160 pays prêts à signer vendredi l'accord climat


Jeudi 21 Avril 2016

Quatre mois après l'euphorie de la COP21, 160 pays vont signer vendredi à l'ONU l'accord de Paris sur le climat, dont la mise en œuvre implique que l'économie mondiale tourne le dos aux énergies fossiles.
 Cette cérémonie de signatures "a d'abord une fonction symbolique très forte" mais ce sera aussi "une occasion de consolider la dynamique issue de l'accord de Paris", scellé le 12 décembre entre 195 pays, estime Pascal Canfin, ex-ministre français et directeur du WWF France.
 Une soixantaine de chefs d'Etat, dont le président français François Hollande, seront à New York, ainsi que le vice-premier ministre chinois Zhang Gaoli, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
 Au total, environ 160 Etats seront représentés, selon la ministre française de l'Environnement et de l'Energie, Ségolène Royal, devenue présidente de la COP21 après le départ du gouvernement de Laurent Fabius.
 "La question de l'urgence climatique continue à imprégner les décideurs, c'est un très bon signe", estime-t-elle.
 L'adoption du texte à Paris, qui a mis fin à des années de complexes et laborieuses négociations, "ne veut pas dire que les parties adhèrent automatiquement à l'accord", souligne Eliza Northrop du World resources institute.
 Deux étapes sont encore nécessaires: la signature (ouverte jusqu'en avril 2017), puis la ratification en fonction de règles nationales (vote par le Parlement, décret, etc.).
 Formellement, pour entrer en vigueur, l'accord de Paris doit avoir été ratifié par 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
 "Une entrée en vigueur rapide", peut-être dès 2017 ou 2018, "permettrait d'envoyer un message politique", note Laurence Tubiana, la négociatrice française.
Car le temps presse: "Nous sommes loin de l'objectif d'une hausse limitée à 2°C" et pour garder une chance de le respecter, "les actions avant 2020 sont très importantes", souligne la diplomate, rappelant que l'accord de Paris a donné un cadre pour "accélérer les transformations vers une économie sobre en carbone".
 "Pour le mettre en œuvre, les Etats doivent maintenant mettre en place leur transition énergétique, qui passe par une réorientation des investissements", résume Célia Gautier du Réseau action climat (ONG).
 Bonnes nouvelles pour le climat: les énergies renouvelables ont connu en 2015 une croissance record (+8%), les prix bas de l'or noir freinent les investissements coûteux des groupes pétroliers (Arctique, offshore) et le secteur du charbon se porte mal.
 Aux Etats-Unis, concurrencé par le gaz naturel, il perd du terrain. La semaine dernière, le plus gros producteur américain, Peabody, s'est déclaré en cessation de paiement et quelque 250 centrales ont été fermées, selon l'ONG Sierra Club.
 En Chine, la consommation a baissé en 2014 et 2015, certes en raison du ralentissement de l'économie mais aussi par la volonté du gouvernement de lutter contre la pollution de l'air. Pékin a récemment annoncé suspendre la quasi-totalité des projets de centrales à charbon.
 Néanmoins, les besoins en infrastructures énergétiques sont énormes dans de nombreux pays et la construction de centaines de centrales à charbon sont prévues (Inde, Turquie, Indonésie, etc.).
 "Nous savions que l'accord de Paris ne serait pas une baguette magique qui allait effacer les projets néfastes", relève Célia Gautier.
 Taxe ou marché carbone, fin de subventions aux énergies fossiles, normes d'émissions dans l'industrie, développement de transports propres, soutiens aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique, lutte contre la déforestation, changement de pratiques agricoles: les Etats ont une palette de leviers pour respecter leurs engagements de baisse globale des émissions.
 Le respect par les pays riches des promesses d'aide à ceux en voie de développement conditionnera aussi des investissements plus "verts". Quant au secteur financier, il est appelé à jouer un rôle clé.
 Il y a désormais "une perception accrue des risques liés aux investissements de long terme dans des activités carbonées", affirme Alden Meyer, de l'ONG Union of concerned scientists. Dernier exemple: la fronde des actionnaires d'Exxonmobil pour obtenir une estimation des conséquences des politiques en faveur du climat sur l'activité du groupe.


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