésiliens. En panne d'imagination depuis le début de sa Coupe du monde, la seleçao a mis engagement physique et solidarité plus que petits ponts et crochets pour arriver en demi-finales. Même s'il continue d'avoir des joueurs au bagage technique extraordinaire et sont capables par moments de beaux enchaînements, le Brésil a perdu depuis des lustres la naïveté et l'innocence des équipes des années 1970-1980 qui jouaient bien mais ne gagnaient rien (aucun titre entre 1970 et 1994). Pas que durcir le jeu Le Brésil sait désormais truquer, faire des fautes, ralentir ou faire de l'anti-jeu quand cela sert ses desseins. S'il est plus fort techniquement, il fera circuler le ballon, s'il l'est moins, il en appellera à d'autres valeurs. Contre la Colombie qui paraissait plus forte techniquement les Brésiliens ont durci le jeu, commettant des fautes, intimidant clairement leur adversaire à l'image d'un Fernandinho qui est allé percuter à deux reprises le maître à jouer colombien James Rodriguez, meilleur joueur du tournoi. Il est difficile de croire que ce n'était pas prémédité... Le Brésil a réussi à attirer la Colombie dans le registre qui l'arrangeait. "On n'a pas réussi à développer notre jeu comme d'habitude", a déclaré le sélectionneur de la Colombie José Pekerman, soulignant que le jeu avait été "haché" (54 fautes) en raison "des frictions". "C'était un match que les deux équipes voulaient gagner. C'était devenu un peu chaud. Il y avait des tacles forts mais les Brésiliens faisaient pareils", a reconnu Juan Camilo Zuniga, le défenseur qui a... finalement blessé Neymar. Le Brésil est donc passé à la Pyrrhus puisqu'il a perdu son meilleur joueur. Il n'a donc désormais plus le choix: il faudra cette "raça" pour passer. Mais, la "raça" ce n'est pas forcément durcir le jeu. C'est aussi courir 50 m pour aller défendre après avoir attaqué, se jeter pour marquer ou empêcher un ballon de passer, ne pas se décourager... Et, même aller marquer un but magnifique en dribblant deux défenseurs après un une-deux comme dans une des chansons brésiliennes les plus célèbres dans laquelle l'attaquant "Fio Maravilha" montre "sa malice et sa +raça+" (Jorge Ben). La raça, c'est une attitude et de ce point de vue le soutien des 200 millions de Brésiliens et des supporteurs au Mineirao est capital. Ils peuvent insuffler force et courage aux joueurs pour qu'ils créent un exploit contre l'Allemagne. "J'y crois, j'y crois", avaient chanté les supporteurs dans le même stade en 8e de finale avant les penalties contre le Chili. "La foi déplace des montagnes", dit-on. Et, le peuple brésilien, espère que la raça bougera les Allemands.
AFP
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