-
Soirée artistique à Tétouan en commémoration du 81ème anniversaire du Manifeste de l'Indépendance
-
Signature d’un partenariat pour la valorisation du patrimoine culturel immatériel
-
Des académiciens et experts saluent les acquis majeurs en faveur de l'amazigh
-
Aït Ourir célèbre la poésie amazighe lors d'une soirée artistique
Le pont est désormais construit entre passé et présent. Le dispositif de travail, lui, est pratiquement analytique. Kilito exerce sur la trace des anciens une double chirurgie : esthétique visant l’embellissement de sa face, et thérapeutique visant le dévoilement de ses intrigues. Ecrire sur les anciens pour Kilito équivaut à la composition d’un poème fait paradoxalement de douleur et de jouissance : la douleur de la gestation et la jouissance de l’accouchement. Que fait Kilito sinon éveiller amoureusement cette œuvre neutralisée dans les ténèbres des volumes anciens ? Ne considère-t-il pas que la situation des œuvres anciennes est semblable à celle de cette belle fille endormie et attendant qu’un fin connaisseur de ses mystères vienne l’embrasser passionnément, la caresser et la réveiller doucereusement et l’aider soigneusement à s’adapter à son nouveau monde ? Kilito déloge l’œuvre des anciens du contexte strictement arabe dans le but de la placer dans un contexte plutôt universel. Il y touche à la fois de la langue de Jurjânî et de celle de Molière. Par ce faire Kilito fait valoir le génie de cet autre être ne cessant de l’obséder : la langue. La langue chez Kilito fonctionne, effectivement, comme forme lui permettant non seulement de dire le monde, mais surtout d’habiter le monde, c’est-à-dire s’essayer à sa compréhension à partir de ce rapport fort ambigu jouxtant passé/présent/futur. Entre essai et fiction, Kilito brouille les genres. Le texte devient pour lui une scène généreuse accueillant l’expérience du dire dans ses dimensions culturelle, anthropologique et rhétorique. Il s’applique à reconsidérer l’héritage des anciens et, de là même, à responsabiliser les contemporains de sa survie.
L’aventure, ne vaut-elle pas la peine d’être vécue ?…