Abdrabbihi Hachimi, un cycliste en quête d'espaces libres

Il est quinquagénaire et ses projets pour l'avenir n'empruntent qu'un seul chemin: voyager à vélo à la découverte du monde. Ce n'est point un rêve, puisque Abdrabbihi Hachimi, un habitant d'Errachidia, avait déjà pédalé en 2009 sur les routes de plusieurs pays arabes.
A 56 ans, l'air de la vie, pour lui, se respire essentiellement du haut de son engin à air. Le sens de l'aventure le hante, l'habite, le motive et lui offre cet amour pour la vie. Une vie qu'il apprécie bien, mieux et à merveille en actionnant les pédales de sa bicyclette.
D'ailleurs, ses vacances sont souvent dédiées à un tour national ou international. "Je ne fais pas que du sport bien évidemment, je suis toujours porteur d'un message de paix et de tolérance entre les peuples. A chaque voyage, je rencontre de nouvelles gens, découvre de nouveaux lieux, approfondis mes connaissances anthropologiques, et j'apprécie les vues panoramiques pour un plaisir des yeux", a confié à la MAP, ce fonctionnaire à la délégation provinciale du ministère de la Jeunesse et des Sports à Errachidia.
Pour traduire ses rêves dans les faits, ce sportif convaincu ne fléchit point devant les obstacles. Il frappe à toutes les portes. Des périples de ce genre demandent des procédures administratives, parfois complexes, mais aussi des subventions financières à dénicher. Face à ce qui s'apparente parfois à un manque d'écoute, M. Hachimi choisit la persistance, son dossier est à même de convaincre les plus téméraires.
En effet, il compte déjà à son actif un tour du Maroc long de 2.993 kms qu'il avait réalisé en 2007 sur 25 étapes entre Oujda et Errachidia (Oujda-Tanger: 753 km, Tanger-Guelmim: 1170 km et Guelmim-Errachidia: 1070 km). Mais, cela n'était qu'un avant-goût pour un tour du monde arabe. Une aventure qui n'a été qu'à moitié réalisée. Les difficultés administratives se sont dressées comme des obstacles insurmontables.
"J'avais besoin de 176 jours pour un parcours de 16110 km, mais malheureusement je n'avais pas reçu d'autorisation spéciale de la part de mon ministère de tutelle, et je n'ai effectué qu'une partie de ce tour, pendant mon congé administratif, une durée insuffisante pour achever mon parcours initialement tracé", raconte sur un ton de désolation cet originaire de la province de Figuig.
Tenace et acharné, M. Hachimi ne lâche pas le lest pour autant. Il œuvre ainsi, autant que faire se peut, pour accomplir son grand parcours.
"Je me considère plutôt comme un ambassadeur culturel d'une grande nation qu'est le Maroc, dans la mesure où il est toujours sujet de mes discussions partout où je passe", dit-il, traçant un sourire sur un visage envahi d'une barbe blanche. Ses multiples périples sur sa navette inter-village lui permettent une bonne vision panoramique et une meilleure contemplation, mais aussi une évasion des circuits étroits et des impasses en béton.
"On apprend, à travers ces voyages, à regarder autrement la nature qui nous entoure et les hommes que nous rencontrons, ainsi que les cultures locales riches d'enseignements que nous découvrons", dit avec fierté ce cycliste de 1m 81. Pour un citadin, Hachimi Abdrabbihi à l'esprit nomade. Le vélo lui permet ainsi la cristallisation de ce besoin d'errance, d'isolement et d'épanouissement individuel.
"Le nomadisme, tout comme ce plaisir de nouvelles découvertes dans le temps et dans l'espace, habite tous les êtres, mais rares sont ceux qui arrivent à le vivre et à s'en réjouir", dit-il, avec un regard à la fois vif, pénétrant et souriant. Ses parcours à vélo sont ainsi une multitude de témoignages, d'échange et de partage. Ses moments d'euphorie, il ne les raconte pas uniquement par voie orale. Il laisse le soin à son album photo pour relater des beaux moments immortalisés périple faisant. Chez ce sportif de résistance, l'art et le sport vivent en parfaite harmonie.