Malgré l'accord passé entre l'UE et la Turquie à Bruxelles vendredi qui prévoit le renvoi en Turquie des migrants arrivés sur les îles grecques après le 20 mars, des migrants et réfugiés continuent d'arriver sur les îles de la mer Egée.
"127 personnes, surtout des Pakistanais mais aussi une dizaine d'Afghans, quelques Syriens et Congolais, ont été repérées par la police portuaire à bord d'un bateau au large de Lesbos et ont été remorquées jusqu'au port de Mytilène (chef-lieu de l'île)", a indiqué à l'AFP un responsable de la police portuaire de Lesbos.
Selon ce responsable, les migrants arrêtés vont être transférés dans le centre d'enregistrement (hotspot) fermé de Moria, à 13 km du port de Mytilène, dans le centre de l'île.
"Les gardes-côtes turcs avaient au début interpellé notre bateau dans les eaux territoriales turques et essayé de nous ramener vers la rive turque mais quand nous les avons vus, nous avons accéléré car nous voulons être du bon côté, côté grec", a raconté Amrad, un Syrien de 25 ans, qui conduisait le bateau.
"Une fois dans les eaux grecques, nous avons finalement été arrêtés par les gardes-côtes grecs", a-t-il ajouté.
Il a expliqué "n'avoir plus personne en Syrie car toute ma famille est en Allemagne, donc je n'ai pas d'autre choix que d'essayer de les rejoindre".
Au total, 181 sont arrivés à Lesbos depuis lundi matin, selon des chiffres officiels publiés par le service de coordination de migrations.
Pour Akbar, un traducteur arabe travaillant pour une ONG grecque à Mytilène, "la plupart de nouveaux arrivés ne savent pas où ils vont, et nous n'avons pas droit de les informer de peur de créer la panique et de mouvement de révolte".
Le nombre de réfugiés en Grèce s'élève actuellement à 52.200 personnes dont environ un quart se trouvent toujours bloqués à Idomeni, village limitrophe grec à la frontière nord de la Grèce avec la Macédoine.
Le gouvernement grec a mis les bouchées doubles ces derniers jours pour mettre en place le dispositif prévu par l'accord UE-Turquie concernant le renvoi des migrants en Turquie, une procédure complexe et controversée, qui devrait commencer dans les prochains jours.
Tous les migrants arrivés depuis dimanche seront renvoyés en Turquie si leur éventuelle demande d'asile n'est pas acceptée. La procédure est loin d'être en place, en particulier parce que 4.000 agents et experts de Grèce et du reste de l'Europe doivent venir la mettre en oeuvre.
"Ce ne sera pas une affaire facile", a convenu le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
En attendant, les Grecs ont commencé à séparer, sur leurs îles situées face à la Turquie, ceux qui sont arrivés avant et après dimanche, les derniers tombant sous le coup de la nouvelle règle.
Ainsi, le camp d'enregistrement de Moria est désormais "un lieu fermé", remarque Boris Cheshirkov, porte-parole à Lesbos du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), surveillé par des fourgons de police, duquel les nouveaux arrivants ne sont plus autorisés à sortir, en attendant l'examen de leur cas.
Quand? "Nous ne savons pas exactement quand arriveront les renforts européens", soupire un agent français de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes.
Dans ce camp que "nous avons tellement travaillé pour construire", déplore Boris Cheshirkov, le HCR va désormais simplement maintenir une mission "d'observation et de conseil" pour repérer les cas les plus vulnérables.
Pour l'instant "il n'y a pas de changement significatif d'attitude" de la part des migrants désormais coincés à Moria, relève-t-il.