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« Les sondages placent le PVV en bonne position ainsi que les partis de droite », nous a indiqué Abdou Menebhi, président du Centre euro-méditerranéen de migration et de développement (CEMD) dont le siège se trouve à Amsterdam. Et de poursuivre : « Ces partis partagent le même discours raciste et populiste. Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) de l’actuel Premier ministre, Mark Rutte, s’inscrit également dans cette campagne d’hostilité à l’islam. Ses responsables ne cessent de répéter que les migrants insatisfaits de leurs situations et ne respectant pas les traditions du pays d’accueil peuvent retourner chez-eux. Les responsables du Parti catholique de centre droit ont, eux aussi, considéré que l’islam constituait une menace pour les Pays-Bas ».
Selon les dernières estimations publiées mardi, le parti du Premier ministre sortant arrive en tête avec 16 % des intentions de vote. Il est crédité de 23 à 27 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du Parlement, mais loin des quarante dont il dispose actuellement. De son côté, Geert Wilders a vu, ces dernières semaines, son parti reculer, avec de 19 à 23 sièges crédités, soit 13 % des intentions de vote. Mais rien n’est joué à l’avance et tout peut encore advenir.
Dans ce contexte tendu d’islamophobie et de populisme, les Marocains tentent, tant bien que mal, de se mobiliser en vue d’une participation massive à ce scrutin. « Nous avons lancé un appel via les mosquées demandant la participation des Marocains aux élections législatives du mercredi. Nous considérons la participation de ces derniers comme obligatoire pour faire face à ces attaques en votant massivement en faveur des partis démocratiques qui luttent contre l’islamophobie et le racisme malgré une certaine mésentente entre nous », nous a déclaré notre source. Et de poursuivre : « La priorité aujourd’hui est de faire barrage à l’extrême droite. Chaque voix électorale compte. Les voix non exprimées profitent aux grands partis. Du coup, et en tant que des citoyens de ce pays, notre devoir est de nous mobiliser et de faire connaître nos choix ».
Un optimisme que ne partage pas Rachid Bakhoch, un MRE résidant depuis plus de 15 aux Pays-Bas. « Les mosquées ont appelé à voter en faveur des candidats turcs et c’est une première. En effet, une grande majorité de Marocains, notamment les personnes du troisième âge ne votent pas», nous a-t-il expliqué. Et de préciser : « Ils ont des doutes à propos de la politique et des politiciens Et les prochaines élections ne les intéressent pas et ils estiment qu’elles ne leur servent à rien. Pis, faire barrage à Geert Wilders ne signifie pas grand-chose pour eux. Ils sont peu conscients des enjeux que représentent ces élections ».
Notre source estime que la faible mobilisation des MRE est due à leur manque de conscience politique ainsi qu’à la décrépitude de leur communauté. « Le Marocains ne parlent pas d’une seule voix et notre diplomatie ne fait qu’amplifier cet état des choses. Il est difficile aujourd’hui de les rassembler autour d’un seul projet. Chacun est méfiant à l’égard de l’autre et cela nous handicape et complique notre tâche consistant à nous imposer en tant que minorité. Même les associations censées défendre nos droits n’existent que sur le papier ».
Une indifférence qui ne sert en rien les intérêts des MRE dans le Pays des tulipes, estime Rachid Bakhoch. D’après lui, ces derniers sont confrontés à des conditions de vie de plus en plus difficiles. Ils sont victimes de racisme et les perspectives d’avenir sont de plus en plus sombres dans ce pays. « Les Marocains ont du mal à trouver du travail. Les CV avec des noms arabes ne reçoivent pas de réponses favorables. Et même si l’on réussit à décrocher un job, il est souvent en inadéquation avec nos diplômes et compétences », nous-t-il confié.
Même constat de la part de président du CEMD qui nous a déclaré que les Pays-Bas vivent depuis des années au rythme des discours racistes, populistes et xénophobes. Particulièrement durant les deux dernières années même si le pays n’a pas enregistré d’actes terroristes comme ce fut le cas en Belgique ou en France. « Les musulmans sont récemment devenus la cible d’agressions comme en attestent les dernières attaques contre les mosquées et les femmes voilées. Les portes des mosquées ne sont plus laissées grande ouvertes. Les femmes voilées ont du mal à trouver du travail ou à circuler librement. Il y a un contexte de peur et de méfiance et les musulmans sont de plus en plus vigilants. Il y a de l’appréhension également chez les Hollandais qui ont peur de l’islam et des musulmans qu’ils assimilent tous à des terroristes », a-t-il souligné. Et de conclure : « Il est donc temps de réagir et c’est pourquoi on compte organiser le 18 mars prochain une marche contre le racisme ».