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L'intégration de la lettre dans l'espace de la toile, passion pour les traces civilisatrices, ancrage visuel des motifs calligraphiques et artisanaux sont autant d’éléments plastiques qui révèlent la présence de la mémoire collective.
Le territoire imaginaire du tableau chez Mohamed Mazouz (né en 1974 à Rabat) enchante les fragmentations vertigineuses du signe, agence son étendue en un mouvement centrifuge et illuminé. Il s’agit d’une sorte de calligraphie personnelle qui incarne un corps spirituel en pleine contemplation. C’est toute une platitude qui mime l'écriture et l'invite à son effacement originel. La lettre devient ainsi prétexte aux jeux innombrables de combinaisons qui s’offrent au regard, telles des partitions musicales au rythme latent.
«Je suis toujours à la recherche de la rencontre et du partage. Mon exposition actuelle à l’Espace « Art et Culture » de l'Ecole Hassania est exceptionnelle, car elle me permet de rencontrer les étudiants, symbole de l’avenir et de la continuité. A mon sens, la création est un pacte spirituel au même titre que le mysticisme, puisqu’elle incarne les expériences les plus profondes des êtres.
L’art est toute une vie immortelle. L’œuvre est une gestion esthétique de l’espace qui repose sur un retour aux sources authentiques, et ce à travers la calligraphie, l’ornementation, les reliefs, les arcades…le message est omniprésent dans mes œuvres en termes de visibilité et de lisibilité. C’est la mise en symbiose de l’image avec l’esthétique. La lumière cristallise les traces et met en relief les corps dans son sens et son essence existentielle. Les fragments se présentent comme un trait d’union entre le sujet et l’objet, l’être et le paraître, le moi et l’autre. J’essaie de concevoir la distance étendue, en expérimentant d’autres matières d’ordre traditionnel et en approchant d’autres formes plastiques», confie l’artiste à Libé.
L'abstraction de la lettre est en réalité un état d’âme. C'est certainement cela même qui « motive », dans le même espace, les motifs de mosaïque qui s'annoncent ici et là dans quelques travaux de Mohamed Mazouz qui se démarquent par leur liberté gestuelle voire lyrique. La touche embrasse la diversité chromatique du zellige et crée une festivité de couleurs variées relatives aux motifs architecturaux; de l'autre une gestualité débordante à la limite des à-plats. Le peintre nous invite donc à vivre avec lui la chaleur conviviale de la mise en miroir de l'au-delà du visible et à maintenir en éveil ce qui transcende la double face du monde.
Initiée par des étudiantes de cette école, en l’occurrence El Matari Meryem, Haouriqui Dalal et Ouabi Ilham, cette exposition se veut un projet d’initiation au management artistique et à la médiation culturelle : « Partant de la volonté d'être une école leader dans le domaine de la formation supérieure et prendre part dans le champ de construction des divers chantiers du Maroc, l'Ecole Hassania entend former des ingénieurs d'abord ouverts sur le monde et les cultures, maîtrisant les sciences et les méthodes pratiques et possédant les outils qui leur permettent de mettre tout cela en synergie et en constituer des forces d'évolution dans les cadres professionnels, d'où ces initiatives des projets personnels, des travaux de peinture renforcés, de cours de langue intensifs...en gros toutes les pistes pour l'épanouissement des esprits et leur ouverture. Ajoutons que notre école, la seule d'ailleurs au Maroc, a réservé 30% presque du cursus de formation aux matières de management, des langues et à la culture générale. C'est pour dire à quel point c'est l'école des ingénieurs gagnants», précise Hicham Ourzik, secrétaire général de l'Ecole Hassania des Travaux Publics.
La peinture connotative de l’artiste peintre Mohamed Mazouz est une interprétation subjective de la forme qui revisite la lettre. Elle ne cesse de mettre en scène la trace et les effets de la matière (matière mixte et laine). Corps du sens, sa peinture est un hymne au signe calligraphique en tant que matrice du langage et support savant du sacré, voire le corps sensible de la langue : images visibles et invisibles, présence et absence, opacité et transparence, clair et obscur...
La laine renvoie à la mystique musulmane chargée des significations et des dimensions les plus cosmographiques. Elle fait référence à la sagesse atteinte par la splendeur de la parole et cristallise la force et la puissance révélatrice du sens de l’univers et de l’omniprésence du divin.