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Aux cinq corps déjà retrouvés mardi soir viennent s'ajouter "vingt-trois corps récupérés ce (mercredi) matin", a dit à l'AFP Lalini Veerassamy, qui dirige la mission de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Djibouti.
"Les gardes-côtes continuent les recherches", a-t-elle ajouté.
Le naufrage a eu lieu mardi environ 30 minutes après que les bateaux surchargés eurent quitté, par une mer agitée, la localité de Godoria, située dans le nord-est de la côte de Djibouti. Leur destination était le Yémen, selon l'OIM.
Deux survivants ont été retrouvés très vite après le naufrage, et "quelques" autres ont été emmenés mardi soir vers un centre pour migrants géré par l'OIM dans la ville d'Obock, au sud de Godoria, a souligné Mme Veerassamy.
Le nombre total de personnes se trouvant à bord des deux embarcations reste pour l'heure peu clair.
Un des survivants a estimé à 130 le nombre de personnes à bord du bateau sur lequel il se trouvait, mais n'a pu préciser le nombre de passagers dans la seconde embarcation, a indiqué l'OIM, laissant craindre que le bilan des morts n'augmente encore.
Le détroit de Bab al-Mandeb, qui sépare Djibouti du Yémen a la particularité de voir des bateaux de migrants passer dans les deux sens: des migrants fuyant la guerre au Yémen croisent des bateaux remplis de migrants africains en quête de travail dans la péninsule arabique via une route passant par le nord du Yémen.
Situé près de la Somalie instable et de l'Ethiopie, Djibouti est devenu ces dernières années un point de transit important pour les migrants. Mais les traversées se sont souvent révélées périlleuses.
En 2018, au moins 30 migrants de Somalie et d'Ethiopie qui tentaient sans doute de gagner Djibouti se sont noyés lorsque leur bateau a chaviré au large du Yémen. Des coups de feu auraient été tirés sur les passagers.
En août 2017, des dizaines de migrants de Somalie et d'Éthiopie qui se trouvaient à bord de deux bateaux à destination du Yémen sont morts après que des trafiquants d'êtres humains les eurent jetés à la mer. "Le nombre de nouvelles arrivées au Yémen a augmenté de manière continue depuis 2012, malgré la profonde insécurité et la violence qui y règnent", a indiqué l'OIM dans un rapport récent.
En 2017, quelque 100.000 migrants ont ainsi rejoint le Yémen. Mais certains d'entre eux rebroussent chemin face à la guerre et la crise humanitaire qui ravagent le pays.
Selon l'OIM, plus de 200.000 migrants ont fui le Yémen en 2016 et 2017. Parmi eux une très grande majorité de Yéménites, mais aussi des migrants africains, somaliens ou éthiopiens, car le pays demeure une étape majeure sur la route des migrants d'Afrique qui voyagent généralement par voie terrestre jusqu'à Djibouti, avant une traversée périlleuse du Golfe d'Aden jusqu'au Yémen d'où ils tentent de gagner les riches pays du Golfe.
Le Yémen est déchiré depuis fin 2014 par un conflit qui a fait, depuis l'intervention militaire en mars 2015 d'une coalition sous commandement saoudien, quelque 10.000 morts et plus de 56.000 blessés selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Des ONG estiment que le bilan réel des victimes directes et indirectes du conflit est bien plus élevé.
En décembre, les Nations unies ont prévenu que près de 80% de la population, soit approximativement 24 millions de personnes, avaient besoin d'une assistance humanitaire.
"Ce n'est pas un pays au bord de la catastrophe, c'est un pays qui est déjà en situation de catastrophe", avait affirmé en décembre le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, David Beasley.