Abdellatif Laâbi lance son SOS culture

Pour une charte nationale de la culture. C’est  l’appel qui aura marqué le champ culturel en cette fin d’année 2011. Lancé de la part du prix Goncourt, le poète Abdellatif Laâbi, cet appel entend réveiller le champ culturel marocain, en appelant les intellectuels et politiques du pays à se positionner par rapport à ce qu’il estime être un «recul culturel flagrant». L’auteur des «Rides du lion» aura ainsi surpris plus d’un, notamment ceux qui réitéraient sa retraite de cette fonction d’intellectuel engagé, vu ses positions précédentes dans pas mal d’institutions culturelles. Plus,  l’intellectuel toujours engagé aura ainsi le courage de défendre ses positions devant le public, en organisant plusieurs rencontres et conférences, à cet effet. C’est un nouveau «enjeu culturel» qui viendra ainsi succéder à son livre écrit en langue arabe et qui a longtemps constitué le manuel à suivre de toute une génération active dans le champ culturel et associatif. D’ailleurs, l’appel est soumis aux signatures des intellectuels du pays, et Laâbi a réussi déjà à faire adhérer plusieurs d’entre eux. La principale thèse défendue est que l’enseignement, département porteur de tous les projets de société, se trouve en dysfonctionnement, sinon en léthargie totale, d’où la nécessité de passer à une réforme globale, et non technique. C’est au niveau des conceptions et de la philosophie que le débat doit être focalisé. Laâbi fustige l’état d’analphabétisme dont souffre le pays, et appelle à une mobilisation sans faille pour éradiquer ce fléau dans un délai de cinq ans. Tout ceci doit être accompagné d’un programme d’édification d’une infrastructure de base culturelle : théâtres, complexes culturels, et mise en place d’un Centre national des arts et des lettres, à même de s’ériger en médiateur entre les intellectuels et les créateurs du pays.