Accord pour un échange de prisonniers entre les belligérants au Yémen

Le processus politique semble prendre le dessus sur la guerre


Mercredi 5 Décembre 2018

Le gouvernement et les rebelles au Yémen ont conclu un accord pour échanger des centaines de prisonniers avant l'ouverture de pourparlers de paix prévus en Suède, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Hadi Haig, en charge de la question des détenus au sein du gouvernement yéménite, a déclaré à l'AFP que l'accord signé cette semaine concernerait entre 1.500 et 2.000 membres des forces progouvernementales et entre 1.000 et 1.500 rebelles Houthis.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a "salué" cet accord, dans une déclaration à l'AFP.
L'émissaire de l'ONU, Martin Griffiths, avait évoqué dès le 16 novembre devant le Conseil de sécurité de l'ONU la possibilité de parvenir à un tel accord et signalé des "progrès" dans les tractations. "Ce sera un important geste humanitaire et un message de paix destiné au peuple yéménite", avait-il dit.
L'accord a été confirmé par un représentant des rebelles, Abdel Kader al-Mourtadha, qui a souhaité, dans un tweet, qu'il soit "appliqué sans problème".
Il est interprété par des diplomates comme une nouvelle mesure de nature à renforcer la confiance entre les belligérants avant des pourparlers de paix en Suède.
Une première mesure a consisté à évacuer lundi 50 blessés parmi des rebelles Houthis vers le sultanat d'Oman où ils doivent être soignés.
L'opération a été rendue possible à la suite d'une autorisation de la coalition antirebelles menée par l'Arabie Saoudite qui intervient au Yémen en soutien au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Selon le représentant du gouvernement yéménite Hadi Haig, la grande majorité des prisonniers rebelles concernés par l'échange sont des combattants, alors que ceux des autorités reconnues par la communauté internationale sont des politiques et des civils.
Parmi ces derniers figurent, selon lui, l'ancien ministre de la Défense Mohammed Soubaïhi, le général Nasser Mansour Hadi, ancien responsable des renseignements d'Aden et frère du chef de l'Etat, et d'autres officiers et responsables politiques.
M. Haig a précisé que la mise en application de l'accord se ferait seulement après les négociations de paix en Suède, qui pourraient se tenir rapidement. L'opération sera confiée à une commission mixte, assistée par le CICR.
"C'est un pas dans la bonne direction vers l'instauration d'une confiance mutuelle entre les communautés yéménites", a souligné une porte-parole du CICR Mirella Hodeib, dans une déclaration à l'AFP.
Elle a confirmé que son organisation avait été approchée en raison de "son expertise dans le domaine de la détention et des échanges de prisonniers et de son rôle d'intermédiaire neutre".
Par ailleurs, le gouvernement des Emirats arabes unis, un des piliers avec l'Arabie saoudite d'une coalition militaire soutenant le gouvernement yéménite, a estimé mardi que les pourparlers prévus en Suède constituaient une chance "décisive" pour mettre fin à un conflit meurtrier qui dure depuis quatre ans.
"Nous pensons que la Suède offre une occasion décisive pour s'engager avec succès dans une solution politique pour le Yémen", a déclaré Anwar Gargash, ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères.
"Une solution durable menée par les Yéménites offre la meilleure chance pour mettre fin à la crise actuelle", a-t-il dit, ajoutant toutefois: "Un Etat stable, important pour la région, ne peut coexister avec des milices illégales".
M. Gargash a rappelé l'importance de la résolution 2216 adoptée en avril 2015 par le Conseil de sécurité de l'ONU qui souligne la légitimité du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi et exige le retrait des Houthis des villes et régions qu'ils occupent au Yémen, ainsi que la restitution des armes lourdes, dont les systèmes de missiles.
La résolution 2216 offre "une feuille de route réaliste", a estimé le ministre émirati.
La réouverture prochaine de l'aéroport international de Sanaa et un échange de prisonniers figurent parmi d'autres "mesures de confiance" possibles prochainement, selon des sources politiques yéménites.
La situation humanitaire s'est considérablement aggravée ces derniers mois dans ce pays pauvre de la péninsule arabique où des millions de civils sont menacés par la famine, indépendamment des combats.
Partis en 2014 de leur bastion dans le nord du Yémen, les Houthis, qui sont soutenus politiquement par l'Iran, ont pris le contrôle de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa et la ville portuaire de Hodeida (ouest).


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