
«Les couleurs de l’âme», le thème que l’artiste peintre Abdellah Yacoubi a retenu pour cette exposition, s’explique par le besoin d’inscrire sa quête spirituelle dans la durée. Le style de l’artiste est caractérisé par un paysagisme singulier, passablement abstrait, rehaussé de notes lyriques en abyme. Les œuvres récentes de ce peintre plongent l’observateur au cœur de cette quête allégorisée à travers les éléments de la nature : arbres, étendues d’eau, vues désertiques. Et c’est nettement perceptible à travers les personnages qu’il invite sur ses toiles. Cette exposition à l’Espace d’art de L’Amphitrite Palace de Skhirat sera l’occasion de découvrir la palette de cet artiste inspiré. Ce sera aussi l’occasion pour lui de signer son ouvrage «Les couleurs de l’âme» qui regroupe l’essentiel de sa création depuis 2004 et qu’émaillent des réflexions, pensées, poèmes du cru de l’auteur. De même, un porte-folio d’une grande qualité d’impression, sera mis à la disposition du public pour donner une idée globale sur le parcours culturel, social et artistique de l’artiste.
Intitulée « Couleurs de l’âme », la série des œuvres qu’accueillera L’Amphitrite constitue à l’évidence un ensemble. Yacoubi a voulu opérer dans sa création un choix représentatif, où se répertorient les thèmes sur lesquels il a travaillé lors de différentes périodes, et dans lesquels se remarque aussi bien au niveau chromatique qu’à celui des formes l’évolution de sa palette, avec toutefois une constante dominante, celle du corps féminin appréhendé de façon récurrente, elliptique et reformulé jusqu’à la quintessence. Pour aboutir à une silhouette d’amphore, toute ronde et ondulée. Plus qu’un exercice de style, c’est une quête symbolique de l’Eternel féminin déclinée en entités quasi abstraites et dressée dans certains tableaux en une étrange procession de nus allusifs, non dénués de sensualisme.
Le répertoire iconographique de Yacoubi s’élargit aussi à d’autres éléments picturaux non moins connotatifs, à savoir le parapluie, sorte de métaphore géométrique venant renforcer l’esthétique galbée des nus dans une discrète incorporation amoureuse. De même la notion de paysage (maritime et autres) apporte sa part de rhétorique dans cet univers sentimental en demi-teintes, donnant à la composition une forte impression de partition en «la» mineure. Maître de son matériau, Abdellah Yacoubi est arrivé à donner à son art la force et la tournure qui lui conviennent, c’est-à-dire un cachet propre reconnaissable entre mille.
Il faut dire que le don prononcé pour la couleur chez Abdellah Yacoubi fait que les tons et les gammes sont manipulés de façon à rendre les effets plus colorés et plus inédits. Il s’agit simplement d’accorder le regard aux infimes vibrations qui émanent de ses œuvres. Ces considérations comparatives n’empêchent pas Yacoubi de creuser davantage sa palette de peintre qui se définit d’abord comme un coloriste, attentif qu’il est aux pulsations de la couleur.