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1914-18: “Sauver le soldat Smith”, l’histoire qui dépasse la fiction


AFP
Mercredi 13 Août 2014

1914-18: “Sauver le soldat Smith”, l’histoire qui dépasse la fiction
Wilfred Smith est mort sans connaître la même célébrité que le soldat Ryan du film de Spielberg. Pourtant l’histoire de ce Britannique rapatrié du front de la Première Guerre mondiale après la mort de ses cinq frères au combat, dépasse la fiction.
«Quand j’ai vu le film («Il faut sauver le soldat Ryan»), je me suis dit: c’est exactement ce qui est arrivé à mon grand-père», dit à l’AFP Amanda Nelson, petite-fille du soldat Smith, ramené au pays sur ordre royal par compassion pour sa famille particulièrement endeuillée pendant la guerre de 14-18.
Le film, devenu un classique de Hollywood, raconte l’opération épique visant à récupérer un soldat américain combattant pendant la Deuxième Guerre mondiale, dont les trois frères ont péri au champ de bataille.
«C’est un film triste. Je me suis dit qu’il était basé sur l’histoire de notre famille», confie cette assistante sociale de 47 ans vivant à Barnard Castle, dans le nord de l’Angleterre. Dans ce bourg, un mémorial de pierre porte les noms des cinq garçons Smith morts à la guerre: Robert, George Henry, Frederick, John William et Alfred. 
Tous ont péri en l’espace de seulement deux ans, en combattant sur le front ouest.
Quand Wilfred est parti à la guerre en 1917 âgé de 19 ans, la famille Smith était déjà en deuil. Robert était mort en 1916 à 21 ans, suivi peu après de George Henry, tué à 26 ans à la bataille de la Somme.
Frederick a péri à la bataille d’Ypres en 1917, la même année que son frère aîné John William. Alfred enfin est mort en juillet 1918, quatre mois seulement avant la fin de la guerre.
En feuilletant des archives familiales avec sa mère Dianne Nelson, fille de Wilfred, Amanda montre une photographie de quatre des frères Smith posant ensemble en uniforme avant de partir au combat.
«Mon arrière grand-mère avait paraît-il coutume de dire: +n’ayez pas de garçons, ils deviendront de la chair à canon+», commente Amanda.
Le terrible tribut payé par cette mère, Margaret Smith, a été reconnu lors de l’inauguration du monument aux morts de la ville en 1923, quand elle a été désignée pour y poser la première couronne de fleurs, avec Wilfred à ses côtés. Elle avait alors perdu son mari, John. «Le seul qui lui restait, c’était mon grand-père Wilf», dit Amanda.
Sur les quelques centaines d’hommes venant de Barnard Castle à avoir combattu pendant la Première Guerre mondiale, 125 ont été tués.
Vers la fin de la guerre, le destin tragique de la famille Smith a poussé la femme du vicaire local à écrire à la reine Mary, épouse du roi George V, pour demander que Wilfred soit ramené chez lui.
«La ville était au courant du grand sacrifice de la famille Smith», dit Peter Wise, un historien amateur qui a récemment découvert l’existence de cette intervention royale dans les archives du journal local.
«Perdre cinq fils était beaucoup, c’est la mort du dernier qui a été l’élément déclencheur», explique-t-il.
Wilfred a été ramené à la maison en vie, mais a souffert pendant des années de problèmes respiratoires consécutifs à une attaque au gaz moutarde.
Il est resté à Barnard Castle, s’est marié, y a travaillé comme ramoneur et maçon, avant de mourir à l’âge de 74 ans en 1972.
Wilfred avait l’habitude d’aller rendre hommage à ses frères au mémorial qui leur est dédié, une tradition poursuivie par sa fille, âgée de 70 ans.
«Mon père ne parlait jamais de la guerre, il n’aimait pas cela», se remémore Dianne Nelson, devant les noms des cinq oncles qu’elle n’a jamais connus.
«Si mon grand-père n’avait pas été envoyé à la maison, nous ne serions pas ici, dit Amanda. Mais grâce à cela, la lignée des Smith continue».


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