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Selon les rédacteurs de ce document, si l’Algérie apparaît comme le pays le moins inégalitaire en Afrique du Nord, le Maroc est, pour sa part, classé comme le plus inégalitaire. L’augmentation la plus forte des inégalités a eu lieu entre les années 1998 et 2007 alors que le pays n’était pas sous ajustement structurel mais il était plutôt entré dans un processus d’intégration structurel avec l’Union européenne dans le cadre des accords d’association. Mais entre 2007 et 2013, il y a eu une légère baisse des inégalités.
Ledit document précise, en outre, que la structure des inégalités au Maroc, comme celle de la Libye et de l'Egypte se rapprochent du modèle russe avec une particularité pour le Maroc où les pauvres détiennent une part beaucoup moins importante que dans les deux autres pays mais cette part ne descend pas en-deçà des 10% comme sur la totalité du continent africain. « Dans les cinq pays d’Afrique du Nord, la classe riche ne dépasse pas les 50% du revenu national comme c’est le cas sur la totalité du continent africain et au Moyen-Orient malgré le fait que l’Afrique du Nord est à la croisée de l’Afrique et du Moyen-Orient.
Avec une classe moyenne qui détient plus de 35% du revenu national, nous sommes loin du modèle moyen oriental. Tandis qu’avec une classe pauvre qui détient entre 15 et 20% du revenu national, nous ne sommes pas proches du modèle africain », indique le document.
En termes d’inégalités extrêmes dans la région, le Maroc demeure le seul pays où les 1% les plus riches détiennent plus de revenus que les 50% les plus pauvres. De l’autre côté de la frontière, en Algérie, la classe pauvre détient deux fois plus de revenus que les 1% les plus riches du pays. En Egypte, il est intéressant de noter que d’un côté les 1% les plus riches détiennent une part plus importante qu’en Libye ou en Tunisie, mais de l’autre côté la classe pauvre détient également une part plus importante que pour ces deux pays. « Nous pouvons voir apparaître trois groupes distincts. Le premier groupe rassemble l’Algérie et la Tunisie où les inégalités extrêmes ont été fortement réduites avec une part des 1% les plus riches qui se situe aux alentours de 20 % et une part des plus pauvres de 13-14% à la fin des années 80. La part des 1% les plus riches est passée en dessous de celle des plus pauvres en 1992 pour l’Algérie et en 2002 pour la Tunisie. C’est le seul groupe où la tendance des inégalités extrêmes a été inversée. Le deuxième groupe rassemble l’Egypte et la Libye où les inégalités extrêmes n’ont pas fortement évolué mais où la part des plus pauvres a toujours été supérieure de plusieurs points à celle des 1% les plus riches. Enfin le dernier groupe concerne le Maroc où à l’inverse de l’Egypte et de la Libye, la part occupée par les 1% les plus riches a toujours été supérieure à celle des plus pauvres avec un pic en 2007 où les plus riches détenaient 20% du revenu national contre seulement 14% pour les plus pauvres », précise l'Observatoire tunisien de l'économie.
En ce qui concerne la redistribution fiscale et sociale en Afrique du Nord, le document révèle que l’Egypte est le pays qui dépense le plus en termes de protection sociale avec près de 10% de son PIB, loin devant les autres pays africains. La Tunisie est classée cinquième pays d’Afrique avec des dépenses de protection sociale de 6,2% puis viennent l’Algérie, le Maroc et la Libye avec des dépenses de protection sociale qui se situent respectivement à 4,8%, 4,5% et 4,4%.
Pour le Maroc, les rédacteurs du document observent un effort redistributif à peu près constant avec une différence entre l’indice de Gini avant et après taxes et transferts qui tourne autour de 2,5 points. « Une légère augmentation de l’effort redistributif est apparue en 2003 mais celle-ci correspondait également à une légère augmentation de l’indice de Gini avant taxes et transferts. D’après la structure du barème de l’impôt et les statistiques de l’OIT, l’effort redistributif du Maroc lie à la fois une réduction des inégalités par le haut (impôt progressif) et par le bas (transferts sociaux) avec un effort relativement plus conséquent par le haut (taux marginal supérieur le plus élevé de la région) comparé aux autres pays de la région. Cependant, au vu de la structure des inégalités et de l’évolution de l’indice de Gini, cet effort n’est jusqu’à présent pas suffisant pour réduire les inégalités au Maroc », note le document. Et de conclure : « L’Egypte a adopté une stratégie de réduction des inégalités par le bas à travers une politique généreuse de protection sociale envers les plus pauvres. Cependant, l’indice de Gini de l’Egypte n’a cessé d’augmenter marquant l’insuffisance de la stratégie adoptée.
De son côté, le Maroc a adopté une stratégie proche de celle de l’Algérie et de la Tunisie où l’effort redistributif a diminué au moment même où la part des 1% les plus riches est passée en dessous de celle des 50% les plus pauvres, respectivement en 2002 et 1993. Mais sans que cela ne fasse baisser son indice de Gini. Cette stratégie a permis au Royaume de ne pas voir son indice de Gini augmenter comme en Egypte, notamment à travers un impôt sur le revenu plus progressif, mais les inégalités extrêmes sont tellement fortes au Maroc que cette stratégie est insuffisante pour faire baisser les inégalités ».