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A Dublin, des "traders" calculent les cotes des paris

Vendredi 30 Mai 2014

A Dublin, des "traders" calculent les cotes des paris
C'est un immeuble moderne en verre et brique rouge planté dans le sud de Dublin. A l'intérieur, dans la "salle des marchés", les "traders" de Paddy power moulinent leurs données pour fixer les cotes des matchs de la Coupe du monde de football.
Cet open space, murs blancs, néons blancs et moquette grise immaculée, est le coeur du moteur de Paddy power, un bookmaker qui fixe la cote des paris d'opérateurs du monde entier. C'est ici que naissent les cotes du PMU pour la France.
Les termes utilisés - "traders", "salle des marchés", "service de gestion des risques" -, renvoient à l'univers de la finance et des banques, comme les milliers de statistiques qui défilent en temps réel sur des centaines d'écrans.
D'ailleurs, le chef du département sport de Paddy, Alan Glynn, a commencé sa carrière dans le +back office+ d'une banque.
Mais dans la "corbeille" de Paddy power, les écrans plats diffusent des matchs de tennis, du foot, une étape du tour d'Italie cycliste. Et les murs sont recouverts de photos géantes de footballeurs ou de boxeurs.
Derrière ses sept écrans, comme la trentaine de "traders" qui l'entourent, Kevin Brocard se gave d'infos pour calculer ses cotes. Ce Lyonnais de 26 ans travaille ici depuis deux ans. Il est "sport trader". Spécialité: foot français. Quand vous pariez en France, via le PMU, sur un match du PSG ou de la France, c'est Kevin qui fixe la cote du pari.
"Mon métier, c'est d'associer une probabilité à un événement sportif pour que des gens puissent parier sur cet événement", explique-t-il méthodiquement. Avec un objectif: "Que notre entreprise gagne de l'argent quel que soit le résultat", tout en gardant des cotes compétitives pour les clients.
Pour calculer la cote d'un match, Kevin passe au crible forces et faiblesses des équipes, titulaires, qui joue à domicile... Il jure qu'il n'utilise presque pas de logiciels. Sur ses écrans, on aperçoit le site sportif L'Equipe, des réseaux sociaux, des statistiques en pagaille, une cascade de cotes des sites concurrents.
"Il n'y a pas de logiciel, pas d'équations dans lesquels on rentre le nom de la France et du Honduras pour savoir qui est favori, explique-t-il, en évoquant le premier match des Bleus au Brésil. Pour un tel match, il n'y a pas beaucoup de statistiques, pas beaucoup de précédents. C'est la connaissance du sport du coteur qui va faire la différence".
Pour d'autres matchs, le coteur peut s'appuyer sur plus de statistiques. "Mais dans tous les cas, on ajuste la cote à l'instinct, dit-il. L'un ne va pas sans l'autre".
En s'appuyant sur cette cote, et sur le nombre de buts prédits par le coteur, un logiciel génère des centaines de cotes annexes: nombre de buts marqués par mi-temps, meilleur buteur du match, nombre de cartons jaunes...
Toutes ces cotes évoluent ensuite "en fonction du marché", c'est-à-dire des paris des clients.
En ce jour ensoleillé, Kevin et ses collègues s'affairent sur du "live": tennis féminin à Nuremberg, match de foot amical Mexique - Portugal, qualifications à Roland-Garros. Mais la Coupe du monde de football est dans toutes les têtes. "Ça va être une période excitante, on vit un peu tous pour ça", lâche Kevin.
Un événement si stratégique qu'une dizaine de "traders" se pencheront sur les cotes de chaque match. Même le chef du département sport mettra la main à la pâte. "On va faire une sorte de moyenne des estimations des coteurs, mais l'avis des meilleurs traders de la salle pèsera plus", explique Alan Glynn.
Reste à prédire l'issue d'un match dans une discipline où les surprises sont la règle.
"Le secret pour gagner de l'argent avec les paris", explique Romain Lang, un autre trader français, "c'est d'être capable d'anticiper les changements de cote des bookmakers". Et donc, "d'avoir les infos avant eux".
Mission quasi-impossible dans les sports très largement couverts comme le foot. "Mais si vous êtes de Dax et que vous allez à l'entraînement de l'équipe de rugby, ça peut être intéressant", souffle Romain. 
Comme Kevin, il parie à titre personnel, sur d'autres sites, en dehors des heures de bureau. Le sujet est un peu tabou dans la "salle de marchés". Mais cela lui rapporte quelques centaines d'euros par mois.
 

AFP

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