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En effet, au centre de cette édition, qui aura lieu du 30 octobre au 2 novembre, se trouve la présentation d'une pièce musicale ancestrale, connue sous le nom de "Lqoddam Jdid Saouiri", ressuscitée au terme d'un énorme effort de recherche et de reconstitution mené par un groupe de musiciens souiris passionnés, qui se sont réunis autour d'un projet visant à reconstituer et retranscrire la partition, les paroles et l'orchestration de cette pièce musicale, qui n'avait jamais été retrouvée et encore moins retranscrite ou interprétée depuis le début du 19ème siècle. Selon le directeur du conservatoire de musique d'Essaouira, Abdessamad Amara, initiateur de ce projet, tout a commencé avec un sentiment de curiosité à l'égard de quelque chose d’inédit, pour aboutir, grâce à la conjugaison des efforts de mordus de la musique andalouse, en une entreprise qui n'a cessé de prendre de l'ampleur.
"Nous entendions souvent parler, par l'entremise de nos prédécesseurs dans ce domaine, d'un certain « Lqoddam Jdid » qui faisait la particularité de la ville d'Essaouira, ce qui a suscité notre curiosité, qui s'est développée en une ferme détermination à exhumer ce trésor, dont on ne connaissait pas la vraie valeur", raconte, à la MAP, M. Amara, pour qui, ce Mizane (mouvement de la Nuba) reflète tout le génie des musiciens de la ville, au point de constituer une vraie école de musique andalouse. "Au Maroc, il existe l'école andalouse et l'école souirie qui a ses propres particularités, car, loin de se cantonner dans la tradition, l'école souirie a rénové, au point que Lqoddam Jdid Saouiri, délicat dans son exécution et son interprétation, est devenu un trait caractéristique de cette école", soutient-il. "L'école souirie est ainsi une école novatrice qui représente les premiers fruits de l'introduction de la composition musicale dans la musique andalouse. Ce côté rénovateur porte sur la composition et l'écriture, le tout dans un moule andalou", souligne M. Amara, ajoutant que "c'est une école à part entière qui a donné une valeur-ajoutée à la musique andalouse, a conçu un nouveau style et ne s'est pas contentée de reprendre ou de bien interpréter ce qui existe déjà". "D'ailleurs, il faut noter que Lqoddam Jdid Saouiri a commencé à disparaitre en raison de la difficulté de son interprétation et son apprentissage, comme ce fut le cas de plusieurs Nubas", argumente-t-il, soulignant que cette école tire son caractère novateur de la ville où elle a vu le jour. "L'école souirie de la musique andalouse est étroitement liée au contexte historique de la construction d'Essaouira par le Sultan réformateur Sidi Mohammed Ben Abdellah, qui voulait instaurer une ville modèle qui renferme toutes les valeurs de l'authenticité marocaine et du modernisme et d'ouverture sur le monde", a indiqué M. Amara.
Selon lui, "la musique andalouse, alors art de l'élite, a trouvé un terreau fertile pour s'épanouir et se développer, vu le mode de vie qui caractérisait l'ancienne capitale du Royaume et l'apparition de plusieurs pratiques protocolaires officielles". C'est donc, autour de la volonté de sauver une partie de la mémoire de toute une ville que se sont réunis les acteurs de ce projet, dont beaucoup ne se connaissaient pas avant. "Vers la fin de 2013, le projet a commencé à prendre forme, notamment après ma rencontre avec Mohamed Seddiki, un musicien souiri et Hicham Dinar, un jeune passionné qui mémorisait les poèmes. Notre quête nous a conduits vers cheikh Abdelghani El Kettani, un des rares maîtres à avoir enseigné Lqoddam Jdid à Essaouira et qui nous a aidés à corriger plusieurs points", raconte M. Amara.
"Nous nous sommes également basés sur un ancien document d'un luthiste, qui était en mauvais état et dont nous avons rassemblé et retranscrit les notes", a-t-il ajouté.
Ainsi, ce qui a été au début une simple idée, a fini par devenir une réalité et c'est le patrimoine musical national qui en sera gagnant.