Eriksen, l'ombre de celui qui avait atteint la finale de la Ligue des champions en 2019 avec Tottenham, avait même déjà la valise en main, laissant filtrer son incompréhension devant la presse danoise à chaque rassemblement en sélection. Et pourtant, les voilà installés comme titulaires dans cette Inter lancée à plein régime vers son premier scudetto depuis 2010, avec une série en cours de dix victoires consécutives avant de recevoir Cagliari dimanche. Pour convaincre Conte, tous deux ont toutefois dû changer: oublié leur penchant naturel à jouer haut et vers l'avant, ce sont désormais de véritables joueurs "de devoir", se repliant vite et défendant bas. Et laissant l'attaque au duo Romelu Lukaku-Lautaro Martinez. Eriksen, dans ce rôle de meneur bas, a supplanté le décevant Arturo Vidal, premier choix du début de saison, apportant une touche technique supplémentaire dans un milieu qui n'en manquait déjà pas avec Marcelo Brozovic et Nicolo Barella.
Perisic s'épanouit lui à gauche en latéral tout-terrain, et plus seulement en ailier de débordement. Une reconversion que certains en Italie comparent à celle de Samuel Eto'o en 2010 avec José Mourinho. Le Croate, quand il n'est pas blessé comme cette semaine, est désormais préféré à Ashley Young, en pendant de l'indiscutable Achraf Hakimi à droite. "Avant, l'Inter n'attaquait qu'à droite, désormais elle peut aussi percer à gauche. L'équipe a progressé, elle sait ce qu'elle veut", constatait récemment l'ex-défenseur de l'Inter Giuseppe Bergomi, consultant sur la chaîne Sky. Pour Eriksen, le moment clé a été son coup franc décisif fin janvier en quart de finale de Coupe d'Italie, dansle temps additionnel contre l'AC Milan (2-1). "Le regard extérieur a alors changé: les gens se sont dit : +Tiens, il n'a pas disparu+", a reconnu le Danois en mars sur DAZN.
"Je ne sais pas s'il faut parler d'un nouveau Eriksen ou simplement d'un Eriksen qui joue davantage. Je me suis adapté au nouveau système. (...) Conte et moi avions besoin de mieux nous connaître", a ajouté celui qui, outre ses coups francs, a soigné aussi son italien pour mieux s'intégrer, comme suggéré par son entraîneur. Conte ne tarit d'ailleurs plus d'éloges sur Eriksen: "Selon moi, il développe un aspect qu'il ne connaissait pas. Il a joué devant la défense comme je lui ai demandé, il progresse", s'est encore félicité l'entraîneur aprèsla victoire contre Sassuolo (2-1) mercredi, lors d'un match où Eriksen et l'Inter ont de nouveau laissé leurs adversaires jouer pour mieux les piquer en contre. Ce renouveau réjouit aussi au Danemark en vue de l'Euro. Même si "la position qu'occupe Eriksen (106 sélections, ndlr) à l'Inter n'existe pas vraiment en équipe nationale. Nousl'utilisons plus comme un attaquant, un numéro 10", a rappelé à l'agence danoise Ritzau le commentateur de Discovery Mikkel Bischoff. Même satisfaction du sélectionneur croate Zlatko Dalic, qui préfère voir Perisic (99 sélections) sur le terrain que sur le banc : "Avec la Croatie, il est plus utile en attaque, mais à l'Inter il est précieux sur tout le flanc. Ivan et Conte n'avaient peut-être pas trouvé l'entente parfaite au départ, mais désormais ça fonctionne".