Selon un responsable militaire, l'explosion a été causée par une bombe artisanale installée au bord d'une route entre Tunceli et Elazig, dans le sud-est du pays ensanglanté depuis des mois par la reprise des combats entre l'armée et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
L'armée a lancé une opération de ratissage pour tenter de retrouver les auteurs de cette attaque, selon le responsable militaire.
Depuis plusieurs mois, le Sud-est à majorité kurde de la Turquie vit à nouveau au rythme des combats quotidiens entre forces de sécurité turques et rebelles. Plus de 350 soldats ou policiers en ont été victimes, selon les autorités, qui évoquent un chiffre invérifiable de plus de 5.000 morts dans les rangs du PKK.
Jeudi encore, l'aviation turque a lancé des frappes contre des objectifs du PKK dans le Sud-est, selon l'état-major.
Les opérations lancées par l'armée pour neutraliser les militants du PKK, qui ont dressé des barricades dans plusieurs villes du Sud-est, ont tué des dizaines de civils et provoqué l'exode de dizaines de milliers d'autres.
Le pays tout entier vit depuis plusieurs mois en état d'alerte en raison d'une série d'attaques attribuées au groupe jihadiste Etat islamique (EI) ou liées au conflit kurde. Quatre attentats ont à eux seuls fait 79 morts en 2016 à Istanbul et Ankara.
En février et en mars, deux attentats à la voiture piégée ont respectivement fait 29 et 35 morts, ainsi que des dizaines de blessés, dans le centre de la capitale turque. Ces attaques ont été revendiquées par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical et dissident du PKK, qui mène depuis 1984 contre l'Etat turc une rébellion qui a déjà causé plus de 40.000 morts.
Le procès de quatre universitaires turcs accusés de "propagande terroriste" pour avoir signé une pétition dénonçant les violences de l'armée dans ses opérations contre les rebelles kurdes devait s'ouvrir vendredi à Istanbul dans un climat tendu.
En détention depuis le mois dernier, Esra Munger, professeure à l'université Bogazici, Muzaffer Kaya, qui enseigne aux Beaux-Arts, Kivanc Ersoy, professeur à l'Université Nisantasi et Meral Camci, professeure jusqu'en février à l'Université Yeni Yüzyil, risquent jusqu'à sept ans et demi de prison.
Ils sont accusés de propagande pour avoir lu en public une "pétition pour la paix" dénonçant les "massacres" commis par les forces de sécurité turques pendant des opérations contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans plusieurs villes sous couvre-feu.
En janvier dernier, plus de 1.200 intellectuels turcs et étrangers avaient signé cette pétition, suscitant la fureur du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis que les pétitionnaires paieraient le "prix" de leur "trahison".
Dans la foulée, des procédures judiciaires avaient été déclenchées dans toute la Turquie et une vingtaine d'universitaires placés en garde à vue, ravivant dans ce pays comme à l'étranger les critiques de la dérive autoritaire de M. Erdogan.
Le procès à huis clos de deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet se poursuit également avec une troisième audience vendredi matin à partir de 07H00 GMT. Can Dündar, son rédacteur en chef, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'Etat et de tentative de coup d'Etat et risquent la prison à vie.