Grand coureur cycliste, Mohamed ben Ahmed, c'est ainsi qu'on l'appelait dans le peloton autrefois, avait réalisé dans les années trente un grand exploit en remportant une étape du Tour du Maroc cycliste, une course à étapes qui n'a rien à voir avec le Tour actuel. C'était le temps des grandes étapes de plus de 200 km, l'époque des forçats de la route comme on appelait autrefois les cyclistes tellement c'était difficile.
Le défunt fut de tous les combats aux côtés de Abdeslam Michiche Alami d'abord au WAC cyclisme, créé en 1947, puis à la Fédération Royale marocaine de cyclisme dont Mchiche fut le premier président et haj Mohamed Bahloul l'entraîneur national (il faisait tout à l'époque : masseur, mécanicien et entraîneur), puis le DTN détaché à la fédération par le ministère de la Jeunesse et des Sports dont il relevait, poste qu'il occupa sans interruption jusqu'à sa retraite au début des années quatre-vingts. Faute de relève, il fut amené à exercer ses fonctions bien après avoir été admis à faire valoir ses droits à la retraite.
Très compétent dans son domaine, Haj Mohamed Bahloul était respecté et écouté dans le milieu du cyclisme national. Il a formé et encadré plusieurs générations de champions et notamment Mohamed El Gourche, triple vainqueur du Tour du Maroc, Abderrahmane Farak, Ghandora Lachheb, Larbi Koreyem, Abdallah Kaddour, le seul Marocain vainqueur d'étape à la Course de la Paix, Kasbaoui, Adlaoui, Belcadi, Najjari, Laâfissi, Hafas, Katim, Afandi, Belkahla, Rhaïli, Benbouilla, Touzani, Rbib, Latrache, Aït Oufkir, Lahmami, Eddaïf, Lachheb, Abade entre autres.
Dans un milieu très mouvementé et souvent divisé, Haj Mohamed Bahloul savait garder ses distances. Car pour lui, seul l'intérêt suprême du vélo devait primer sur le reste. Et au plus fort de la crise que vient de traverser le cyclisme national, il fut nommé par le ministère de tutelle membre du Comité provisoire de gestion de la FRMC. Il déploya des trésors d'imagination pour que le cyclisme sorte grandi de cette crise et paya souvent de sa personne pour rapprocher les points de vue des uns et des autres. Il fut le sage des sages en cyclisme.
Et après de très longues années de bons et loyaux services à la tête de la Direction technique nationale, il passa le témoin à Mostafa Najjari, son ancien élève. Mais il ne perdit pas pour autant le contact avec le cyclisme car il continua à diriger la section du Wydad jusqu'en 2008 où il céda la présidence à un jeune dirigeant et devint vice-président du club. En 2007, il fut élu vice-président de la FRMC, poste qu'il occupait jusqu'à sa mort vendredi dernier après toute une vie consacrée au cyclisme, un sport que le défunt a servi avec amour, abnégation, un sens aigu des responsabilités et conscience professionnelle remarquables.