l’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône, l’Association
La Minaudière des Arts organise en partenariat avec la préfecture de Benslimane une
exposition collective
des arts plastiques sous le signe : «10 artistes peintres célèbrent le dixième anniversaire
de l’intronisation
de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», et ce
du 15 au 30 août
courant à l’espace Bouznika Bay.
Cette exposition, première du genre au Maroc, est marquée par les œuvres impressionnantes de A. Zine, A. El Hariri A.Rahoule, A. Melakh, A.Ghattas, F.Guessous, L.M’seffer, M.Nabili, M.Mansouri et H.Alaoui. Il s’agit d’un patchwork significatif de styles picturaux à plus d’un titre qui nous donne à voir tout un registre de la création plastique riche en émotions et nouveautés : une création mêlant modernité, tradition, expérimentation, conceptualisation pour nous inviter à nous arrêter un instant en vue de prendre le temps de contempler l’univers et l’alchimie de l’acte pictural dans sa diversité et sa richesse. C’est une croisée des chemins créatifs entre les acteurs qui font partie de ceux qui ont fait du Maroc un pays d’art, de création et de pensée esthétique, tout en se frayant des voies nouvelles hors des sentiers battus.
Sur cette exposition événementielle, Touria Houari, présidente de l’Association La Minaudière des Arts, nous livre : «Dix artistes de renommée nationale et internationale ont accepté avec joie et enthousiasme l’invitation de notre Association pour exposer leurs œuvres créatives dans le cadre d’une exposition collective initiée en partenariat avec la préfecture de Benslimane, et ce à l’occasion du Xème anniversaire de l’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed V au Trône. Dans le souci de s’inscrire dans une dynamique évolutive, notre Association revient avec une même volonté d’attirer encore plus de férus et de passionnés d’art. Elle œuvre à la promotion et au rayonnement des arts plastiques : un acte de reconnaissance envers les artistes créateurs de notre pays à qui l’on doit l’élaboration d’un langage visuel résolument original et combien universel. Un langage polyforme qui cristallise les éléments constitutifs de la culture marocaine et qui conditionne pleinement la source intarissable d’inspirations et de révélations. Sensibilité, créativité et imagination constituent le tronc commun entre les artistes exposants, à savoir A. Zine, A. El Hariri, A.Rahoule, A.Melakh, A. Ghattas, F.Guessous, L.M’seffer, M.Nabili, M.Mansouri et H.Alaoui, qu’ils soient ici tous remerciés. Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué judicieusement à la réussite de notre démarche participative et soutenu les actions que nous entreprenons pour le rayonnement des arts. Nous sommes persuadés que grâce à cette approche partenariale, nous atteindrons les objectifs que nous nous sommes assignés.
Vivacité des touches successives, mouvement de la composition, atmosphères dénuées d'exotisme et dépouillées de tout détail anecdotique, magie de la lumière procurant le rêve … telles sont les composantes de l'acte créatif conçu par Zine qui n'a cessé d'exercer sa fascination visuelle sur le public concerné, et ce depuis son retour au Maroc en 1965.
Cet artiste de grand talent capte et restitue en couleurs magiques la beauté apparente et latente du Maroc, dans une gestualité généreuse et une fluidité chromatique surprenante.
Figure illustre de la nouvelle figuration au Maroc, il a dépassé l'esprit restreint de l'abstraction qui semble avoir atteint ses limites à l'étranger, en remettant en question les mouvements figuratifs passés et présents. Son langage plastique engendre par son contenu esthétique une nouvelle vision qui a eu dès le départ le soutien espéré des critiques d'art de renom, en l'occurrence Pierre Restany. Le référent de base est souvent l'image pittoresque du Maroc que Zine manipule et stylise avec certitude et maîtrise.
La démarche plastique de Abdellah El Hariri relève de la liberté gestuelle, voire lyrique et loin de tout usage ornemental des motifs calligraphiques et architecturaux. Il s’agit d’une scénographie chromatique qui crée une festivité de couleurs et de formes variées et débordantes. L’artiste gère sciemment l'espace de la toile et la soumet à une tension permanente, celle qui anime la vision artistique du peintre et la maintient dans un équilibre problématique. Les œuvres de ce peintre se veulent l’association entre archétypes ancestraux et abstraction contemporaine. Il marie merveilleusement les signes et les symboles immémoriaux des profondeurs de son territoire imaginaire, avec les apports des courants artistiques venus d’ailleurs. Ici, l’artiste crée un nouveau langage visuel, dynamique et tendu vers l’inconnu. Cette transfiguration poétique du patrimoine est, en ce sens, une entreprise éminemment moderne. Ses nouvelles formes qui nous éblouissent par leur lumière et leur fraîcheur ne naissent donc pas du néant. Elles sont le résultat d’un travail sur la mémoire d’artiste transfigurant le réel dans l’univers symbolique du signe.
Céramiste aguerri, peintre chevronné et sculpteur illustre, Abderrahmane Rahoule a toujours été fasciné par la création au pluriel. Son originalité se manifeste par un exercice quotidien de la peinture néo-figurative et à travers une technique qui mêle formes et couleurs. C’est un acte pictural qui repose sur l’articulation des demeures et des êtres retenus, discrets et habillés de formes géométriques en pleines couleurs. Son souci majeur est de mettre en valeur les origines à travers des corps et des espaces en bronze, en terre cuite et en peinture.
