17 morts dans les troubles de Brazzaville


Jeudi 7 Avril 2016

17 morts dans les troubles de Brazzaville
Le gouvernement congolais a affirmé mardi soir que les violences ayant poussé la veille des milliers d'habitants à fuir les quartiers sud de Brazzaville avaient fait 17 morts et a accusé un ancien chef de milice, Frédéric Bintsamou, d'être personnellement impliqué dans ces troubles.
 Allié politique de cet ancien rebelle, Guy-Brice Parfait Kolélas, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars contre le président Denis Sassou Nguesso, a déclaré à l'AFP qu'il ne se satisfaisait pas de ces explications et réclamé une enquête indépendante.
 Selon Thierry Moungalla, porte-parole du gouvernement congolais, 17 personnes (3 agents des forces de l'ordre, 2 civils et 12 assaillants) ont été tuées lundi dans "l'attaque terroriste" ayant visé les quartiers sud de la capitale avant l'"intervention rapide" des forces de l'ordre.
 M. Moungalla avait accusé lundi des ex-miliciens Ninjas Nsiloulou d'être à l'origine des tirs d'armes automatiques et détonations ayant réveillé les riverains de cette zone dans la nuit de dimanche à lundi.
 Il a renforcé ces accusations en affirmant que le gouvernement disposait de "preuves accablantes" de "l'implication active de Frédéric Bintsamou".
 La milice Ninja Nsiloulou, aujourd'hui dissoute, a combattu le pouvoir de M. Sassou Nguesso pendant la guerre civile dite du Pool (1998-2003). Son chef, M. Bintsamou, alias le pasteur Ntoumi, a fini par se rallier à M. Sassou Nguesso avant de rejoindre récemment l'équipe de campagne de M. Kolélas.
De par l'accord qu'il avait signé avec les autorités lors de son ralliement, M. Bintsamou dispose d'une garde rapprochée, équipée d'armes automatiques et de mitrailleuses lourdes, et constituée pour bonne part d'anciens Ninjas.
Au Congo, le nom des Ninjas évoque aussi celui des milices de Bernard Kolélas, le père de M. Kolélas, qui ont combattu les Cobras de M. Sassou Nguesso pendant la guerre civile de 1997.  Face aux accusations du gouvernement, M. Kolélas fils - ancien ministre de M. Sassou Nguesso - a déclaré mercredi vouloir "qu'une enquête soit menée en toute impartialité" sur les troubles survenus lundi dans des quartiers ayant voté massivement pour lui le 20 mars.
 Jugeant que le gouvernement allait "vite en besogne pour désigner les coupables", il a qualifié de "mascarade" la version officielle présentant les événements de lundi comme une attaque concertée contre plusieurs bâtiments officiels.
 "Ma crainte c'est qu'on retombe dans ce que le Congo a connu de pire : les faux coups d'Etat". "J'attends qu'on m'apporte la preuve ï...û de ce qui s'est passé", a-t-il encore dit, jugeant "bizarre" la coïncidence entre ces attaques présumées et "la proclamation des résultats définitifs" de la présidentielle par la Cour constitutionnelle lundi soir.
 Celle-ci a confirmé la victoire de M. Sassou Nguesso - qui dirige le Congo depuis plus de 32 ans - dès le premier tour avec plus de 60%.
 M. Kolélas s'est étonné que la Cour constitutionnelle ait rejeté son recours au motif qu'il n'aurait pas été déposé dans les temps, c'est-à-dire cinq jours après la proclamation des résultats officiels.
 "Nous étions dans les délais", a-t-il affirmé, mais la Cour a compté "le dimanche et le lundi de Pâques fériés comme des jours ouvrés", affirme-t-il. "C'est n'importe quoi."
Après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle par le gouvernement, le 24 mars, M. Kolélas et quatre candidats d'opposition unis par une alliance électorale contre M. Sassou Nguesso ont crié à la fraude et appelé la population à les rejeter par des voies légales et pacifiques. Leur appel à une grève générale le 29 mars n'est pas parvenu à paralyser le pays.
 Mardi après-midi, un journaliste de l'AFP a vu une vingtaine de policiers autour de la résidence de l'un de ces candidats, le général Jean-Marie Michel Mokoko, arrivé troisième du scrutin selon les résultats officiels, et qui se cacherait depuis plusieurs jours. Un bus de police bloquait la rue de son domicile.
 Charles Zacharie Bowao, coordonnateur des deux plateformes politiques soutenant la coalition anti-Sassou, a dénoncé l'"environnement trouble, semblable à un état de siège" ayant précédé l'annonce de la Cour constitutionnelle.
 "L'objectif pour nous est d'obtenir, avec l'appui de la communauté internationale, la reconnaissance des résultats sortis réellement des urnes", a-t-il dit.
 En début de soirée mardi, le quadrillage militaire des quartiers sud de Brazzaville observé dans la matinée avait été largement levé, mais la zone restait désertée par la population.
Quelques dizaines d'habitants ont commencé à rentrer mais l'immense majorité de ceux qui avaient fui la veille s'apprêtait à passer une deuxième nuit hors de chez eux.


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