Les êtres peints sont ascendants en quête d’une vérité céleste et leur présence sensuelle comme disait le critique d’art Jean-Pierre Van Thieghem, devient voluptueuse. Le toucher des corps et l’enlacement sont évoqués par les effets du mouvement et du geste, ce qui invite le regardeur avisé à participer et à rêver.
Les œuvres de Abdelhay El Mellakh nous entraînent dans un univers poétique et un lieu de l’alchimie entre formes et couleurs où jaillit la lumière. Il s’agit des toiles gestuelles qui semblent dégager des récits appartenant à la tradition mystique que l’artiste traduit en signes et en couleurs étincelants. C’est tout un langage onirique reposant sur la dimension cachée des symboles énigmatiques qui stimulent l’imagination et la poétique et ouvrent une voie intimement liée à l’inconscient collectif. L’artiste nous invite à mener une quête symbolique pour explorer la partie de la mémoire refoulée qui refuse l’effacement et l’ignorance.
El Mellakh, artiste rompu, cherche à déplacer l'enjeu du visible pour instaurer une lecture nouvelle du monde à travers un travail consistant sur les couleurs et les signes composés sous forme d’une mélodie habitée par la pensée et la musique soufies notamment les poèmes d'Ibn Arabi.
Il y a des œuvres qui, une fois achevées, s’éloignent des artistes qui les ont créées. Tel n’est pas le cas de Abdelkrim Ghattas, car, ses œuvres à lui, il ne s’en sépare jamais. Symboliquement, j’entends. Elles suivent depuis bientôt quarante ans un même fil conducteur cherchant à capter, par le trait, toujours mesuré et contrôlé et la couleur, constamment douce et caressante, cette impalpable mais profonde angoisse qui a étreint depuis sa petite enfance l’artiste et semble ne l’avoir jamais quitté. Ghattas expérimente dans ses dernières œuvres des techniques nouvelles : mixage, collage, gestique de l’effacement…il intègre aussi dans ses nouvelles quêtes plastiques des matériaux, inédits auparavant dans son parcours : fragments de jute, chute de carton…
Fouzia Guessous est vouée dès le départ au maniement du pinceau. Elle a pu développer tout un langage onirique où se mêlent recherche formelle, connotation, débordement, fragmentation. Les sujets de cette artiste rêveuse émanent du surréel, un surréel fantastique et générateur de sens. Le centre de gravité de sa peinture est forcément le monde introspectif voire intuitif qui conditionne sa vision des choses : indices de la mémoire, traits gestuels, impressions, scènes insolites, autant d’éléments plastiques qui constituent le paradigme de sa sensibilité d’artiste.
L’artiste peintre Lahbib M’seffer est, selon le grand écrivain Khair Eddine, «le gardien de la terre marocaine qui l’a vu naître» qui nous invite à méditer notre existence dans le silence le plus absolu et dans la luminosité de la voûte céleste : sensibilité et investigation, matière et énergie, éclat fugace et instant, musicalité et vibrations palpitantes, mysticité et dynamique du cosmos, poésie vécue, l’ombre de l’absence et la présence, le souffle comme goulée d’oxygène pour le mental…
Sur l’univers spatio-temporel de M’Seffer, Khair Eddine disait : «La peinture est avant tout une lumière, et que cette lumière est le résultat d’une fusion de la matière. Il n’y a pas de lumière sans fusion nucléaire et il n’y a pas de peinture sans fusion des couleurs».
Poème symphonique à travers lequel s’écoule la sève du monde, l’acte pictural de cet artiste hypersensible se veut une quête spirituelle pleine d’embauches et d’illuminations.
Palette lumineuse, chromatisme chaleureux, œuvres de culture : chaque tableau de Mohammed Nabili dans sa complexité est une mosaïque, fruit de brassage à l’instar de ce que nous sommes, nous-mêmes, à travers cette merveilleuse marocanité plurielle dans toutes ses dimensions, géographique, culturelle et humaine. Ses œuvres sont animées par la profusion de symboles et de signes : c’est le moyen choisi par le peintre pour mettre le visiteur à l'épreuve, bousculer ses habitudes de vision et l'obliger à regarder autrement mais lentement ce qui l'entoure.
De son côté, Mohammed Idrissi. Mansouri, crée une ambiance chromatique assez originale. Il exalte des états d’âme à travers un jeu spontané des formes et des couleurs qui fidélise un sens de la représentation subjective de la réalité objective, ce qui interpelle une lecture plurielle de l’œuvre et suscite des connotations. Son acte pictural obéit à une gestualité bien recherchée et aboutie. Peintre de l’émotion, Mansouri gère la polyphonie tonale de l’œuvre avec audace et vigueur, en donnant libre cours à son sens averti de la profondeur et de la composition. Il maîtrise l’espace selon une vision multidirectionnelle et vit l’acte de création de l’intérieur, comme en révélations momentanées.
Quant à la peinture réaliste de Hassan Alaoui, elle est fascinée par la beauté des sites historique de sa ville natale : Fès. Loin de tout maniérisme, il revalorise les vieilles ruelles, les portes anciennes, les murs incarnant l’histoire d’où il puise sa matière qui se transforme plastiquement en empattement, touche et glacis. Son langage pictural est caractérisé par les jeux d’ombre et de lumière projetés sur sa toile. C’est le témoignage et la chronique quintessenciés des temps perdus. Hassan Alaoui a fait une longue étude de la technique des grands maîtres du 17ème siècle notamment Vermer. Depuis 1970, il a fait de nombreuses expositions au Maroc et à l’étranger.